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Opinion
Mort de Ben Laden : Est-ce la fin de
l'Histoire ?
Chems Eddine Chitour
Photo: RIA Novosti
Jeudi 5 mai 2011
« Une vie ne vaut rien, mais
rien ne vaut une vie »
André Malraux
«Ce soir, je suis en mesure d’annoncer aux Américains et au
monde que les Etats-Unis ont mené une opération qui a tué
Oussama Ben Laden, le dirigeant d’Al Qaîda, un terroriste
responsable du meurtre de milliers d’innocents. (...) Et en un
soir comme celui-ci, nous pouvons dire aux familles qui ont
perdu des êtres chers à cause du terrorisme d’Al Qaîda : justice
est faite.» C’est par ces mots que le président Obama s’est
adressé urbi et orbi. Cela nous rappelle la posture de Bush en
mai 2003 sur le porte-avions pour annoncer la fin de la guerre
en Irak ou encore celle de Paul Bremer le proconsul américain en
Irak :«Nous l’avons eu» quand Saddam, aux abois, a été arrêté :
Lorsque Barack Obama emploie le mot «justice», il pense d’une
part aux familles des victimes du 11 septembre 2001, et d’autre
part, peut-être, à une forme de justice divine.
De quoi s’agit-il en fait? Le soir du 1er mai 2011, vers 20h30
UTC, Oussama Ben Laden, qui n’était pas armé, est tué dans la
ville d’Abbottabad au Pakistan lors d’une opération militaire au
sol menée par une vingtaine de Seal (commandos de l’US Navy). Sa
dépouille a été immergée en haute mer. Le corps aurait bien été
recouvert d’un linceul blanc. Dans la tradition musulmane,
l’inhumation doit avoir lieu dans les vingt-quatre heures
suivant le décès. C’est d’ailleurs, ainsi que les Américains ont
justifié leur décision de se séparer si vite du corps d’Oussama
Ben Laden. Pourtant, en Irak, les corps de Uday and Qusay
Hussein, les fils musulmans du dictateur irakien, ont été
conservés onze jours par les autorités militaires
américaines....
Pour cet « exploit, » le président des Etats-Unis a salué la
coopération des autorités pakistanaises à cette opération.
Pourtant, le Pakistan a exprimé sa préoccupation estimant que de
telles «actions unilatérales non autorisées» ne devraient pas se
reproduire. Les Etats-Unis n’ont pas informé le Pakistan de
l’opération contre Oussama Ben Laden, car ce pays «aurait pu
alerter» le chef d’Al-Qaîda de l’imminence du raid, a déclaré le
directeur de la CIA, Leon Panetta, dans un entretien au magazine
américain Times.
La carrière de Ben Laden
Qui est ce personnage qui a déclaré, d’après les médias
occidentaux, la guerre à l’Occident? Comment ce fils de
milliardaire quitte le luxe et l’opulence familiale pour aller
mener une vie, traqué à travers le monde, notamment dans les
montagnes de Bora Bora? En 1979, à l’âge de 22 ans après ses
études, ce riche fils d’un entrepreneur proche de la famille
royale saoudienne est approché par le prince Turki Al Fayçal,
alors chef des services secrets de l’Arabie Saoudite (de 1977 à
2001). À l’époque, le régime du shah d’Iran vient d’être
renversé par une révolution qui porte à sa tête l’ayatollah
Khomeini, tandis que l’Urss envahit l’Afghanistan quelques mois
plus tard. L’islamisme commence à devenir une force géopolitique
importante, remplaçant peu à peu le marxisme et le panarabisme
comme principale idéologie populaire au Moyen-Orient. De
nombreux moudjahidin viennent combattre en Afghanistan contre
l’Urss, soutenus par l’Arabie Saoudite qui y voit une
possibilité de diffusion du wahhabisme, le Pakistan via son
Inter-Services Intelligence qui se verrait à terme à la tête
d’une future internationale islamique. Officiellement, la CIA a
commencé à soutenir les moudjahidin en 1980.
Mieux encore, selon Zbigniew Brzezinski ancien conseille à la
sécurité du président Carter, ce dernier aurait signé la
première directive sur leur assistance clandestine le 3 juillet
1979, avec pour but d’entraîner une intervention militaire des
Soviétiques, ce qui fut le cas. Le 24 décembre 1979, l’armée
soviétique a envahi l’Afghanistan. Le prince saoudien Turki
demande à Ben Laden d’organiser le départ des volontaires pour
l’Afghanistan et leur installation à la frontière pakistanaise.
En arrivant sur place, le jeune homme découvre des militants
motivés, mais très peu organisés. L’amateurisme règne. Ben Laden
aurait coordonné l’arrivée des militants à Peshawar via une
organisation appelée «Bureau des services».(1)
Il aurait mis en place une véritable organisation et assuré la
formation militaire et idéologique des combattants (camps
d’entraînement, mosquées, écoles, etc.) ainsi que
l’approvisionnement en armes. Peu à peu, il aurait pris en
charge les familles. Il se serait occupé de veuves et de
l’éducation religieuse d’enfants. D’après Noam Chomsky, les
moudjahidin auraient en fait été entraînés, armés et organisés
par la CIA, les services de renseignement français, l’Égypte, le
Pakistan, etc. pour livrer une guerre sainte aux Soviétiques. En
1989, son ami, le Palestinien Abdallah Youcef Azzam, est
assassiné. Oussama ben Laden se retrouve alors à la tête de
l’organisation Oussama Ben Laden se retrouve alors à la tête de
l’organisation. Elle est la base d’Al Qaîda, qui se transforme
bientôt en logistique du djihadisme international, certains
vétérans d’Afghanistan partant ensuite combattre sur d’autres
fronts (en Tchétchénie, en Yougoslavie, etc.). (1)
Durant toute cette décennie, Ben Laden rend régulièrement compte
au prince Turki, effectuant de nombreux voyages en Arabie
Saoudite. (...) En février 1989, les Soviétiques annoncent leur
retrait d’Afghanistan. Les djihadistes veulent poursuivre le
combat jusqu’à la prise du pouvoir à Kaboul. Cependant, les
États-Unis qui ont atteint leur objectif, et l’Arabie Saoudite,
stoppent le financement et le soutien logistique massif en 1990.
Oussama Ben Laden se sent trahi, mais à son retour en Arabie
Saoudite, il est considéré comme un héros. Lors de la guerre du
Golfe (1990-1991), Oussama Ben Laden propose au roi Fahd
d’utiliser sa milice pour défendre le pays contre une éventuelle
invasion des troupes irakiennes. (1)
Ce dernier refuse et préfère ouvrir son territoire à l’armée
américaine, prêtant ainsi le flanc à l’accusation selon laquelle
il aurait autorisé les «infidèles» à «souiller le sol sacré» de
l’Arabie Saoudite...Au début d’avril 1994, l’Arabie Saoudite le
prive de sa nationalité. Il vit alors à Khartoum, au Soudan, de
1992 à 1996. Il reste en relations discrètes avec certains
membres du régime saoudien (la famille royale est en effet peu
unie). De même, il aurait gardé des relations avec la CIA ; nom
de code «Tim Osman». Selon Leonide Chebarchine, ancien directeur
adjoint du KGB, Al Qaîda serait une création des États-Unis et
Oussama Ben Laden n’aurait jamais cessé d’être un agent de la
CIA.(1)
Ben Laden condamne l’évolution de la civilisation islamique
depuis la disparition du califat (le dernier calife était le
sultan ottoman jusqu’en 1924). Cet objectif passe par un
renversement des gouvernements arabes «laïcs» et «impies»
protégés par les États-Unis. Ce fut l’une des raisons
principales de son rejet par la famille royale d’Arabie
Saoudite. Lors de son interview par le journaliste Robert Fisk
en 1996, il avait notamment déclaré : «Le peuple comprend
maintenant les discours des ouléma dans les mosquées, selon
lesquels notre pays est devenu une colonie de l’empire
américain. [...] La solution à cette crise est le retrait des
troupes américaines. Leur présence militaire est une insulte au
peuple saoudien.»
Pour Oussama Ben Laden, les bases militaires présentes en Arabie
Saoudite ne sont pas acceptables. Il souhaite que la présence
américaine au Moyen-Orient disparaisse, afin, selon sa
rhétorique, de retrouver la «liberté» du peuple musulman. À
l’origine ces bases américaines devaient être provisoires, le
temps de remporter la guerre contre Saddam Hussein. Lors de la
dernière guerre en Irak, l’état-major américain n’a pas fait
partir l’offensive américaine d’Arabie Saoudite,
Par la suite, le FBI, qui a Ben Laden placé depuis juin 1999 sur
sa liste des dix criminels les plus recherchés suite aux
attentats des ambassades américaines en Afrique, offrait 25
millions de dollars pour tout renseignement permettant sa
capture, somme portée par le Sénat à 50 millions de dollars en
2007.
Pour rappel, Ben Laden a été accusé des attentats du 11
septembre malgré ses protestations. Le 16 septembre 2001, dans
un communiqué diffusé sur la chaîne d’information internationale
Al Jazeera et relayé par plusieurs médias occidentaux (Associated
Press, 16/09/01 ; CNN, 17/09/01 ; Washington Post, 17/09/01), il
déclare : «Je voudrais dire au monde que je n’ai pas orchestré
les récents attentats [...]». Ce même jour, l’agence Afghan-Islamic
Press reçoit également un démenti dans lequel Ben Laden affirme
: «Les Etats-Unis pointent le doigt sur nous, mais je déclare
catégoriquement que je ne l’ai pas fait.» (Reuters, 16/09/01 ;
Daily Telegraph, 16/09/01 ; The Independent, 16/09/01 ; BBC
News, 16/09/01 ; CBS, 16/09/01 ; Guardian, 17/09/01 ; Le Monde,
18/09/01).
Le 28 septembre 2001, dans une interview donnée au quotidien
pakistanais Ummat, Ben Laden explique une nouvelle fois qu’il
n’est «pas impliqué dans les attentats du 11 septembre». Il
précise : «Les Etats-Unis devraient rechercher les auteurs de
ces attentats en son sein» (Ummat, 28/09/01).
La soi-disante revendication des attentats par Oussama Ben Laden
repose exclusivement sur deux «vidéos-confession» régulièrement
présentées comme preuve indiscutable de sa culpabilité alors
qu’elles sont en réalité falsifiées ou fortement sujettes à
caution.
Al Quaida existe-t- elle encore ?
Selon Alain Chouet, ancien chef du service de sécurité de la
Direction générale de la Sécurité extérieure, Al Qaîda n’existe
plus depuis 2002. Ce qui n’empêche pas le renseignement
américain de placer l’organisation de Ben Laden en tête des
menaces auxquelles doit faire face l’Amérique, Alain Chouet
intervenait, le 29 janvier 2010, à la Commission des affaires
étrangères du Sénat. Ses propos viennent mettre en pièces bon
nombre d’idées reçues : «Comme bon nombre de mes collègues
professionnels à travers le monde, j’estime, sur la base
d’informations sérieuses, d’informations recoupées, que la Qaîda
est morte sur le plan opérationnel dans les trous à rats de
Tora-Bora en 2002.»(2)
« Et quant aux revendications plus ou moins décalées qui sont
formulées de temps en temps par Ben Laden ou Ayman al-Zawahiri,
à supposer d’ailleurs qu’on puisse réellement les authentifier,
elles n’impliquent aucune liaison opérationnelle,
organisationnelle, fonctionnelle entre ces terroristes et les
vestiges de l’organisation." Plus aucune action terroriste dans
le monde ne serait donc imputable à Al Qaïda depuis huit ans ;
l’organisation ne compterait plus que quelques dizaines
d’individus ; et les revendications de Ben Laden au fil des ans
ne seraient même pas sûres. (2)
Le journal suisse Le Matin s’est justement ému de ce dernier
point, le 25 janvier 2010, dans un article intitulé "Messages de
Ben Laden : de l’info très intoxiquée" : "Depuis les attentats
du 11 septembre 2001, une soixantaine de messages sont attribués
à Oussama ben Laden et sa nébuleuse. Il peut y avoir des années
sans aucun signe de vie (2005) et d’autres plus prolixes : sept
en 2009, quatre en 2008, cinq en 2007 ou quatre en 2006. Pour la
CIA, l’authenticité du premier message audio, justement publié
par Al-Jazira le 12 novembre 2002, ne fait aucun doute. Une
théorie mise à mal, deux semaines plus tard par les chercheurs
de l’Idiap (Institut Dalle Molle d’intelligence artificielle
perspective) de Martigny (VS). Avec les conditionnels de rigueur
propres aux scientifiques, le message serait celui d’un
imposteur. Leurs logiciels démasquent les imitateurs, tout aussi
doués soient-ils. « Ils peuvent assez facilement berner l’être
humain, mais c’est beaucoup plus difficile de tromper la machine
», soulignait, en 2002, le Dr Samy Bengio." (2)
Quant à la quasi disparition d’Al Qaïda, Eric Denécé l’avait
déjà soutenue sur AgoraVoxil y a un an ; interviewé en janvier
2009, l’ancien officier de renseignement, aujourd’hui directeur
du Centre Français de Recherche sur le Renseignement, m’avait
indiqué : "Al-Qaïda a été quasiment réduite à néant. Il reste
quelques centaines d’hommes. Quant à la structure centrale, qui
est apparue à partir de 1989, elle a quasiment disparu. Hormis
Ben Laden et Al-Zawahiri, tous les grands leaders ont été
arrêtés".(2)
« Aux Etats-Unis, en revanche, Al Qaïda n’a pas disparu. C’est à
peine quelques jours après la mise au point d’Alain Chouet que
Hillary Clinton déclarait qu’Al Qaïda demeurait la "menace
principale" pour les Etats-Unis, devant l’Iran. La secrétaire
d’Etat américaine ne faisait que reprendre l’analyse faite le 2
février 2010, devant la Commission du renseignement du Sénat,
par l’ensemble des représentants du renseignement américain.
Dans la liste des menaces qu’ils ont alors dressée, Al Qaïda
devance les programmes nucléaires iranien et nord-coréen, les
cartels criminels, et l’éventualité d’une faillite économique
dans les pays développés durement touchés par la récession.(2)
Le Directeur du Renseignement national, Dennis Blair, interrogé
par la présidente de la Commission sur la probabilité d’une
tentative d’attaque terroriste aux Etats-Unis dans les six mois
à venir, a répondu qu’elle était "certaine". Les quatre autres
officiels interrogés de la même manière – Robert Mueller III,
directeur du FBI, Leon Panetta, directeur de la CIA, et les
officiers supérieurs du renseignement des Départements d’Etat et
de la Défense – ont tous produit la même réponse (Washington
Post du 3 février 2010) L’attaque pourrait survenir dans un
délai de trois à six mois. De son côté, Leon Panetta a considéré
que l’attaque à venir d’Al Qaïda ne s’apparenterait probablement
pas à "un nouveau 11-Septembre", mais serait bien plutôt une
opération du style "lone wolf" (loup solitaire), nécessitant peu
de moyens. A l’image de la tentative d’attentat du jeune
Nigérian Omar Farouk Abdulmutallab, qui a voulu faire exploser
un avion de ligne reliant Amsterdam et Detroit le 25 décembre
dernier ».(2)
Ben Laden l’homme au plusieurs
vies
On le voit Al Quaida détruite que peut faire Ben Laden et est-il
aussi dangereux ? A l’instar de Duncan Mc Leod du feuilleton
Highlander, le chef d’Al Qaîda a de nombreuses fois été annoncé
mort. En janvier 2002, le président du Pakistan, Pervez
Musharraf, estimait que l’islamiste serait mort de déficience
rénale. En juillet 2002, le chef du FBI, Dale Watson, pensait
qu’il n’était «probablement plus de ce monde».
En décembre 2002, c’est le chef de la diplomatie pakistanaise,
Khurshid Kasuri, qui affirme que Ben Laden avait succombé à la
suite d’opérations militaires américaines. Le 23 septembre 2006,
le quotidien français L’Est Républicain révèle l’existence d’une
note classée «confidentiel-défense» de la Dgse qui indique que
les services secrets saoudiens seraient convaincus qu’Oussama
Ben Laden serait mort le 23 août 2006 d’une crise de fièvre
typhoïde.
Le 2 novembre 2007, Benazir Bhutto, candidate à la présidence du
Pakistan, mentionne dans une entrevue avec David Frost sur les
ondes d’Al Jazeera English, le nom d’un homme «qui a tué Oussama
Ben Laden». Enfin, le 21 décembre 2008, Dick Cheney,
vice-président américain sortant, a indiqué ne pas être sûr
qu’Oussama Ben Laden soit encore vivant, dans un entretien à la
chaîne de télévision américaine Fox News Channel.(1)
Pourquoi la mort de Ben Laden
maintenant et pas avant ?
Les explications seraient nombreuses. A-t-il terminé sa mission
historique à la lumière des révolutions arabes, ou était-il
encombrant? Robert Bibeau s’interroge quant à lui sur la
légitimité de cet acte. Ecoutons-le : «De quoi avaient-ils peur?
L’empressement marqué des assassins états-uniens à exécuter Ben
Laden et à faire disparaître son cadavre laisse perplexe. Un
escadron de paras, bardé d’armes sophistiquées, le casque à la
Nintendo posé sur le nez, monté à la Zorro sur quelques hélicos,
fond sur sa proie un jour de mai. La cible : un retraité, retiré
dans sa datcha au nord d’Islamabad la mafieuse, peinard avec sa
famille nombreuse, inactif depuis quelques années, regardant à
la télé les franchisés légitimés de la soi-disant organisation
Al Qaîda, s’exciter à la périphérie des combats que mène la
résistance des peuples arabes opprimés, révoltés. L’exécution
extra- judiciaire des «injusticiers» surarmés aura permis de
faire taire un témoin gênant, c’est la seule conclusion que l’on
puisse tirer de ce coup fourré à l’américaine. (...) Il
résistait et il en savait trop pour être rapatrié et interrogé ;
de toute façon, tout ce qu’il aurait pu révéler, l’état-major
américain le savait déjà. Alors, à quoi bon laisser parler ce
ressuscité devant les caméras de la télé, à la face du public
hébété ; et lui donner l’occasion de raconter les malversations
des puissants et les complots des malfaisants? Que nenni, il en
savait trop ce «héros!»(...)( 3)
Pouvait-il révéler des informations cachées, des complicités,
l’origine de ses informateurs, la provenance des armes de son
organisation, qui a entraîné ses satrapes (si ce sont bien eux
qui ont fait le coup!), qui les a cachés, armés, payés, le nom
de ses alliés? Autant de questions que l’on ne pourra jamais lui
poser. (...)»(3)
Ce qui restera de Ben Laden
Que peut-on dire de Ben Laden et de son héritage? Il faut
comprendre que l’islamisme radical dont il était le
porte-drapeau se mourait à la fin
des années 1990 : Ben Laden fut surtout la caution de tous ces
gouvernements qui ont démesurément exagéré la menace terroriste
pour faire voter des textes liberticides comme le Patriot Act
aux Etats-Unis et les lois liberticides en Occident .
« Que reste-t-il d’Al Qaeda – si elle existe encore [ndR] -
après Ben Laden écrit Pacal Riché ? L’organisation devrait être
remplacé par le stratège de l’organisation, Ayman al-Zawahiri,
moins charismatique. (…) Flingage de Ben Laden sans autre forme
de procès, bombardement de la baraque de Kadhafi avec la mort d’
un de ses fils et 3 de ses petits enfants, pour sûr, Obama peut
fêter sa "victoire", les USA se peaufinent une image dans le
Moyen-Orient aux petits oignons après l’ Irak et l’
Afghanistan... Sans parler du fait qu’ une bonne partie de ces
talibans ont été formés et financés par la CIA et les Etats-Unis
pour contrer le communisme, on voit le résultat. Ben Laden tué
au Pakistan ? Mais pourquoi dans ces conditions, les Occidentaux
font-ils depuis 10 ans la guerre en Afghanistan, une guerre qui
aura fait davantage de victimes civiles que l’attentat du 11
septembre ? Aussi condamnables que soient les actes de
terrorisme, la loi du talion n’est pas censée régir les
relations internationales...(4)
Sommes-nous dans la logique de «oeil pour oeil, dent pour dent».
Est-ce la fin de l’Histoire pour paraphraser l’idéologue du
Pentagone, Francis Fukuyama,? Cette phrase qui se voulait
décrire le triomphe défintive du capitalisme et du libéralisme
sauvage sur toute autre forme de système socio-économique. C’est
àdire que plus rien ne s’opposera à cette mondialisation
laminoir triomphante qui écrase les peuples les dientités et
leurs spritualités si elles ne sont pas dans la ligne traçée par
l’empire ?
Est-ce un coup d’accélérateur de l’ouverture d’une nouvelle
boîte de Pandore qui débouchera, à Dieu ne plaise, sur la guerre
de tous contre tous et la mondialisation de l’insécurité? Paul
Craig Roberts, ancien secrétaire adjoint au Trésor, explique la
deuxième mort de Ben Laden par la diversion. Ecoutons-le : «Sans
doute le président Obama a désespérément besoin d’une victoire.
Il a commis l’erreur de l’imbécile, de redémarrer la guerre en
Afghanistan, et maintenant, après dix ans de combat, la Zunie
est dans l’impasse, si ce n’est la défaite. Les guerres des
régimes Bush et Obama ont mis la Zunie en faillite, laissant
dans leur sillage de formidables déficits et la baisse de la
roupie. Et le moment de réélection approche. (...)
Souvenez-vous, dès le début, l’unique raison de l’invasion de
l’Afghanistan était d’attraper Ben Laden. Maintenant que le
président Obama a dit que Ben Laden a pris une balle dans la
tête, il n’y a plus de raison de continuer la guerre.(5)
Après décantation, nous saurons tôt ou tard par les futurs
Wikileaks ce qui s’esté réellement passé. Nous verrons si les
paroles aussi lénifiantes soient elles sont suivi par des actes.
La fin de la guerre en Afghanistan, et la fin des ingérences
multiformes seront les plus sûrs marqueurs d’une ère nouvelle
que nous appelons,- naïvement, peut être mais a-t-on le choix ?-
de nos vœux.
1.Oussama Ben Laden Encyclopédie Wikipédia
2.http://nemesisnom.info/conspirations/al-qaida-n%E2%80%99existe-plus-selon-la-dgse/
3.Robert Bibeau :
www.legrandsoir.info/L-assassinat-extra-judicaire de -Ben
Laden.html
4. Pascal Riché : Ben Laden tué au Pakistan, son corps immergé
en mer Rue89 02/05/2011
5.Paul Craig Roberts : La seconde mort d’Oussama Ben Laden.
Alterinfo.net 2 mai 2011
Pr Chems Eddine CHITOUR
Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz
Publié le 6 mai 2011 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Les textes du Pr Chems Eddine Chitour
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