Chronique
Dans la foulée
Chérif Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Mercredi 18 septembre 2013
Au moment où les gesticulations
diplomatiques se poursuivent avec leur
lot quotidien de rebondissements, Obama,
semble «reprendre» conscience que sur
Terre, il y a des innocents dont la vie
mérite d’être préservée.
Récemment, après la rencontre
américano-russe, il a déclaré :
«L’utilisation d’armes chimiques partout
dans le monde est un affront à la
dignité humaine et une menace pour la
sécurité des personnes partout dans le
monde (…) Nous avons le devoir de
préserver ce monde, surtout libéré de la
peur des armes chimiques, pour nos
enfants. Aujourd’hui marque une étape
importante vers la réalisation de cet
objectif.» Quelle morale ! Et pourtant,
si le président américain faisait un
léger feed-back sur les événements de
Ghaza, il s’apercevrait que son allié
sioniste avait employé du phosphore
blanc dont les répercussions
dévastatrices continuent d’occasionner
des malformations monstrueuses parmi les
enfants palestiniens. A cette époque,
Obama venait d’être gratifié, «privilège
oblige», d’un Prix Nobel de la Paix. Un
Prix Nobel à la mesure de son silence et
de son hypocrisie. Voilà la même
hypocrisie du président américain qui
ressurgit quand il parle de
démantèlement des armes chimiques
syriennes. Auparavant, faudrait-il
d’abord détruire l’arsenal d’armes
chimiques israéliennes, américaines,
etc. Là, on croirait peut-être à ses
bonnes intentions. Et puisqu’on
s’apitoie sur le sort des innocents, et
qu’on est sur le point de détruire un
pays sous prétexte d’une utilisation
potentielle d’armes chimiques par son
gouvernement, retournons un instant vers
ce passé qui finit toujours par se
révéler au grand jour. Pour rappel, les
Etats-Unis ont un historique
d’utilisation d’armes prohibées contre
des innocents de manière bien plus
prolifique et mortelle que les quelques
accusations concernant les forces
gouvernementales syriennes, provenant
d’un complexe militaro-industriel
occidental à la gâchette facile et bien
décidé à torpiller toute enquête
supplémentaire avant de frapper. Pour
cela, nous citerons quelques exemples :
l’armée américaine a largué 80 millions
de litres de produits chimiques sur le
Vietnam entre 1962 et 1971. Washington a
attaqué des civils irakiens avec du
phosphore blanc en 2004. L’armée
américaine a testé des produits
chimiques sur les résidents de banlieues
pauvres de la ville de St-Louis dans les
années 1950. La police américaine a tiré
des gaz lacrymogènes sur les
manifestants du mouvement Occupy Wall
Street en 2011. Le FBI a attaqué hommes,
femmes et enfants avec des armes
chimiques lors du siège de Waco en 1993.
L’armée américaine a tué des centaines
de milliers de civils japonais avec du
napalm entre 1944 et 1945. Enfin, pour
couronner le tout, n’oublions pas les
deux bombes atomiques larguées sur
Hiroshima et Nagasaki. Dans la foulée,
Obama devrait retourner sa langue sept
fois dans la bouche avant de parler.
Article publié sur
la
Nouvelle République
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