Chronique
« Peur des mots ?
»
Chérif Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Mardi 17 juillet
2012
Pourquoi pas un « printemps israéliens »
? « Impossible me répondrait le boucher
du coin ; car, dirait-il, et il en
semble conscient, ce sont les Usraélo-Occidentaux
qui sont derrière le « printemps arabes
et par conséquent, ils n’iraient quand
même pas jusqu’à brûler leur propre
maison ». Cela se tiendrait dans une
certaine limite, mais au vu de ce qui
s’est passé aux Etats-Unis avec les
indignés de Wall Street, au Canada, en
Espagne, au Portugal, en Grèce, et
récemment dans la demeure hébreue avec
une tentative d’auto-immolation par le
feu, tout serait possible. Mon ami le
boucher semble ignorer l’histoire de
l’arroseur arrosé ».
L’israélien, inspiré par Mohamed Bouazizi et tant d’autres cas, était âgé
d’une quarantaine d’années. Sa tentative
mûrement réfléchie avait été précédée de
la lecture d’une lettre qu’il avait lue
lors d’une marche à Tel-Aviv marquant
l'anniversaire du mouvement de
protestation sociale qui avait agité
Israël l'été dernier.
« L'Etat d'Israël m'a volé et m'a laissé
sans rien, peut-on lire dans la lettre,
citée par Ynet.
J'accuse Israël, (le Premier ministre)
Benjamin Netanyahu et (le ministre des
Finances) Youval Steinitz pour
l'humiliation constante que les citoyens
d'Israël doivent endurer
quotidiennement. Ils prennent aux
pauvres pour donner aux riches, poursuit
le texte. »
Ainsi, quelque 8.000 personnes ont
défilé samedi soir à Tel-Aviv.
« Les manifestants ont repris le
principal slogan du mouvement de l'été
2011: Le peuple demande la justice
sociale et réclamé la démission du chef
du gouvernement Benjamin Netanyahu en
scandant Bibi rentre chez toi »
« Ces trois derniers mois, des
tentatives pour relancer le mouvement
n'ont rassemblé que quelques milliers de
personnes, loin de la mobilisation de
2011 qui avait culminé le 3 septembre
avec près d'un demi-million d'Israéliens
dans la rue », rapporte l’AFP.
Pendant ce temps, les Palestiniens se
voient jour après jour spolier leurs
territoires sans aucune réaction de la
part de ces instances qui semblent
beaucoup plus préoccupées par la
destruction de la Syrie.
Pour rappel, depuis 1967, Israël a
construit plus de 61 synagogues tout
autour de la mosquée d'Al Aqsa, alors
qu'avant l'occupation d’Al Qods
oriental, il n'en existait aucune trace.
« C'est en détruisant des mosquées et
qu'en leur lieu et place, ces temples
ont été érigés", affirme l'Institut d'Al
Aqsa.
Côté Ligue arabe, on verse dans un excès
de politesse…ahurissant. Dans ce
registre, le secrétaire général adjoint
de la ligue arabe pour les affaires de
la Palestine, l'ambassadeur Mohamed
Soubih, a déclaré récemment : « Israël
est un état anormal qui profite de la
magistrature pour servir les objectifs
agressifs et de l'expansion de
l'occupation », ajoutant que le rythme
des projets coloniaux a été haussé,
cette année, de 19% par rapport à
l'année dernière.
« Un état anormal », « objectifs
agressifs », quelques bribes
d’expressions vides de sens au vue de la
situation qui nécessiterait plus d’un
euphémisme et peu importe ce que pense
le régime d’apartheid sioniste. Peur des
mots ?
Chérif Abdedaïm, La Nouvelle République
du mardi 17 juillet 2012
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