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Eurasia Rivista
Qaddhafi se prononce contre le Projet
d'Union Méditerranéenne de Sarkozy
Alessandro Lattanzio
in Eurasia-Rivista, 11 juin 2008
http://www.eurasia-rivista.org/cogit_content/articoli/EkEFEAZZVkdqhqRtib.shtml
Union méditerranéenne : Qaddhafi déclare son opposition au
projet ; il avertit qu’il veillera à l’unité arabe et à l’unité
africaine
Tripoli (Libye), 10 juin (Apcom). Le dirigeant libyen Muammar
Qaddhafi s’est prononcé contre le projet d’Union
Méditerranéenne, avertissant qu’il veillera à l’union arabe et à
l’union africaine. Cela, au cours du discours d’ouverture du
mini-sommet arabe, aujourd’hui, à Tripoli.
A cette rencontre – selon ce qu’une source diplomatique libyenne
a fait savoir hier – participent : le président tunisien Zine
El-Abidîne Ben Ali, ses collègues algérien Abdelaziz Bouteflika
et mauritanien Sidi Ould Sheikh Abdallahi, ainsi que le Premier
ministre marocain Abbas El-Fassi et que les présidents de la
Syrie, Bashar al-Assad, et de l’Egypte, Hosni Moubarak.
Il summit punta ad adottare una posizione comune che riguarda l'adesione
dei Paesi arabi della riva del Mediterraneo al progetto lanciato
dal presidente francese Nicolas Sarkozy e che vedrà la luce il
prossimo 13 luglio a Parigi. (fonte Afp)
Le sommet a pour finalité l’adoption d’une position commune sur
l’adhésion des pays arabes riverains de la Méditerranée au
projet lancé par le président français Nicolas Sarkozy – un
projet qui verra officiellement le jour le 13 juillet, à Paris.
Commentaire
Finie, la « lune de miel » entre Sarkozy et Qaddhafi…
Apparemment, elle a été rompue par la question d’ « Israël ».
Sarkozy prévoit l’intégration d’Israël au sein du système
politico-institutionnel de l’Europe occidentale, en y faisant
entrer, également, la côte nord-africaine de la Méditerranée
(Maroc, Algérie et Tunisie), une zone où se projettent encore
aujourd’hui, directement les intérêts de Paris. Sommes toutes,
le programme de Sarkozy a pour objectif de légitimer l’adhésion
d’Israël à l’Union Européenne et, en même temps, de se concilier
les cercles « franco-français » en en y faisant entrer aussi les
ex-colonies françaises les plus proches de la métrôpole.
Il semble que Qaddhafi s’oppose, d’une part, à la reconnaissance
institutionnelle d’Israël, en tant que pays « méditerranéen »,
voire même « européen », avec toutes les conséquences sur les
plans diplomatique, juridique, institutionnel, économique, etc.
D’autre part, il cherche à faire contrepoids au retour de la
France en Afrique du Nord.
C’est à cette fin que Tripoli organise une réunion entre les
pays arabes concernés par le projet de Sarkozy, afin d’avoir une
position commune, d’opposition, voire le rejet pur et simple du
programme proposé par la présidence Sarkozy.
Mais le véritable noyau du contentieux est, sans aucun doute
possible, la confrontation franco-libyenne en Afrique
subsaharienne (Tchad, Centrafrique et, surtout, Soudan). Au
Soudan, Tripoli a mené, en s’y engageant beaucoup, une œuvre de
médiation entre les parties, réussissant, en fin de compte à
obtenir l’envoi d’un corps de maintien de la paix de l’Onu et de
l’Organisation de l’Unité Africaine. Mais, dans cette même
région, interviennent, soit directement, soit indirectement, les
intérêts français. Les légionnaires, les Mirages et les ONG (du
type Arche de Zoé) sont non seulement présents, mais ils
interviennent directement afin de soutenir les régimes corrompus
de Ndjamena et Bangui. Sans oublier le cas du Soudan, où les
forces occidentales (Etats-Unis, Israël, Royaume-Uni et France)
alimentent les organisations séparatistes du Sud et de l’Ouest
de ce pays.
Le dernier exemple en date de cette confrontation fut l’assaut
du Gem contre la capitale soudanaise, Khartoum, qui s’est
terminé par le fiasco total des forces rebelles. Probablement,
le but était de contraindre Khartoum à accepter la présence de
« troupes de maintien de la paix » occidentales, qui n’étaient
pas prévues par les accords rendus possibles par Tripoli, et de
prouver au reste de la communauté internationale la faiblesse du
gouvernement central soudanais.
L’initiative de Tripoli, consistant à s’opposer au programme
euro-méditerranéen de Sarkozy, est la réponse à la politique
« néo-foccartienne » mise en avant par les néocons de Paris en
terre africaine.
Alessandro Lattanzio, 10/06/08
Traduit de l’italien par Marcel
Charbonnier
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