Chronique
« Silence, on tue!
»
Chérif
Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Lundi 17 décembre
2012
Ah, quelle belle «démocratie» que
celle instaurée par la secte Bush en
Irak. Non seulement le pays est
plongé dans une incessante guerre
civile, non seulement il est dépecé
en entités aussi hostiles les unes
aux autres, mais voilà que les
marionnettes de Washington procèdent
à un carnage xénophobe sans
précédent.
On bouffe de l’étranger, plus
particulièrement de l’Algérien, à
tout bout de champ. «Je n’ai pas été
jugé pour avoir tué des innocents,
mais bel et bien parce que j’ai
combattu l’occupant.» Telle a été le
testament d’un jeune Algérien,
Abdoullah Belhadi, âgé de 28 ans,
qui a été récemment exécuté par le
gouvernement fantoche de Baghdad. Sa
condamnation à mort a été prononcée
par un tribunal de pacotille à
l’image de celui qui a signé le
quitus de l’assassinat de Saddam. La
dépouille du jeune Algérien a été
«évacuée» en Algérie avec un
papelard méprisant sur lequel on
pouvait lire : «A qui cela
concerne.» Que reproche-t-on à ce
jeune qui croyait sans doute bien
faire en allant combattre en Iraq ?
Il a été condamné pour son
implication présumée dans un
assassinat, dit-on. Et pourtant, il
n'y eut jamais de preuve de sa
culpabilité. Il a été condamné aussi
pour avoir pénétré en Iraq de façon
illégale. Selon la déclaration du
président du comité des droits de
l'homme, Me Farouq Ksentini, la mise
en œuvre de l'exécution était
injuste. «La justice en Iraq est
inexistante», a-t-il déploré. A qui
le tour maintenant ? Certaines
sources avancent que 11 autres
Algériens attendent leur exécution.
Cela dit, faut-il également se
demander combien d’autres Algériens
ont été assassinés lâchement par
ceux qui ont reçu leurs bourreaux
avec des fleurs. Et Guantanamo ? Qui
en parle ? Et pourtant, on
enregistre quotidiennement des
violations sans aucune impunité à
l’encontre des détenus. En septembre
dernier, Adnan Farhan Abdul Latif,
un Yéménite de 36 ans, est retrouvé
mort dans sa cellule de la prison
américaine du camp de Guantanamo Bay
à Cuba. Le jour de sa mort, Latif
était emprisonné à Guantanamo depuis
10 ans, 7 mois et 25 jours. Il avait
laissé derrière lui une femme et un
fils. Sa mort est survenue après
qu’un ordre de comparution remettant
en cause sa détention sans contacts
avec l’extérieur accordé par un juge
fédéral ait été annulé en appel,
suivant la doctrine juridique par
les gouvernements Bush et Obama. Des
documents obtenus et publiés par
WikiLeaks ont déjà révélé que le
gouvernement américain savait que
Latif n’était pas associé à Al Qaïda.
Il en ressort qu’il se rendait en
Afghanistan pour des soins médicaux
suite à un accident de voiture en
1994 qui avait laissé des séquelles
dans son cerveau et non pour
rejoindre Al Qaïda. Le gouvernement
américain l’a tout de même enfermé,
sans l’accuser ou le présenter à un
magistrat, dans le cadre du nouveau
programme de Bush de détentions et
tortures extrajudiciaires. Les
circonstances de la mort de Latif
restent quand même suspectes. Sans
doute aurait-il glissé sur une peau
de banane ? Les «revenants» des
droits de l’homme pourraient quand
même nous éclairer sur les
circonstances de cette mort, non ?
Chérif Abdedaïm,
La Nouvelle République
du 17 décembre 2012
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