Chronique
A vérifier !
Chérif
Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Mardi 5 février
2013
Les observateurs de tous bords,
exception faite des «médias
crasseux», avancent que
l’intervention militaire française
au Mali n’est, en fait, qu’une forme
de recolonisation de l’Afrique.
François Hollande, qui prétend avoir
divorcé avec la Françafrique, n’a
fait que se trahir par une
succession de paradoxes.
Comme nous l’avons mentionné dans
une précédente chronique, Hollande
prétendait intervenir au Mali pour
défendre un pays pauvre contre la
nébuleuse terroriste. Or, ce pays
dispose de ressources qui,
exploitées à bon escient, le
rendrait plus riche que la France.
Le second grain de sable qui semble
enrayer le mécanisme discursif
français concerne la durée des
opérations militaires françaises
dans ce pays. Au début de
l’opération, on avait annoncé que
cette intervention n’allait pas
durer longtemps puisqu’il s’agissait
d’affronter au maximum près de 5000
terroristes. Or, avant son
déplacement au Mali, Hollande a
indiqué que ces opérations allaient
durer le temps qu’il faudrait. Et le
revoilà qui réajuste son tir lors de
sa récente visite au Mali en
déclarant : «Depuis le 11 janvier,
nous avons accompli beaucoup de
travail, mais il n’est pas encore
complètement terminé. Cela va
prendre encore quelques semaines».
Des propos en quelque sorte
rassurants à l’image de ceux avancés
par Bush lors de l’invasion de
l’Afghanistan. Or, selon certains
observateurs, «l’intervention
militaire française au Mali est le
signe que la France suivra
dorénavant la doctrine des néo-cons
US et des faucons israéliens de la
guerre contre le terrorisme partout
dans le monde». Ce qu’on a commencé
au Mali s’arrêtera où ? Cela fait
plaisir en tout cas à Netanyahu qui
avait salué «l’action militaire
française en Afrique» et exprimé ses
regrets pour les pertes françaises
(et non maliennes). Cela dit,
au-delà du discours hypnotisant de
la diplomatie française copié-collé
du discours néo-cons, rappelons-nous
les propos d’Obama qui avançait que
les Etats-Unis, «source d’espoir
pour les pauvres, soutiennent la
démocratie en Afrique». Quel espoir
pour les peuples africains quand on
sait que c’est Washington qui avait
installé au pouvoir l’an dernier le
capitaine Sanogo, entraîné aux USA
par le Pentagone et par la CIA, en
aiguisant les conflits internes.
Aussi, il ressort, selon certains
spécialistes, que cette opération
était planifiée depuis longtemps et
conjointement à Washington, Paris,
Londres et dans d’autres capitales.
N’oublions pas également que ces
rapaces néo-coloniaux, «dont les
groupes multinationaux rivalisent
entre eux pour accaparer les marchés
et les sources de matières
premières, se compactent quand leurs
intérêts communs sont en jeu»,
souligne le journaliste italien
Manlio Dinucci. Donc, de là à
induire l’opinion en erreur sous
prétexte d’intervention humanitaire
de courte durée, l’avenir prouvera
encore une fois que l’on se dirige
vers une afghanisation de l’Afrique
dans la mesure où cette opération
fait partie d’un plan stratégique
visant à mettre la totalité du
continent sous le contrôle militaire
des «grandes démocraties, qui
reviennent en Afrique avec un casque
colonial peint aux couleurs de la
paix», souligne l’analyste italien.
Chérif Abdedaïm,
La Nouvelle République du
5
février 2013
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