Chronique
Obsession
rédhibitoire
Chérif
Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Samedi 9 février
2013
Mardi dernier, France5 avait diffusé un
documentaire de Caroline Fourest
sous-titré
des « réseaux de l'extrême » et
des « obsédés du complot ». La
présentatrice de l’émission a parlé de
ces « tribus d'internautes soumis à des
mercenaires de la propagande passés
maîtres dans l'art de désinformer pour
radicaliser les identités et discréditer
la démocratie en même temps que la
presse. »
Quel « beau » texte ! Quel bel « exploit
» que de dénoncer ces soi-disant tribus
d’internautes… seulement, voilà, ce
documentaire à faire dormir debout,
dénote purement et simplement d’une
obsession maladive où l’effet du miroir
joue son rôle. Les psychanalystes
parleraient alors de projection ;
toutefois, si la projection en
psychanalyse se définit comme un
mécanisme de défense inconscient à
l’image de la compensation, la
substitution, la sublimination, etc,
chez Fourest, c’est de la projection
consciente, orientée, obéissant aux
préceptes de cette « médiacrasse »
sionisée. Habitués comme nous sommes à
de tels propos, surtout lorsque
certaines voix courageuses refusent de
s’aligner sur les positions des
prédateurs occidentalo-sionistes, rien
ne nous étonne de la part, de ces
pseudo-journalistes qui
s’auto-flagellent pour produire du
charme et mériter les câlins de leurs
maîtres. Pour ceux qui osent sortir de
ces rangs, ils sont vite qualifiés de
partisans de la « théorie du complot »
ou conspirationnistes. Et comme pour
feindre l’objectivité, la présentatrice
organise des pseudo-interviews
méticuleusement préparés pour assoir la
thèse des détracteurs. Bref, elle n’a
cessé de tirer sur tout ce qui bouge, et
bien entendu Michel Collon faisait
partie de ces altermondialistes dont les
yeux ne plaisent pas à Fourest. Cet
homme dérange. Et pourquoi ? Parce que
tout simplement, depuis la guerre du
Kosovo, en passant par la Libye, la
Syrie et maintenant le Mali, il a fait
de la lutte contre la désinformation,
son cheval de bataille. Et puisqu’on
parle d’objectivité, Michel Collon a
formulé une demande à la chaîne pour
pouvoir débattre du sujet…en vain.
Pourquoi ? Risque-t-il de troubler la
fête, encore une fois, par ses propos ?
Et pourtant, les interrogations de
Michel Collon sont simples. Ce dernier a
invité les téléspectateurs à réfléchir
aux questions suivantes :
« Pourquoi Fourest
m'accuse-t-elle sans m'avoir jamais
demandé ce que je pense réellement ?
Pourquoi ne cite-t-elle jamais mes
articles et livres où j’écris exactement
le contraire de ce qu’elle m’attribue ?
Pourquoi, à la place, me calomnie-t-elle
en m’amalgamant à des gens d’extrême
droite avec qui je n’ai rien à voir et
que je combats ? Pourquoi refuse-t-elle
un débat public qui permettrait aux gens
de se faire leur opinion ? Pourquoi
met-elle toute son énergie à critiquer
les auteurs très divers comme Chomsky,
Bricmont et Ramadan et moi-même, qui
critiquons Israël et les guerres des USA
? »
Face à cela, la fortiche présentatrice
aurait pu le recevoir et nous montrer de
quel bois elle se chauffe. On aurait
assisté à un vrai débat où les
téléspectateurs auraient pu se faire une
juste idée sur ce qui se trame à travers
ces soulèvements arabes provoqués et que
l’on tente de maquiller avec différents
vocables : « guerre pour la démocratie
», « guerre humanitaire, et l’on passe. Fourest aurait pu, à travers ce vrai
débat, prouver que ladite chaîne est «
démocratique ». A moins qu’elle ne sache
qu’elle est vaincue d’avance. Drôles,
ces loros qui ne cessent de répéter une
symphonie apprise à coup de règles sur
les doigts.
Chérif Abdedaïm,
La Nouvelle République du
9
février 2013
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