Opinion
Le faux pas du
sionisme
Badis
Guettaf
Samedi 10 mars 2012
La très
démocratique Union européenne vient de
se doter d’un parlement parallèle : le
Parlement juif européen. Une instance
qui serait chargée, selon les premières
déclarations, de la défense de la
«cause». La nouvelle n’a pas manqué de
susciter des réactions plus ou moins
hostiles et plus ou moins favorables. En
restant le plus circonspect possible
l’on est en droit de se poser des
questions sur ce privilège qu’aurait une
«communauté» donnée par rapport aux
autres. Certains réclament ironiquement
un parlement tzigane, slave ou d’autres
identités européennes. Pourtant, les
attaques violentes ne viennent pas que
des parties traditionnellement réputées
pour ce type de prise de position. Des
sionistes purs et durs dénoncent
l’opération. Pour le site crypto
israélien desinfos.com «le pseudo
parlement juif européen est une vaste
fumisterie.» Le site s’inquiète
gravement et avertit du «risque de
conforter les antisémites qui croient ou
feignent de croire en la réalité des
protocoles des sages de Sion pourtant
inventés par la police tsariste au 19e
siècle.» Ce qui n’est pas tout à fait
faux comme hypothèse, quand on sait que
le lobby sioniste est déjà assez
puissant pour que rien ne vienne
contrarier la «cause», c’est-à-dire les
intérêts d’Israël. Surtout que ce
parlement a connu une érection pour le
moins douteuse. Parti d’une initiative
d’Igor Kolomoisky, homme d’affaires juif
ukrainien, il compte 120 membres qui
auraient été élus par…400 000
internautes répartis à travers l’Europe,
qui auraient voté pour des candidats qui
se seraient présentés à la députation.
Mais il se trouve que certains sont
surpris d’apprendre qu’ils ont été
«élus» à une assemblée dont ils viennent
d’apprendre l’existence. De plus, les
juifs européens dont le nombre, selon
les statistiques disponibles, se monte à
deux millions de personnes, n’ont pas
entendu parler d’élections. Ce qui, en
dehors du caractère très aléatoire d’un
vote effectué dans des conditions
d’anonymat pose le problème de la quasi
clandestinité du scrutin et, partant,
des desseins de ses concepteurs.
Toujours est-il que 54 pays voient leurs
juifs «représentés». Ex nihilo, une
nation vient de naître d’entre les
nations, ouvrant la voie à toutes les
conjectures sur le statut futur d’un
type d’identité particularisée, non plus
par le racisme ordinaire, mais par le
délire paranoïaque du mouvement
sioniste. Un parlement pour les goïms,
un autre pour le «peuple élu», constitue
une incongruité mortelle qui, si elle
peut servir un temps, les objectifs
sionistes, va mettre en grave danger la
sérénité retrouvée des juifs, après les
sombres années du nazisme. Les craintes
se font déjà entendre et la colère se
manifeste impuissante. «Ces individus
ont fait leurs petites affaires en
douce, et nous voilà maintenant
complices, malgré nous, d’une infamie.
Ceci avec l’accord du CRIF», tempête une
internaute française. Une façon
d’exprimer à la fois la révolte de se
voir usurper ses opinions, imposer un
fait accompli et jeter en pâture en tant
que «française à part» ou pire en tant
que «juive» sans plus. Gageons que,
cette fois-ci, a été dépassée une limite
qui va provoquer pas mal de
décantations, chez les juifs en
particulier.
B. G.
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