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Le massacre d'Israël
en haute mer
Bill Van Auken
Les journalistes photographiant les
"armes" retrouvées à bord
Vendredi 4 juin 2010
Le
massacre de l'armée israélienne qui a tué neuf civils et fait un
grand nombre de blessés à bord d'un bateau transportant du
matériel d'aide humanitaire dans les eaux internationales, est
un meurtre de sang-froid et un crime de guerre.
Pour des
millions de personnes de par le monde, cet assaut militaire
contre un convoi d'aide transportant des fauteuils roulants, du
ciment, des systèmes de purification d'eau, des jouets d'enfants
et des ramettes de papier - tous des articles interdits d'entrée
par le blocus israélien des territoires occupés - symbolise le
rôle joué par Israël et son commanditaire américain dans les
affaires du monde.
Comme c'est toujours le cas après de telles
atrocités, le gouvernement israélien jette la responsabilité sur
ses victimes. Mercredi, dans un discours télévisé, le premier
ministre Benyamin Netanyahu a décrit le convoi d'aide
humanitaire comme « une flottille de militants pro-terroristes »
et a loué le massacre en haute mer comme étant un acte de
légitime défense de la part de commandos israéliens assiégés.
Ceux qui étaient en situation de légitime
défense étaient les passagers du navire et ils avaient
absolument le droit de se défendre. Le fait que neuf d'entre eux
aient été tués tandis que les commandos de l'IDF (Israel Defense
Force) n'ont déploré aucune victime prouve clairement qui
était l'agresseur.
C'est un
schéma habituel. Ce massacre en Méditerranée se produit
exactement un an et demi après l'opération Cast Lead, de loin le
massacre le plus grand que le régime israélien ait lancé contre
le peuple meurtri de Gaza. Prétendant à l'époque, comme il le
fait actuellement, agir « en situation de légitime défense »,
Israël avait fait pleuvoir des bombes, des missiles et le feu de
chars et d'armes automatiques sur Gaza, tuant plus de 1.400
Palestiniens, en majorité des hommes, des femmes et des enfants
non armés. Cette guerre inégale engagée par l'une des machines
militaires les plus puissantes du monde contre une population
civile sans défense avait coûté la vie à tout juste 13
Israéliens, tous des soldats à l'exception de trois d'entre eux.
Le convoi
d'aide humanitaire était une riposte au blocus barbare qui
assujettit à la famine, à la maladie et à la misère une
population entière de 1,5 millions de personnes à Gaza.
Selon
l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les
réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA), le nombre de
réfugiés vivant dans une misère noire a triplé depuis le
renforcement du blocus en 2007.
L'ONU a
rapporté fin de 2009, que des « quantités insuffisantes de
nourriture et de médicaments arrivent à Gaza, provoquant une
détérioration notable de la santé physique et mentale de toute
la population civile depuis le lancement par Israël de
l'opération Cast Lead contre le territoire. » L'une des
expressions les plus brutales de la volonté d'Israël d'affamer
délibérément une population entière est le résultat de
l'évaluation menée l'année dernière par l'organisation pour
l'alimentation et l'agriculture (FAO) et d'où il ressort que 65
pour cent des bébés âgés de 9 à 12 mois souffrent d'anémie.
Israël est
en mesure d'imposer ce genre de siège médiéval ainsi que d'actes
de piraterie et de meurtre non seulement du fait de sa propre
puissance militaire mais aussi grâce à l'appui et au financement
infaillibles de Washington. Ce dernier massacre en date ne fait
que souligner que - comme dans bien d'autres cas - l'avènement
du gouvernement Obama n'a pas changé grand-chose à la politique
américaine.
Tout en
exprimant de façon hypocrite « son profond regret des pertes de
vies humaines, » le gouvernement Obama fait tout son possible
pour garantir qu'Israël ne porte ni la responsabilité de ce
massacre ni n'en subisse les conséquences. Il a rejeté toute
critique de l'action d'Israël au Conseil de sécurité de l'ONU et
a implicitement accepté la justification de ce massacre, fournie
par l'Etat sioniste.
La
criminalité d'Israël et le rôle de fervent défenseur joué par
Washington ont une longue tradition. Cela vaut la peine de
rappeler une autre attaque perpétrée par Israël contre un navire
dans les eaux internationales et qui se produisit il y a 43 ans.
Lors de cette attaque, 34 marins à bord de l'USS Liberty avaient
été tués par le napalm, les missiles et le feu de mitrailleuses
israéliens, 171 autres marins avaient été blessés - le pire
bilan enduré par la marine américaine dans un acte d'hostilité
depuis la Deuxième guerre mondiale.
Le
Liberty, navire de renseignement, avait été attaqué au large de
la Péninsule du Sinaï le 8 juin 1967 en pleine Guerre des six
jours. Tandis qu'Israël qualifiait cette attaque d'« erreur »
tragique, de nombreuses preuves émergèrent que l'Etat sioniste
avait attaqué le navire parce qu'il voulait empêcher Washington
d'épier ses communications. Des interceptions de messages
contredisaient catégoriquement les affirmations de Tel Aviv
selon lesquelles ils avaient agi en situation de légitime
défense et révélaient qu'Israël voulait cacher la preuve de son
intention d'agression au moment précisément où il s'engageait à
prendre Gaza, la Cisjordanie et le Golan, tous ces territoires
qui à ce jour encore subissent une occupation illégale.
Une grande
partie des critiques formulées à l'égard de l'attaque de cette
semaine contre le convoi d'aide humanitaire, y compris au sein
même d'Israël, font état d'une opération « bâclée », d'un
recours excessif à la force et d'un échec complet des relations
publiques. Mais il ne s'agit pas là de l'action d'un
gouvernement qui perd la tête. La politique du régime de
Netanyahu est orientée vers une base socio-politique bien
définie, composée d'extrémistes religieux, de colons de droite
et des couches politiquement les plus réactionnaires au sein de
la société israélienne. Son orientation est incarnée par le
passé et l'idéologie fascistes de son ministre des Affaires
étrangères, Avigdor Lieberman.
Le gouvernement israélien, profondément
réactionnaire et se trouvant dans une crise politique profonde,
est de plus en plus poussé à agir comme un pyromane à échelle
mondiale, proférant des menaces de nouvelles guerres contre la
Syrie et le Liban et, selon un article paru cette semaine dans
le Times de Londres, expédiant des sous-marins équipés de
missiles nucléaires dans les eaux au large de l'Iran.
Le soutien
inconditionnel et l'aide annuelle d'environ 3 milliards de
dollars accordés par Washington à Israël - et poursuivis par
Obama - représentent un danger mortel pour la population du
monde entier.
Ce n'est pas juste une question de régime
voyou particulier, mais de descente dans la criminalité
des affaires du monde et de la désagrégation de tout semblant de
loi internationale, avec le principal défenseur d'Israël
montrant l'exemple.
Le
gouvernement Obama poursuit deux guerres d'agression initiées
sous le gouvernement Bush tout en maintenant intact l'appareil
d'Etat policier de détentions illégales, de détentions secrètes
(rendition) et de torture. Ce gouvernement a à présent remporté
le titre infâme d'acteur numéro un des assassinats ciblés (« targeted
killings ») à partir de drones de la CIA qui ont tué « beaucoup
de centaines de gens » au Pakistan, selon un rapport des Nations
unis publié mercredi. Le rapport condamne Washington pour s'être
arrogé le « droit de tuer sans devoir rendre de comptes. »
Le
comportement des Etats-Unis et d'autres gouvernements, comme
s'ils étaient l'incarnation étatique d'un groupe criminel
Meurtre SARL, les actes de terrorisme d'Etat et de piraterie
tels ceux commis par Israël cette semaine, et les menaces
continues de nouvelles agressions ont créé une atmosphère
mondiale qui ressemble de plus en plus à la situation existant à
la veille de la Deuxième guerre mondiale.
Ces
évolutions sont poussées par la crise mortelle du capitalisme
mondial et ne seront inversées ni par des manifestations ni par
le pacifisme. Ce n'est qu'en unifiant la classe ouvrière, y
compris à la fois les travailleurs juifs et arabes du Moyen-Orient,
dans une lutte commune pour mettre fin au système capitaliste
que l'on pourra éviter un nouvel embrasement mondial.
(Article
original paru le 3 juin 2010)
Le dossier la «Flottille de la Liberté»
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Publié le 4 juin 2010 avec l'aimable autorisation du WSWS
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