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Carnets du diplo

Palestine-Israël, un sommet pour rien

Alain Gresh

27 juin 2007

On l’avait annoncé avec force, la formation d’un nouveau gouvernement d’urgence mis en place par Mahmoud Abbas, enfin débarrassé de ses « extrémistes » allait permettre de relancer le processus de paix. Olmert affirmait même que Abbas était devenu un « partenaire ». Il n’a fallu que quelques jours pour que cette propagande se dégonfle et que l’on revienne à la réalité : le refus israélien de se retirer des territoires qu’il occupe depuis 40 ans. Ainsi, le sommet de Charm El-Cheikh, qui a réuni le 25 juin Mahmoud Abbas, Ehud Olmert, Hosni Moubarak et le roi Abdallah II s’est terminé sur un échec. Seule décision, l’annonce par Olmert de sa volonté de libérer 250 prisonniers du Fatah (sur un total de plus de 10 000 prisonniers politiques palestiniens). Dans un article du 26 juin de Libération, « L’inoxydable méfiance d’Olmert », on peut lire :

« “N’attendez pas impatiemment ce soir pour un résultat [des discussions] comme si finalement nous allions nous asseoir et signer un traité de paix”, a prévenu Ehud Olmert hier matin, quelques heures avant de se rendre dans la station balnéaire égyptienne. Dimanche déjà, le gouvernement israélien avait dit ne pas vouloir relancer les discussions de paix avant que le gouvernement d’urgence palestinien ne se “stabilise”. “Il semble que les leçons des sept dernières années ont été insuffisantes pour que les décideurs [israéliens] comprennent quel sort est réservé aux hommes politiques palestiniens qui collaborent avec des régimes étrangers. Il est dommage de gâcher par des gestes marginaux l’opportunité créée par la crise actuelle des territoires palestiniens et par la bonne volonté des dirigeants de la région”, déplorait hier le quotidien israélien de gauche Haaretz. »

Même sur les 600 à 700 millions de dollars « confisqués » (tout à fait illégalement) par le gouvernement israélien (et qui représentent les taxes sur les produits importés dans les territoires palestiniens), les engagement sont restés très flous. Il n’est pas question de les débourser intégralement, mais partiellement (avec l’espoir de faire pression sur les autorités palestiniennes). Quant aux 500 à 600 checkpoints qui divisent la Cisjordanie et qui rendent la vie quotidienne des Palestiniens impossible, ils ne seront pas levés.

Dans ces conditions, l’avenir du gouvernement d’urgence mis en place par Mahmoud Abbas (en violation de la constitution palestinienne) apparaît bien sombre. C’est sans doute pourquoi divers acteurs (en dehors des Etats-Unis et de l’Union européenne) misent sur une réconciliation Hamas-Fatah. Et s’opposent à la position intransigeante de Washington et Tel-Aviv. Même la Ligue arabe s’est prononcée pour un dialogue entre le Fatah et le Hamas ; l’Egypte et l’Arabie saoudite se sont déclarées prêtes à reprendre leur médiation (ce que le Fatah rejette, pour l’instant).

Selon le correspondant à New York du quotidien israélien Haaretz Shlomo Shamir, « U.S.-led move to back Abbas gov’t blocked in Security Council » (22 juin), la Russie, l’Afrique du Sud, l’Indonésie et le Qatar ont bloqué une initiative des Etats-Unis visant à faire adopter au Conseil de sécurité une déclaration de soutien au gouvernement d’urgence mis en place par le président Mahmoud Abbas. En revanche, le bureau du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon a ouvertement soutenu le gouvernement formé par Abbas.

Dans un texte publié par International Herald Tribune du 21 juin, « Why are we surprised ? », Roger Cohen rapporte des propos de James Wolfensohn, ancien président de la Banque mondiale et qui avait été nommé par Condoleezza Rice comme envoyé spécial pour le désengagement israélien de Gaza. Wolfensohn avait rassemblé une somme de 15 millions de dollars pour « racheter » les cultures sous serre faites par les colons. Il rappelle que, « quand il fut clair que c’était un projet viable, les menaces contre ces cultures ont cessé et les Palestiniens ont eu beaucuoup de fierté à cultiver les fleurs, les fruits et les légumes pour être exportés en Israël. La tragédie totale est, que dans les mois qui ont suivi, les questions de sécurité à la frontières, certaines réelles d’autres non, ont abouti à la fermeture des frontières et tout a été gâché. Il existe une vérité au Proche-Orient : si vous ne fournissez pas du travail aux jeunes qui représentent 70% de la population, vous aurez des conflits. Ils tireront sur ceux qu’ils considèrent comme responsables et, finalement, ils tireront les uns contre les autres ».

A Gaza, le blocus imposé par les autorités israéliennes suscite l’inquiétude des organisations humanitaires. Ainsi, l’organisation britannique Oxfam, dans un communiqué du 25 juin, « Oxfam condemns the caging of Gaza », condamne la « mise en cage » de Gaza. Dans un article de Haaretz du 25 juin, intitulé « Border Control/Livni wants a horizon », Akiva Eldar note, en conclusion :

« Le point de passage de Karni n’est ouvert que pour l’aide humanitaire. Les matières premières essentielles ne peuvent pas entrer et les produits agricoles ne peuvent pas sortir. Selon le porte-parole de l’Unrwa, l’arrêt de la livraison de ciment et d’autres matériaux de construction affectera les plans de réhabilitation des logements des 16 000 familles de réfugiés qui vivent dans des conditions très difficiles. D’ici quelques jours, les organisations internationales devront geler leurs initiatives concernant les infrastructures à Gaza pour un montant de 60 millions de dollars et avec cet argent seront perdues 750 000 journées de travail pour les travailleurs locaux. Au sein du Fatah, on pense que c’est par les pressions économiques que l’on poussera les habitants de Gaza à prendre leurs distances à l’égard des mosquées et du Hamas. Il serait intéressant de savoir où ils ont appris cette philosophie. »



Source : Carnets du diplo
http://blog.mondediplo.net/...


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