Chronique
Y-aurait-il
anguille sous la « Troïka » ?
Chérif
Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Dimanche 10 février
2013
A scruter l’horizon tunisien, on se
rappelle la décennie noire qu’a connue
l’Algérie ; notamment avec la vague
d’assassinats de la pensée. Près de 64
intellectuels ont payé les frais de
l’obscurantisme alors que leurs
bourreaux, les commanditaires de ces
meurtres se dorent au soleil qatari et
sans vergogne aucune, et continue leur
show anti algérien à travers la chaîne
dépotoir Al Magharibia.
Cela dit, nos frères tunisiens semblent
en passe de vivre le même calvaire, eux,
qui, après la chute de Ben Ali,
croyaient qu’ils allaient mettre un
terme à leur misère sociale.
Ainsi, après l’assassinat de Lotfi Nakhd,
de Nidaa Tounès il y quelques mois,
voilà un autre militant qui vient d’être
criblé de balles. Un crime de sang froid
qui dénote de cet « humanisme » tant
défendu par les Occidentalo-sionistes et
leurs sbires des pétromonarchies du
Golfe. C’est cela la « charia » version
wahabite que l’on tente d’imposer à coup
de bombes au mépris des vies humaines.
Le militant tunisien Chokri Belaïd était
père de deux petites filles. Voilà donc
deux nouvelles orphelines que la vraie
Charia n’a jamais condamné à vivre comme
tel.
Suite à ce crime odieux, les Nahdaoui et
à leur tête Ghanouchi ont vite crié au
loup. Selon eux Chokri a été victime de
« terrorisme ». Aussi, le jour même où
Chokri a été tué, dans la matinée,
Rached Ghannouchi a pris un vol Tunisair
à 14h35 de l'aéroport Tunis-Carthage en
direction de Londres. Il a atterri à
l'aéroport de Londres Heathrow à 16h50.
Sa propriété londonnienne a été placée
sous haute protection policière par la
police britannique.
Dans cette logique, il n’est un secret
pour personne que de nombreux membres d'Ennahdha
y compris son leader n'ont jamais soldé
leur passé terroriste et n'ont jamais
renoncé à la violence pour arriver au
pouvoir par le passé, et pour se
maintenir au pouvoir après les dernières
élections. Ce parti n'a t-il pas, il y a
seulement quelques jours, publié un
communiqué appelant à la libération de
l'assassin de Lotfi Nagdh? Lors des deux
journées du vendredi 1er et du samedi 2
février, le bras armé d'Ennahdha, les
pseudo Ligues de protection de la
révolution, n'ont-elles pas empêché par
la force deux meetings des partis de
l'opposition de se tenir à Kairouan et
au Kef? Les milices d'Ennahdha
n'ont-elles pas séquestré Ahmed Néjib
Chebbi à Gabès, agressé un vieux
militant démocratique âgé de 70 ans à
Kairouan, essayé de s'attaquer au siège
central de Nida Tounes à Tunis et
saccagé le local de ce parti à Kébili?
Alors ? Si on se réfère à certaines
pages facebook de la mouvance islamiste,
les photos de plusieurs personnes à
abattre y circulent. Parmi ceux-là,
justement, figure le défunt Chokri
Belaïd. Les personnes figurant sur cette
liste sont pour la plupart des
journalistes et des militants qui sont
directement menacés de mort.
Et dans toute cette affaire, le plus
choquant est cette attitude adoptée par
le ministre de l’Intérieur. Le 6
février, lors du transfert de la
dépouille du regretté Chokri Belaid, au
niveau de l'avenue Habib Bourguiba, le
cortège de l'ambulance, suivi par des
milliers de Tunisiens criant leur
colère, a été harcelé par des islamistes
et surtout par la police de cet Etat qui
a jeté du gaz lacrymogène contre de
simples passants criant leur douleur, et
contre une ambulance transformée en
corbillard.
Alors ? Y aurait-il anguille sous la «
Troïka » ?
Chérif Abdedaïm,
La Nouvelle République du
10
février 2013
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