Chronique
Fanfan la tulipe
Chérif Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Lundi 11 juin 2012
IL A DÉJÀ PRÊTÉ ALLÉGEANCE À ISRAËL EN
MANIFESTANT SON SOUTIEN À LA DÉBAUCHE
SIONISTE LORS DU FAMEUX DÎNER DU CRIF.
C'ÉTAIT POUR LUI UNE OCCASION DE
SURENCHÈRE POLITIQUE AFIN DE SURPASSER
SON RIVAL IMMÉDIAT.
Vous l'avez sans doute deviné, il s'agit
de François Hollande. Même la ruse sarkosienne n'a pu venir à bout de son
jeu sur la scène politique française, du
moment que la bénédiction sioniste lui
avait été déjà accordée lors de cette
rencontre du CRIF où l'on vient savourer
la fameuse soupe aux lentilles. Un vrai
élixir qui a échappé aux alchimistes
d'antan. Dans ce contexte Mahmoud Abbas
peut en vous toucher un petit mot sur
son dîner avec Olmert. Pour ce qui est
de François (Fanfan pour les intimes),
on dit qu'il aime les tulipes. Drôle
comme un nom de pays (la Hollande, pays
de la tulipe) peut avoir de l'effet sur
les goûts floraux. Syllogistiquement
parlant, on peut donc concevoir ce
pseudo de Fanfan la tulipe pour le
nouveau locataire de l'Elysée. Sitôt
installé, le bonhomme a voulu frapper
fort sur la scène internationale à
l'instar de son prédécesseur. Il a
«plagié» l'attitude de son homologue
tunisien en expulsant l'ambassadeur
syrien, déployé ses ailes
outre-Atlantique comme s'il voulait être
l'un des nouveaux acteurs
incontournables dans la crise syrienne.
Bref, mercredi dernier, il a reçu Yaakov
Amidror, chef du Conseil de sécurité
nationale d'Israël, auquel «il a fait
part de son souhait de rencontrer
prochainement le Premier ministre
Benjamin Netanyahu», a indiqué la
présidence dans un communiqué. Et comme
si les relations franco-sionistes
n'étaient pas assez profondes avec
Sarkozy, son successeur avait «exprimé
la volonté de la France d'engager avec
Israël l'approfondissement de notre
relation bilatérale et de développer les
nombreux liens existant entre les
sociétés israélienne et française dans
tous les domaines», ajoute le texte.
Dans ce contexte, Fanfan aurait pu
aborder au moins la question
palestinienne, ne serait-ce que
platoniquement. Aucun souffle à ce
propos. Et pourtant, ces «détériocrates»
soucieux des droits de l'homme et des
«massacres commis par le régime syrien»,
ne peuvent nier le fait criminel
sioniste qui perdure depuis près de 64
ans en toute impunité. Beaucoup se sont
leurrés en croyant que le PS de Fanfan
allait soutenir les causes justes.
Chimère, les gars, nonobstant l'attente
de beaucoup de Français qui l'ont
plébiscité . Au vu de la constitution du
nouveau gouvernement dont la plupart des
éléments ont été formés par la FAF
(French American Fondation) - elle-même
un organisme à cheval sur Paris et
New-York, créée en 1976 conjointement
par les présidents Ford et Giscard
d’Estaing - on ne peut espérer que
Fanfan allait jouer le même rôle que le
vrai Fanfan la tulipe qui soutenait les
causes justes dans un monde fictif. Le
nouveau Fanfan - apparemment voué au
rôle de pantin yankee avec tout son
substrat hypocrite - ne pourrait donc
aucunement échapper à la règle quant aux
relations avec le régime sioniste, et
ce, conformément à la position
américaine. A ce propos, la diplomatie
américaine a été et sera une bonne école
pour le jeu conceptuellement verbeux
comme le montrent explicitement les
récents propos du porte-parole du
département d'Etat américain qui a
qualifié d'illicite la colonisation du
régime sioniste, dans les régions
palestiniennes. «La poursuite de la
colonisation, par Israël, en
Cisjordanie, affaiblira les efforts
déployés, pour l'instauration de la paix
et est contraire aux engagements
d'Israël, dont la feuille de route de
2003», a déclaré, lors d'une conférence
de presse, Mark Toner. «Les prises de
position de Washington envers la
colonisation n'ont pas changé, et la
Maison Blanche a réfuté la légitimité de
la poursuite de ces activités», a-t-il
prétendu. Ces déclarations interviennent
au moment où Obama avait exprimé le
soutien de la Maison Blanche à Tel-Aviv.
Dans le même sens, Fanfan ne saurait
échapper à la règle et son souhait
d'approfondir les relations
franco-sionistes ne pourrait que
conforter la position de ses mentors
yankees.
Chérif Abdedaïm, La Nouvelle
République du lundi 11 juin 2012
Publié sur
La Nouvelle République
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