De multiples
articles sur la torture dans les camps
de détention dirigés par le nouveau
régime libyen soutenu par l’impérialisme
et les « rebelles » de l’OTAN démentent
tous ceux qui, au nom des droits de
l’homme et de la « libération » avaient
justifié la guerre de l’année dernière.
A peine un peu
plus de 100 jours se sont écoulés depuis
l’assassinat par lynchage de l’ancien
dirigeant de la Libye, Mohamed Kadhafi,
un acte horrible qui avait marqué
l’aboutissement de la guerre de huit
mois menée par les Etats-Unis et l’OTAN.
A l’époque, le président Barack Obama
avait, depuis le jardin de la Maison
Blanche, salué l’assassinat comme étant
l’avènement d’« une nouvelle Libye
démocratique. »
Les preuves et
témoignages fournis au cours de la
semaine passée par des groupes d’aide et
des organisations de droits de l’homme
donnent une tout autre image. Une guerre
impérialiste criminelle se terminant par
un meurtre brutal a, sans surprise,
produit un régime de terreur, de torture
et de répression.
Selon un
rapport publié par Amnesty International
(AI), « Des actes de torture sont
perpétrés par des militaires reconnus
officiellement et des organismes de
sécurité ainsi que par une multitude de
milices armées opérant en dehors de tout
cadre légal. »
L’organisation
a rapporté de nombreux cas de détenus
ayant été torturés à mort. Elle a
également rapporté avoir rencontré
d’autres qui présentaient « des marques
visibles de torture infligées au cours
de ces derniers jours et semaines. » AI
a poursuivi en disant : « Parmi leurs
blessures il y avait des plaies ouvertes
à la tête, aux membres, sur le dos et
d’autres parties du corps. »
Les
prisonniers sont « suspendus dans des
positions de contorsion, battus des
heures durant avec des fouets, des
câbles, des tubes en plastique, des
bâtons, des chaînes et des barres
métalliques, on leur administre des
décharges électriques à l’aide de câbles
sous tension et de pistolets semblables
à des Taser, » selon un rapport
d’Amnesty. Un porte-parole de
l’organisation a qualifié «d’effroyable
» le fait que le Conseil national de
Transition (CNT), soutenu par les
Etats-Unis et l’OTAN, ne conduise pas
une enquête et à plus forte raison ne
prenne pas des mesures contre la
torture.
Les
conclusions d’Amnesty ont été étayées
par la commissaire aux droits de l’homme
des Nations Unies, Navi Pillay, qui a
récemment dit au Conseil de sécurité que
la torture était largement répandue. «
Il y a de la torture, des exécutions
extrajudiciaires, des viols d’hommes et
de femmes, » a-t-elle dit.
Pillay s’est
dit tout particulièrement préoccupée par
le sort des immigrés d’Afrique
sub-saharienne et des Libyen noirs qui
ont été raflés par les milices car
suspectés d’être des partisans de
Kadhafi uniquement à cause de la couleur
de leur peau.
Le groupe
d’assistance médicale Médecins sans
frontières (MSF) a retiré ses
volontaires des centres de détention de
la ville libyenne de Misrata parce qu’il
leur avait été demandé de traiter les
victimes de torture exclusivement dans
le but de les mettre sur pied pour une
nouvelle séance d’interrogatoire. «
Notre rôle est de fournir des soins
médicaux à des victimes de guerre et des
détenus malades et pas de traiter sans
cesse les mêmes patients entre des
séances de torture, » a dit le directeur
général de l’organisation, Christopher
Stokes. Il a ajouté que MSF avait
maintes fois soulevé cette question
auprès des autorités libyennes, mais
qu’aucune mesure n’avait été prise.
La brutalité
et la torture infligées par les «
rebelles » qui ont été portés au pouvoir
par les bombardements de l’OTAN et les «
conseillers » des forces spéciales ont
provoqué le mois dernier un soulèvement
dans la ville de Bani Walid où des
citoyens ont pris les armes pour libérer
des prisonniers et chasser la milice qui
y avait été postée par le CNT.
Tous ces
développements ont soigneusement été
ignorés par la clique des organisations
de « gauche » et les universitaires et
journalistes libéraux qui ont joué un
rôle tout à fait crucial en promouvant
et en justifiant la guerre des
Etats-Unis et de l’OTAN en faveur d’un
changement de régime en Libye.
Il y a un peu
plus d’un an, ils avaient mis en garde
contre un soi-disant massacre imminent à
Benghazi et critiqué la répression du
régime de Kadhafi, et invoqué le concept
de la « responsabilité de protéger » les
civils comme justifications pour une
intervention militaire menée dans
l’ancienne colonie par les puissances
impérialistes.
Des vauriens
universitaires tels Juan Cole de
l’université du Michigan, qui comptait
sur sa réputation de critique de la
guerre contre l’Irak pour vendre la
guerre en Libye, ainsi que des groupes
pseudo-gauches allant du Nouveau Parti
anticapitaliste (NPA) en France au parti
La Gauche (Die Linke) en Allemagne en
passant par l’International Socialist
Organization (ISO) aux Etats-Unis, ont
tous fourni un service essentiel à
l’impérialisme en soutenant les
dirigeants « rebelles » pro impérialiste
et en contribuant à toiletter une
brutale intervention pour du pétrole et
des intérêts géostratégiques en une
croisade visant à protéger des civil et
promouvoir la démocratie et les droits
humains.
Le fait que
ces pseudo-gauches et ces libéraux sont
à présent capables de fermer les yeux
sur la torture en Libye, et de lui
fournir une couverture, a une
signification indéniable. Cette couche
socio-politique a résolument intégré le
camp de l’impérialisme.
Leur politique
reflète les intérêts des sections les
plus nanties de la classe moyenne. Dans
une situation de polarisation sociale
sans précédent qui a été intensifiée par
la crise capitaliste mondiale, ils se
regroupent autour de leurs élites
dirigeantes respectives et sont prêts à
défendre toutes les méthodes
nécessaires, quelles qu’elles soient,
pour défendre leur régime. La Libye sert
d’avertissement. Si cette couche et ces
organisations acceptent la répression et
la torture dans le but de faire valoir
les intérêts de l’impérialisme à
l’étranger, ils n’hésiteront pas à
soutenir des méthodes identiques pour
confronter la classe ouvrière chez eux.
(Article
original paru le 1er février 2012)
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Publié le 4 février 2012 avec l'aimable
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