Opinion
Malheur à qui
critique
Caterina Amicucci
Photo:
fame2012.org
Mardi 13 mars
2012
Le Forum Mondial de
l’Eau, la grande kermesse organisée par
les multinationales du secteur et
légitimée par la présence de 140
gouvernements (et ex gouvernants
recyclés
plus blancs comme M. Gorbatchev, NdT),
a ouvert ses portes sous le signe de la
répression. L’événement avait
initialement été pensé comme passerelle
électorale pour Nicolas Sarkozy, mais
s’apprête à faire un grand flop en
termes de participation et d’attention
de la part de l’opinion publique. Du
coup le président français a préféré
déclarer forfait au dernier moment et
déléguer son anonyme premier ministre
Fillon dans le rôle de maître de
cérémonie. Ceci n’a pas suffi à atténuer
la morsure de la sécurité qui, le jour
de l’ouverture, a eu l’ordre explicite
d’éloigner toute voix critique, celle de
il manifesto comprise. En de
multiples occasions de sommets
internationaux la Campagna per la
Riforma della Banca Mondiale
(Campagne pour la Réforme de la Banque
Mondiale) a collaboré avec le journal,
recevant toujours son accréditation
presse. Il n’était jamais arrivé qu’au
moment du retrait du pass d’accès
à la zone des journalistes quelqu’un fût
entouré par la police, fouillé, enfermé
dans un véhicule blindé et transporté au
commissariat pour être relâché sans
explication après plusieurs heures.
Arrestation survenue après un
travail de renseignement, avec
photographies prises les jours
précédents dans des lieux publics de la
ville, et, donc, dans des surveillances
et filatures. C’est ce qui est arrivé à
l’auteur de ces lignes, à Marek
Rembowski, autre militant du Forum
Italiano Movimenti per l’acqua et à
environ 10 media activistes français et
espagnols munis de leur accréditation de
presse. Opération capillaire, dans
l’objectif de bâillonner toute voix
critique ou forme dialectique de
dissension. Les personnes arrêtées ont
en effet été relâchées exactement à la
fin de la cérémonie d’ouverture, quand
il n’y avait plus de nouvelles à
raconter.
D’autre part, même dans la
conférence de presse qui s’est tenue le
soir, il a été interdit aux journalistes
de poser toute question. Ce n’est pas
tout. Le flash mob organisé par
une centaine d’activistes devant les
portes du Forum s’est transformé en
arrestation collective. Le groupe a été
entouré d’un cordon de police qui a
bloqué tout le monde pendant deux heures
sous le soleil (bon soleil de
printemps précoce mais pas brûlant quand
même, NdT) en empêchant à quiconque
de s’éloigner. Un climat inquiétant,
survenu au cœur (c’est bien écrit
« au cœur », NdT) de cette Europe
qui prétend dicter ses recettes
économiques à toute l’Ue. Il est de plus
en plus évident que les politiques
d’austérité vont de pair avec des
politiques répressives et de privation
des droits concernant la vie privée,
l’information et la libre circulation.
Marseille se présente donc comme
banc d’essai, les plus grandes
multinationales de l’eau sont françaises
et, jouant chez elles, n’ont aucune
intention de prendre le risque que la
tromperie soit démasquée. A savoir :
qu’on dénonce l’urgence démocratique
d’une délégation en forme de blanc-seing
que les gouvernements sont en train de
donner au secteur privé pour la totalité
de la gestion des ressources hydriques
de notre planète. Délégation qui sera
renvoyée à l’expéditeur par la société
civile qui se réunira mercredi à
Marseille à l’occasion du Forum
Alternatif de l’eau (www.fame2012.org
), et se conclura le 17 par une
manifestation internationale. Le
Forum Movimenti per l’Acqua (Forum
des Mouvements pour l’Eau) est présent
avec une forte délégation qui ne se
laissera pas bâillonner et continuera à
raconter ce qui se passe sur il
manifesto et sur le blog ci-dessus.
*Campagna
Riforma della Banca Mondiale
Edition de mardi 13
mars 2012 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20120313/manip2pg/07/manip2pz/319477/
Traduit de
l’italien par m-a p.
Le
dossier Ecologie
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