Chronique
L'arme des
puissants
Chérif Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Lundi 3 septembre
2012
Les pays membres du
Mouvement des Non-alignés ont soutenu
vendredi le droit de l’Iran au nucléaire
civil, condamné les sanctions
américaines anti-iraniennes et se sont
prononcés contre l’ingérence dans les
affaires intérieures de la Syrie à
l’issue de leur sommet de Téhéran.
Sur le front
diplomatique, l’étourdi général de l’ONU
Ban Ki a répété ses appels à cesser la
répression. Sa bourde : « J’ai rappelé
que toutes les parties devaient cesser
toute forme de violence, la
responsabilité principale incombant au
gouvernement syrien qui doit cesser
d’utiliser des armes lourdes ». Il a
invité les pays étrangers à cesser de
fournir des armes « aux deux parties ».
A l’occasion, il a également demandé au
président iranien Mahmoud Ahmadinejad «
d’user de l’influence » de l’Iran pour
convaincre son allié syrien de mettre
fin aux violences. Après de vains appels
au départ du président Assad, fermement
soutenu par Moscou, Pékin et Téhéran,
les pays occidentaux se concentrent sur
la menace d’intervention militaire.
Dans ce contexte,
la dernière réunion du Conseil de
sécurité de l’ONU s’est achevée sans
résolution ni communiqué, alors que les
puissances occidentales ont à nouveau
menacé d’une intervention militaire.
L’adoption d’une résolution en ce sens
par le Conseil paraît impossible étant
donné le blocage russo-chinois. «
Combien de temps allons-nous rester
assis à regarder, alors qu’une
génération entière est en train d’être
décimée par des bombardements aveugles
et des attaques ciblées de masse ? » a
demandé le ministre turc des Affaires
étrangères Ahmet Davutoglu. « Devant
cette situation qui heurte la conscience
humaine, la conviction de la France est
qu’il faut tout faire, tout tenter pour
mettre fin aux violences et soulager la
population civile », a indiqué pour sa
part le ministre français des Affaires
étrangères Laurent Fabius.
Plus royaliste que
le roi, la diplomatie tente de trouver
un subterfuge pour passer à l’acte tel
qu’il a été effectué en Libye. Toujours
Fabius sur le devant de la scène. Ce
dernier, répétant le « tube » d’Obama,
qui a a prévenu que le déplacement
d’armes chimiques à l’intérieur de la
Syrie constituait le franchissement
d’une « ligne rouge » capable de
déclencher une intervention militaire
américaine, a également fait savoir que
la France n’excluait pas une
intervention militaire en Syrie, si le
régime de Bachar Al-Assad avait recours
à des armes « bactériologiques et
chimiques ». Laurent Fabius n’a pas dit
s’il attendrait un accord de l’ONU,
précisant que la réglementation
internationale permettait une
intervention pour de telles armes.
« On a tort de
penser que le terrorisme serait
l’instrument des faibles. Comme la
plupart des armes meurtrières, le
terrorisme est surtout l’arme des
puissants. Quand on prétend le
contraire, c’est uniquement parce que
les puissants contrôlent également les
appareils idéologiques et culturels qui
permettent que leur terreur passe pour
autre chose que de la terreur. », avait
écrit Noam Chomsky, dans son article
« Terrorisme, l’arme des puissants »
paru en décembre 2001 dans le Monde
Diplomatique.
Chérif Abdedaïm,
La Nouvelle République du 3
septembre 2012
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