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Carnets du diplo
Un accord est-il possible
entre Abbas et Olmert ?
Alain Gresh
19 août 2007
Annoncée pour l’automne par le président Bush, la
perspective d’une réunion internationale sur le conflit israélo-arabe
a créé un certain vent d’optimisme dans les médias
internationaux, mais cet optimisme semble bien prématuré. Selon
des sources israéliennes, l’Autorité palestinienne et le
gouvernement israélien auraient commencé à discuter un texte
sur un accord de principe, mais alors que les Palestiniens font de
sa rédaction la condition de leur participation à une conférence
internationale, Israël affirme que la conférence ne dépend pas
de la rédaction de ce document.
Selon Barak Ravid, (« Olmert,
Abbas talks hit snag on refugee problem », Haaretz,
17 août), les conversations buteraient sur le refus palestinien
de faire des concessions sur le problème des réfugiés. En
revanche, selon Yasser Abed-Rabbo, membre du comité exécutif de
l’OLP et proche de Mahmoud Abbas (dans un entretien avec le
quotidien arabe de Londres Al-Quds Al-Arabi, du 18 août),
aucune négociation n’est en cours car le gouvernement israélien
refuse les discussions sur un plan détaillé. Pour lui, il ne
peut s’agir de discuter d’un texte général (le
plan de paix arabe est suffisant), mais de « transformer
ce plan en un cadre détaillé pour un accord pour résoudre tous
les problèmes d’une solution définitive – notamment les réfugiés,
Jérusalem et les frontières de manière détaillée, avec un
calendrier précis et avec des garanties internationales, de manière
à ce que la prochaine conférence soit fructueuse ».
Mme Condoleezza Rice devrait se rendre en Israël au début
du mois prochain pour tenter de rapprocher les points de vue.
Parmi les nombreuses difficultés, l’impopularité des deux
gouvernements palestinien et israélien. L’idée du président
Abbas de convoquer des élections qui seraient interdites au Hamas
risquerait de déboucher sur des affrontements militaires en
Cisjordanie. Sans parler même du coup qu’elle porterait à la démocratie
dont les Occidentaux se réclament avec une telle force.
Pourtant, jamais le consensus international sur la solution au
conflit israélo-palestinien n’a été aussi fort. En principe,
tout le monde est d’accord pour affirmer son soutien à la création
d’un Etat palestinien aux côtés de l’Etat d’Israël. Même
le président Bush a défendu cette option. Pourtant, on peut se
demander si ce « consensus » a le moindre rapport avec
ce qui se passe sur le terrain. Et s’il n’est pas déjà trop
tard pour créer un Etat palestinien en Cisjordanie et à Gaza.
Dans un article publié par Le Monde diplomatique du
mois d’août (non disponible sur le site Internet), Régis
Debray appelle à « une cure de vérité au Proche-Orient ».
Il explique notamment cet étrange consensus : « Toutes
les parties trouvent intérêt au maintien des faux-semblants et
trompe-l’oeil internationaux. Les Israéliens parce que
l’histoire avance masquée. Les Palestiniens, parce qu’on ne
peut pas dire la vérité à un peuple occupé et qui espère,
sans l’inciter à s’autodétruire ; et que notables, élus,
fonctionnaires tirent de ce qui est devenu un voeu pieux,
gagne-pain, titulature, dignité et raison d’être. Les Européens,
parce qu’ils ont choisi de s’acheter une conduite moyennant
une aide financière et humanitaire importante, qui les exonère
de leur passivité politique et de leur cécité volontaire. Et
les Américains, mentalement plus redevables à l’Ancien
Testament qu’au Nouveau, parce que leur lien existentiel avec
Israël est de type filial et donc acritique. L’illusion
protectrice et partagée résulte ainsi d’une coïncidence
d’intérêts opposés - là est l’ironie de l’histoire. »
Et, après avoir rappelé la situation sur le terrain et le développement
des colonies : « Se profile en résumé, au lieu de
l’Etat palestinien annoncé et souhaité par tous, un territoire
israélien encore inaperçu, avec, enclavées, trois municipalités
palestiniennes autogérées. »
Pour comprendre le dilemme, il faut lire l’article de Nadav
Shragai, « Most
settlements lie east of fence, most settlers west » (la
plupart des colonies sont à l’est de la barrière, la plupart
des colons à l’ouest), dans le quotidien israélien Haaretz
(16 août).
« Alors que seulement 48 des 122 colonies en
Cisjordanie sont situées à l’ouest du tracé de la barrière
de séparation, ces mêmes colonies abritent la grande majorité
des colons : c’est ce que conclut une analyse faite par
Haaretz, fondée sur des données du ministère de l’intérieur.
Ces données montrent que 76,2% des colons – 209 716 –
habitent ces 48 colonies. » (...) « Seulement
65 440 colons résident, en 2007, dans les 74 colonies qui sont
situées à l’est du tracé de la barrière, soit 23,8% du
total. »
Au total, conclut l’article, le nombre de colons est passé
en un an de 260 645 à 275 156, soit une augmentation de 5,45%, un
taux d’accroissement qui est deux fois plus fort que celui de la
population juive d’Israël.
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