Chronique
La nouvelle donne
Chérif Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Lundi 1er octobre
2012
Décidément,
avec ce qu’on entend régulièrement à
l’occasion des rencontres
internationales sur la scène onusienne,
on est en droit de se demander si ce
lieu n’est pas devenu un ring où chacun
tente d’exhiber ses muscles afin
d’impressionner ses adversaires.
La 67e session et
son lot de casse-têtes chinois a révélé
encore une fois que cette organisation
dite internationale n’est devenue en
fait qu’une coquille vide où
retentissent les symptômes des grands
bouleversements que connaît la scène
internationale sans toutefois apporter
des réponses ou des solutions au
désordre qui sévit un peu partout dans
le monde. Faut-il réformer l’ONU ? A
cela, certains spécialistes des
questions internationales nous
rétorquent : «Une réforme radicale de
l’ONU s'impose pour la soustraire au
contrôle des USA, mais c'est un vœu
pieux. Il faut d'abord se poser la
question : a-t-elle jamais garanti la
paix ? Sa mission a été dévoyée depuis
le début de son existence. Elle a pour
mission fondatrice la paix
internationale.» Est-ce le cas ? Avec
son Conseil de sécurité, où les grandes
puissances colonisatrices décident du
sort des nations alors que le reste du
monde est appelé à se plier à leur
quatre volontés, peut-on encore évoquer
l’idée de justice, de liberté, de
respect, de souveraineté... Récemment,
le président iranien a soulevé certains
points omis volontairement par la presse
propagandiste tels que la correction des
règlements de l’Assemblée générale de
l’ONU, la participation de tous les pays
membres de l’Assemblée générale dans le
Conseil de sécurité, la restitution de
toutes les terres occupées à leurs
propriétaires, le respect des
conventions internationales par tous les
Etats, le respect des droits légitimes
des gouvernements et des peuples...
N’est-ce pas là des sujets qui devraient
retenir l’attention des participants
pour garantir la paix dans le monde ? En
fait, «l’équilibre mondial des pouvoirs
est en pleine mutation et les grandes
puissances du monde d’hier l’ont
compris», nous dit Romuald Sciora dans
un article du Monde Diplomatique ( jeudi
27 septembre 2012). Et la guerre en
Syrie, la possible partition du Mali,
les tensions avec l’Iran, la
réaffirmation de la diplomatie russe,
l’affaiblissement de l’Europe et du
«leadership américain»..., des
événements qui marquent l’actualité
internationale, ne révèlent pas une
simple crise mais bel et bien une pleine
mutation de l’équilibre mondial où les
grandes puissances d’hier tentent de
redorer leur blason d’antan, et ce, à
l’abri de tout pouvoir onusien pour la
garantie de la paix dans le monde. Le
sort de la planète serait ainsi confié à
ceux qui détiennent les plus gros moyens
de persuasion, le reste n’est que
chimère.
Chérif Abdedaïm,
La Nouvelle République
du 1er octobre 2012
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