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Les blogs du Diplo
Colonies
israéliennes: un gel en trompe-l’œil
Alain Gresh

Alain Gresh
Jeudi 26 novembre 2009 « Israël
propose un gel de dix mois des colonies », titre Le
Figaro du 26 novembre. Adrien Jaulmes, le correspondant du
journal à Jérusalem, écrit :
« Le gouvernement israélien a proposé mercredi un gel de
dix mois des constructions dans les colonies israéliennes de
Cisjordanie. Soumis à une forte pression américaine et
internationale, Nétanyahou a déjà évoqué un moratoire sur les
nouveaux projets, mais c’est la première fois qu’il annonce la
durée d’une éventuelle suspension. »
« Les Palestiniens ont d’ores et déjà rejeté cette offre,
considérant cet arrêt des constructions comme partiel, puisqu’il
n’inclut pas les projets en cours, qui continuent au nom de la
“croissance naturelle” de la population des colonies et,
surtout, ne comprend pas Jérusalem-Est. »
Barak Ravid, dans Haaretz (25 novembre), revient sur
la décision (« Netanyahu
declares 10-month settlement freeze ’to restart peace talks’ »)
et il précise :
la
décision ne concerne pas Jérusalem-Est. Le premier ministre a
déclaré qu’« aucune restriction ne sera appliquée dans notre
capitale souveraine ».
le
gouvernement poursuivra la construction de synagogues, d’écoles,
de jardins d’enfants et de bâtiments publics.
Ce que cet article ne dit pas, c’est que la construction des
quelque 3 000 logements et unités d’habitation déjà en route se
poursuivra...
D’autre part, comme le précise le même jour un autre article
de Haaretz, rédigé lui aussi par Barak Ravid, « Not
enough manpower to implement settlement freeze, cabinet told »,
le gouvernement israélien n’a pas les moyens de vérifier
l’application de ces décisions... Certes, le cabinet de sécurité
a décidé d’accorder un budget supplémentaire pour la mise en
œuvre de la mesure, mais on peut douter de sa réalité. Ainsi,
cela fait des années que les gouvernements israéliens successifs
annoncent le démantèlement des colonies dites « illégales »
(c’est-à-dire construites sans l’aval du gouvernement ; en
réalité, toutes les colonies sont illégales), sans que cette
mesure ait jamais été exécutée, les colons ayant, en réalité,
une totale liberté de manœuvre.
Une réaction « sans précédent » est venue de
l’administration Obama, selon Daniel Levy, dans un envoi
intitulé « Netanyahu’s
Stubbornness on Settlements Produces American Call for 1967
Borders », sur son blog Prospects for Peace
(25 novembre). Tout en affirmant que la proposition israélienne
était positive, l’administration Obama a confirmé que « les
Etats-Unis n’acceptent pas la légitimité de la colonisation ».
Et, surtout, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a, pour la
première fois, affirmé que le but de la reprise des négociations
était d’aboutir à « un Etat palestinien indépendant et
viable, fondé sur les lignes de 1967 ». Cette référence aux
lignes de juin 1967 rompt avec les ambiguïtés des
administrations précédentes. Elle est une reconnaissance que les
territoires de 1967 sont bien des territoires occupés. Ces
déclarations se traduiront-elles dans les faits ? Telle est la
grande inconnue,
M. Obama ayant donné l’impression jusque-là de se plier aux
exigences israéliennes.
Par ailleurs, Levy remarque que les annonces de M. Netanyahou
sont si peu sérieuses, que l’extrême droite qui participe au
gouvernement n’a pas jugé bon de quitter la coalition.
Pendant ce temps, alors que cela va faire bientôt un an
qu’Israël a déclenché son
attaque contre Gaza, le blocus du territoire et son
martyre se poursuivent, ainsi que les raids aériens (« Raids
aériens israéliens contre la bande de Gaza », LeMonde.fr,
24 novembre).
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