Opinion
Mali : la France
n'est plus «isolée»
Badis
Guettaf
Samedi 19 janvier
2013
Le mardi 13
novembre, François Hollande, président
de la République française a affirmé
ceci : «Nous voulions que les Africains
eux-mêmes, la Cédéao, puissent prendre
l’initiative de préparer cette
intervention. Mais en aucun cas la
France n’interviendra elle-même au Mali.
Si nous sommes aux côtés des Africains,
ce sont eux et eux seuls qui décident.»
On connaît la suite. La France est déjà
engluée jusqu’au cou dans la guerre
qu’elle a déclenchée contre les groupes
armés qui occupent le Nord-Mali. Le
président est donc un fieffé menteur et
aurait dû être traité comme tel ou bien
aurait-on dû lui demander des
explications. Eh bien, rien de tout
cela. Bien au contraire, loin de relever
le délit de mensonge, la majorité des
Français, soit 75% selon un sondage,
sont d’accord qu’il ait envoyé des
troupes casser du «terroriste». Sans
compter l’union sacrée de la classe
politique autour de son expédition et la
presse qui trouve que, grâce à sa
guéguerre», il a gagné son étoffe de
président, comme Nicolas Sarkozy avant
lui. On peut constater, douloureusement,
que la propagande au long cours qui
sévit depuis des années a fini par
payer. Peut-être, de même, que les rêves
d’empire recommencent à gagner une
population en plein désarroi économique,
nostalgique, c’est probable, du «doux
temps des colonies». Ainsi le président
«étoffé» peut plastronner et caracoler
au-dessus de tous, suivi par les
projecteurs de l’actualité. La France
est derrière, presque unanime. Cela doit
donner du vertige à n’importe qui.
François Hollande avait aussi juré qu’il
allait en finir avec la Françafrique. Il
n’en est pas à un affront près à la
sincérité dont il est censé faire
preuve. C’est en grand chef
françafricain qu’il va faire ses
affaires au Mali. Il a rameuté les
supplétifs pour conforter son statut.
Ils sont arrivés, enfin, les premiers
contingents de la «force» panafricaine.
En guise de début, ce sont 100 soldats
togolais sur les 500 prévus, 200
tchadiens des forces spéciales et 900
Nigérians. Le total sera de 2 000 hommes
en provenance de huit pays selon un
représentant de la Cédéao (Communauté
économique des Etats de l’Afrique de
l’Ouest), à Bamako. Ainsi, les mauvaises
langues ne pourront plus parler de néo
colonisation, puisque le fait est établi
que des Africains interviennent aussi
dans la «libération» du Mali. Les
Maliens surtout qui doivent voir que
rien n’est comme avant et que, cette
fois-ci, ce sont des troupes de pays
frères et non plus des «négros» habillés
et armés par les ex-bwanas. Les ex-bwanas,
eux, sont là au même titre ou presque.
Cependant, à l’évidence, cela ne suffit
pas puisqu’on a pu constater que
l’espoir demeure que l’Algérie s’y
mette, à la suite des événement de
Tiguentourine. La «solitude» de la
France allait être rompue. Au moins dans
deux journaux. Le Monde titre : Mali :
bascule-t-on dans une
internationalisation du conflit ? Et Le
Point écrit : «C’est un drame humain,
mais il arrive à point nommé pour
Paris(…) un groupe islamiste lié à
al-Qaïda et réclamant le retrait des
troupes françaises au Mali a malgré lui
rendu un fier service à la France, en la
sortant de son isolement» On en vient à
supposer que le colonialisme est devenu
honteux, sans perdre ses principaux
ressorts.
B. G.
Copyright 2003
-2011 Le Jour d'Algérie
Le sommaire de Badis Guettaf
Le dossier Afrique noire
Les dernières mises à jour
|