Article fondamental en provenance d’une
personnalité dirigeante en Palestine 48 (la partie de la Palestine
occupée en 1948). Fondamental, parce que pour la première fois
(depuis les accords d’Oslo), il y est nettement souligné que
l’installation des colonies en Galilée (notamment) procède de la
même logique colonisatrice que l’installation des colonies en
Cisjordanie et dans la ville d’al-Quds. Rares sont les
associations de solidarité en France et en Europe qui
parviennent à cette analyse, même lorsqu’elles dénoncent le
sionisme. Dans cet article, il faut surtout voir que l’esprit de
la colonisation sioniste n’est pas moins marqué en Galilée ou en
Palestine 48 que dans
la Cisjordanie
ou al-Quds, même si les sionistes ont tenté de le masquer et que
« la communauté internationale » a légitimé la colonisation des
terres volées en 48. Cependant, leurs pratiques racistes et
coloniales continues ne peuvent que faire remonter à la surface
ce que l’auteur appelle « l’essence du sionisme », colonial,
colonialiste et raciste, basé sur le nettoyage ethnique et
religieux.
Aux Stéphanois, un article intéressant pour
agir dans l'annulation du jumelage de St Etienne - Nitsirit Ilit
et le remplacer par un jumelage avec la ville palestinienne de
Nazareth.
Le 10 novembre 2009, Shimon Gafso, président
de la municipalité de Nitsirit Ilit a annoncé son plan de re-judaïsation
de la ville, suite à l’accroissement manifeste de la présence
arabe (plus du quart de la population), au moment où les juifs,
et notamment les jeunes, refusent de plus en plus d’y vivre.
Les axes de son plan se complètent, l’un
garantit une immigration « qualitative » des juifs, et le second
constitue un message clair aux Arabes de la ville, qui y ont
immigré, individuellement, à la recherche d’une solution
individuelle à la crise du logement ou du travail qu’ils
rencontrent dans les villes arabes de la région. Il leur a
proposé à rechercher « une autre maison », selon l’expression du
site NRG (ou GRN).
L’exécution pratique du plan consiste à faire
venir les colons de Gosh Qtayf, des anciennes colonies de Gaza,
la construction du projet « Har Yona 3 », qui est une ville des
religieux (Haridim) et la construction d’un centre spirituel
juif régional, et faire venir des groupes appelés « les noyaux
durs sionistes » qui sont des militaires religieux
nationalistes, à partir des blocs de colonisation et des écoles
religieuses militaires, qui ont assuré la formation des
terroristes juifs.
Ces groupes enrôlés sont des groupes
para-militaires qu’ils avaient déjà amenés et installés à Akka,
dans le cadre du plan de « développement » (judaïsation) du
Naqab et de la Galilée »
que Sharon avait présidé et qui faisait partie du plan de
désengagement avec Gaza, en 2005. De même, le plan de Gafso
inclut l’invasion de la ville par des bannières et symboles
juifs et sionistes.
En réalité, Gafso menace la présence arabe
dans « Nitsirit Ilit » à la manière de Akka à l’automne 2008,
lorsque les groupes juifs racistes ont attaqué la présence arabe
dans la ville, et lorsque le racisme de la rue s’est abrité
derrière le racisme du régime israélien, dans un partage de rôle
assumé.
En réalité, Shimon Gafso n’apporte rien de
nouveau, sinon secouer les illusions, car il nous ramène aux
racines du projet sioniste, aux années 50 du siècle dernier
lorsque Nitsirit Ilit a été construit, en tant que rêve colonial
et raciste de Ben Gourion, tout comme Gafso n’est pas
« meilleur » dans l’application et l’exécution de ce projet que
le collaborateur de Ben Gourion, Shimon Pérès.
Le rêve de Ben Gourion parlait de « la
fondation d’une ville juive au cœur de
la Galilée,
pour démanteler la continuité géographique et démographique
arabe dans la région ». Il fait partie du vaste projet sioniste
colonial et colonialiste basé sur le nettoyage ethnique.
De même, le but de Nitsirit Ilit, de sa
fondation comme de son extension, est un but colonial et
colonialiste qui ne diffère en rien au texte ou à l’essence des
colonies israéliennes en Cisjordanie et dans al-Quds, après leur
occupation en 1967 jusqu’à aujourd’hui. Si nous comparons entre
les objectifs de Nitsirit Ilit, de Maale Adomim, de Gosh Atsion,
de Hereel ou Karmael, nous trouvons qu’il s’agit du même
objectif, la décision de les construire est la même, leur
planification relève du même esprit et même la loi sur laquelle
leur construction est basée est la même.
Si nous comparons entre la manière dont
Shimon Pérès a agi dans la construction de Nitsirit Ilit en 1956
et entre la construction des colonies en Cisjordanie, chaque
mètre carré de leurs terres est une terre arabe palestinienne
confisquée et volée par Israël, l’année de la Nakba
et du nettoyage ethnique en 1948, ou bien confisquée en
s’appuyant sur la loi de déracinement colonial qui sévit de 1948
à aujourd’hui, en vue de changer sa nature démographique et
judaïser la patrie palestinienne.
Le plan de Gafso et toute l’existence de
Nitsirit Ilit reflètent l’essence de la présence israélienne, en
tant que présence coloniale. Mais c’est un projet en crise, et
l’exacerbation de sa crise dévoile son essence. Israël a
toujours essayé de cacher cette essence dans une tentative
d’acquérir une légitimité. Mais la force des masses de notre
peuple palestinien, leur capacité de lutte, leur présence de
plus en plus massive à arborer leur identité nationale, une
identité sûre de son droit et de sa patrie, et en tant que
propriétaire du pays, tout cela a mis le régime israélien dans
son ensemble dans une situation de réaction. C’est un changement
stratégique que nous avons aperçu dans les récentes lois
racistes, dans la campagne de vengeance au cours et après le
soulèvement de la colère et de la protestation en Palestine 48
contre les crimes israéliens à Gaza, et avant, contre
l’agression israélienne sur le Liban en 2006 et dans toute la
politique des poursuites politiques terrorisantes.
Ce changement est accompagné d’une autre
donnée, la chute des illusions dans les milieux de notre peuple
envers le régime israélien et la certitude de plus en plus que
l’institution religieuse, juridique, académique, sécuritaire et
de la planification participe dans son ensemble à ce crime
historique qui n’a pas cessé depuis la Nakba,
cherchant à voler et à judaïser ce qui reste encore.
Le plan du président de la municipalité de
Nitsirit Ilit reflète, que nous le voulons ou non, l’aspect
sanguinaire de la politique et du régime en Israël, ainsi que
l’état d’affrontement imposé aux masses de notre peuple à
l’intérieur. La bataille de la présence légitime nous est
imposée, et nous ne pouvons l’ignorer. Dans cette bataille de la
légitimité, nous sommes les plus forts, et non le régime
colonial et raciste et ses manifestations à Nitsirit Ilit,
Kiriat Arbaa et Maale Adomim.
La nature du défi exige de maintenir élevée
notre disposition à la lutte dans l’unité, la construction de
nos directions locales et l’accumulation de nos acquis, et il
exige en même temps, que nos masses à l’intérieur agissent en
tant que partie intégrante de la cause palestinienne, et non
limiter leur rôle au cadre de la citoyenneté, d’agir avec
elles-mêmes en tant que propriétaires du droit et avec
responsabilité dans l’élaboration du large projet palestinien de
libération et l’édification de sa direction.
Le plan de la municipalité de Nitsirit Ilit,
qui n’est en rien différente de tout autre pouvoir municipal ou
central, confirme également que le mouvement de lutte contre la
normalisation arabe et régionale et le mouvement international
de boycott d’Israël sont des outils qui doivent être amplifiés,
tout en agissant pour briser le blocus structurel contre notre
peuple, dont la source n’est que l’essence d’Israël lui-même.