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Carnets du diplo
Tramway
à Jérusalem, mensonge à Paris
Alain Gresh
24 octobre 2007
Interrogé le 22 octobre sur l’affaire du tramway de Jérusalem
et du procès intenté en France à deux entreprises françaises
par l’Association France Palestine solidarité (et auquel
s’est associé l’OLP), le porte-parole du Quai d’Orsay a déclaré :
« La question que vous évoquez relève des autorités
judiciaires. Je rappelle cependant, comme nous l’avons déjà
fait à plusieurs reprises, que la participation française à la
construction du tramway de Jérusalem est le fait d’entreprises
privées qui n’agissent en aucun cas pour le compte de l’Etat.
Comme vous le savez, nous avons fait part de nos préoccupations
aux dirigeants des entreprises concernées au sujet d’un segment
de ce projet qui se situe dans les Territoires palestiniens. Cette
situation qui est de nature commerciale ne reflète en aucun cas
une évolution de la position française sur Jérusalem. »
Non, nous ne savions pas que la France avait fait savoir son
point de vue aux entreprises en question. Car, le contrat pour le
tramway a été signé, le 17 juillet 2005, en présence de
l’ambassadeur de France, M. Gérard Araud (devenu depuis
secrétaire général du ministère français des affaires étrangères),
et dans les bureaux du premier ministre Ariel Sharon. Le bulletin
de l’ambassade de France saluait « la "cérémonie
officielle" de signature ». Ce n’est donc pas une
affaire d’entreprises privées, mais bien de la politique française.
Rappelons les "ingrédients" de cette affaire que je
mentionnais dans Le Monde diplomatique, « "fatigue"
au Quai d’Orsay, misère à Gaza, »( juin 2006). « Deux
entreprises (Alstom et Connex) ont emporté l’appel d’offres
pour ce projet. Seul détail gênant, son itinéraire passe par
des territoires occupés : il relie Jérusalem-Ouest à deux
colonies juives de Jérusalem-Est, Psgat Zeev et French Hill, que
Paris estime, jusqu’à preuve du contraire, « illégales ».
Interrogée par un député, Mme Brigitte Girardin, ministre
déléguée à la coopération, au développement et à la
francophonie, explique : "L’Etat français ne dispose
d’aucun pouvoir d’injonction ou de contrainte lui permettant
d’amener les entreprises françaises qui ont participé à un
appel d’offres international à se retirer d’un marché...
". Pure langue de bois. D’une part, le gouvernement ne
s’est jamais privé de « conseiller » à des
entreprises de renoncer à des projets (il l’a fait encore récemment
en interdisant à Total de conclure des accords avec la Syrie). »
Voici la référence de l’article du Monde du 23
octobre de Benjamin Barthe, « Plainte
de l’OLP contre les entreprises françaises du projet de tramway
à Jérusalem ».
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