Chronique
Et la saga
continue
Chérif Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Dimanche 15 avril 2012
Apparemment, les pays
africains semblent sujets à une
malédiction. Au moment où l’on évoque
des élections, c’est déjà la
dénonciation d’une présumée fraude,
c’est déjà le passage à l’acte. On casse
la table des négociations et, du coup,
on sort son flingue ; à ce croire dans
un western.
Si ce n’est pas le
cas, ce sont des putschs qui viennent
briser le semblant d’élan démocratique.
Au moment où le retour à l’ordre
constitutionnel au Mali semble apaiser
les tensions dans la région, voilà qu’un
autre coup de « théâtre » perturber le
sommeil des Guinéens avec l’arrestation,
jeudi dernier, du président intérimaire
Raimundo Pereira et de son Premier
ministre Carlos Gomes Junior.
Si les putschistes
maliens étaient identifiés, le cas des
nouveaux « Rambos » guinéens reste
encore mystérieux. Ces derniers sont
sortis de leur silence par une poignée
de communiqués laconiques à en-tête de
l'état-major, et signés d'un «
commandement » sans nom ni visage.
Serait-il timide ce mec au point de
vouloir éviter les caméras ?
Au fait, de quoi
s’agit-il exactement ? Les putschistes
maliens ont justifié leur coup d’état
par le laxisme d’ATT face aux attaques
des touarègues, alors qu’en Guinée on
évoque déjà un fameux « Accord secret »
avec l'Angola.
D’après le dernier en
date de ces communiqués, « Le
commandement n'a aucune ambition pour le
pouvoir ». Et alors ? « Il a été forcé à
agir ainsi pour se défendre contre des
manœuvres diplomatiques du gouvernement
bissau-guinéen qui visent à faire
éliminer les forces armées
bissau-guinéennes par une force
étrangère », souligne le communiqué,
cité par l’AFP.
Donc, si nous
comprenons bien, le président
intérimaire Raimundo Pereira et son
Premier ministre Carlos Gomes Junior,
auraient signé cet accord « visant à
légitimer la présence de troupes
étrangères, en l'occurrence la Mission
militaire angolaise (Missang) en
Guinée-Bissau, et ce, dans un souci de
protéger le gouvernement en cas de crise
» ?
Bizarre quand même
cette affaire. Des putschistes qui « ne
dévoilent ni leurs visages ni leurs
ambitions, du moins pour le moment », a
déclaré à l'AFP un responsable politique
sous couvert d'anonymat. Des fantômes ?
Pour rappel également
que la Guinée -Bissau a une histoire
jalonnée de putschs, des tentatives de
coups d'Etat militaires et de violences
politiques depuis son indépendance en
1974. Si l’on se réfère à certaines
sources, elle est devenue, ces dernières
années, une plaque tournante du trafic
de cocaïne entre l'Amérique du Sud et
l'Europe.
Et comme à
l’accoutumée, c’est la diplomatie
américaine, « gardienne » invétérée de
la démocratie dans le monde, qui vient
donner des leçons de civisme aux
africains. Les Etats-Unis ont exhorté «
toutes les parties à déposer leurs armes
et à restaurer le leadership légitime
des civils ». Bien dommage que cette «
exhortation » n’eût pas été faite en
directions des antagonistes en Libye et
en Syrie. Bref, à l’heure où nous
écrivons cette chronique, la diplomatie
française ne s’est pas encore manifestée
; et pourtant, la Guinée-Bissau dispose
d'importantes ressources minières dont
les principales sont la bauxite (2/3 des
réserves mondiales), l'or, le diamant,
le fer, le pétrole, l'uranium, le
phosphate, le manganèse, etc.
Chérif Abdedaïm
Publié sur
La Nouvelle République
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