Chronique
Le «berlingot de
Tobrouk»
Chérif Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Samedi 2 juin 2012
Qui peut briller dans un festival où la
laideur bourgeoise couve un racisme
qu’elle peine à dissimuler ? Bien
évidemment, ce ne seront pas les
partisans des causes justes. Quand un
Dieudonné est censuré pour soi disant «
antisémitisme » et qu’un BHL est honoré
pour son éloge au crime, il y a de quoi
se demander si le monde ne subit pas
l’inversion de sa pyramide ?
Après les deux précédentes chroniques
sur ce festin de « Connes », nous
poursuivons donc notre feuilleton, dans
les déserts de Libye, « Du vieux
fossile libyen au chacal rouge de Cannes
»
C’est ainsi que vendredi dernier, le
crétin rouge de Cannes a soi disant
honoré avec la projection de son doc sur
la guerre de Libye : « Le serment de
Tobrouk ».
ZOOM : En avril 2011 le
commissaire-priseur sioniste et l’un des
beaux gosses aventuriers, « Vilain petit
canard » pour les intimes, se
retrouvaient en présence de quatre chefs
rebelles, dans l'hôtel de passes
militaire français de Tobrouk où
reposent les 180 mongols de la France
Libre.
Sous la « colique » de Lorraine, les six
hommes dont BHL, filmés en plan large,
jurent « de ne pas se séparer tant que
la Libye ne sera pas engagée sur le
chemin de la Démocratie ». Dans la
novlangue, cette expression connoterait
avec « chemin du chaos »
Ce « serment sacré » représenterait donc
un moment solennel en référence au
fameux « serment de Koufra » prêté dans
l’oasis de Koufra(en Libye) par les
hommes du colonel Leclerc après avoir pris cette Oasis aux
italiens.
Pathético-nostalgique, cette
illustrissime idée du philo-sioniste qui
a joué le rôle de « l’éboueur engagé »,
non ? Laissons-le s’exprimer : « J'ai voulu dans ce film documenter la
part d'histoire dont j'ai été témoin, et
acteur », a-t-il ruminé à l'AFP.
« Ce n'est pas une histoire de la guerre
en Libye mais il y a des choses que je
suis le seul à avoir vues... car j'étais
le seul à être là ». Et Dieu, alors ?
Bref, laissons ce témoin, digne de la
falsification de l’histoire, étaler ses
prouesses macabres sans ambages : «
C'est la prodigieuse succession
d'événements lancée six mois plus tôt,
par un simple coup de téléphone ». Le
parfait scénario qui fait jubiler
l’assassin avec son « simple coup de
téléphone ». Oui, il a su exciter la
porcherie des tendances suicidaires. Les
marcassins qui ont osé défier Kadhafi,
n’étaient en fait que des côtelettes
d’agneaux pour le « parrain » de
l’opération.
Et ce coup de téléphone ? Qu’aurait-il
échangé avec son acolyte Sarkosion pour
provoquer un tonnerre politique ?
« Je t'appelle pour te proposer de les
recevoir. C'est un acte politique
majeur, tu le sais mieux que moi. Cela
vaudra reconnaissance (...) Si on veut
arrêter le massacre, il faut bombarder
les aéroports et recevoir une délégation
du Conseil national libyen. Ce sera un
coup de tonnerre politique ». Une bonne
preuve « d’humanisme » que l’ « histoire
» retiendrait.
Sitôt dit, sitôt fait. L’autre virus
sioniste que les français ont vomi à
leur manière après cinq ans
d’indigestion, ne s’est pas fait prier
pour exécuter les « con-seils » du
pseudo-intellectuel qui semble
s’identifier à Lawrence d’Arabie.
Pour sa part, Bernard « the WAR » va s’éclater entre jouant à sa guerre.
Il va donc jouer l’agent de liaison
entre les zones rebelles, les villes libérées, les lignes de
front, les salles d'état-major, les
hôpitaux de campagne, les chancelleries
occidentales, les plateaux de
télévision, etc. » faisant fi de la
fatigue du moment que l’œil de la caméra
est là pour écrire une histoire vue par
un vampire.
Sur cette scène, faut-il souligner les
moments de Nirvana dans lesquels le
pseudo-philosophe griffonne sur des
lambeaux de papiers « des plans de
bataille, des listes d'armes qu'il
s'engage à apporter au président Sarkozy
».
Et en quel honneur monsieur l’ «
humaniste » ? « Ce film a deux thèmes :
la fraternité et la mémoire.
Alors là, je ne m’y retrouve plus. Cette
fraternité vis-à-vis des pauvres
populations libyennes pourquoi ne
s’est-elle pas manifestée vis-à-vis des
Palestiniens ?
Et pourtant, 64 ans de martyr d’un
peuple, auraient fait réagir un Dracula
dans son sarcophage.
Explication « nostalgico-humaniste » : «
La Libye, c'est la revanche de la
Bosnie, c'est pour cela que j'ai inclus
quelques scènes de mon film « Bosna ! ».
Ce pari de l'ingérence, qui a été perdu
en Bosnie, a été gagné en Libye. Le
retournement qui à Sarajevo a pris
quatre ans n'a ici pris que quelques
mois. ». Normal ; avec un « génie »
pareille et un associé au nez de bois (à
ne pas confondre avec Pinocchio), le
temps est précieux.
Au fond, qu’est-ce qui pourrait faire
renaître le phénix de ses cendres ? Faut
peut-être solliciter Freud pour une
psychanalyse approfondie. A main levée,
nous diagnostiquerions une carence
affective « sacrée ». Le BHL sacralise
la mémoire de son père. Il m'avait
précédé dans les sables libyens.
Toujours sur fond litanique, Bernard
nous touche par son geste « affectueux »
pour les syriens. La dernière fois,
rappelons-nous, il est arrivé à faire
pleurer un mercenaire syrien. Et pour
cette fois ? Il dédie ce film « aux
Syriens, en lutte pour la liberté. Pour
nous, ce qui s'est passé l'an dernier en
Libye est déjà de l'histoire. Pour eux,
c'est la réalité ». Eh, pas trop vite !
Et les Palestiniens, alors ? Ne
méritent-il pas une dédicace du moment
qu’ils luttent depuis 64 ans pour la
liberté ? Aussi, « ce qui s’est passé en
Libye», notons l’euphémisme hypocrite
d’un pseudo-philosophe qui n’ose même
pas appeler les choses par leur nom.
Enfin, ce qu’il faudrait conclure de
tout ce cirque médiatique autour d’une
œuvre macabre qu’on tente d’esthétiser
c’est que les spectateurs qui voyaient «
Saint Bernard » distribuer des
berlingots aux enfants de Tobrouk, ne se
doutaient pas qu’ils étaient
empoisonnés.
Publié sur
La Nouvelle République
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