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Journée de la colère en Egypte
Alain Gresh

Lundi 6 avril 2009 Le 6 avril 2008, dans plusieurs villes
égyptiennes, un large mouvement de grève éclatait, sévèrement
réprimé. Cette « révolte
des ventres vides », comme l’appelait Joel Beinin dans Le
Monde diplomatique de mai 2008, était l’aboutissement de
nombreuses grèves ouvrières et de la « lutte
toujours recommencée des paysans égyptiens », que
décrivaient Beshir Sakr et Phanjof Tarcir en octobre 2007.
C’est en souvenir de cette journée que de jeunes militants
ont appelé à « une journée de la colère » en Egypte. Un site
présente en anglais les revendications de ce mouvement. Il
s’intitule
Shabab6april. Son mot d’ordre : « Notre génération a le
droit d’essayer... Ou nous réussissons, ou nous offrons notre
expériences aux générations suivantes. »
« Nous sommes un groupe de jeunes Egyptiens réunis par
l’amour de l’Egypte et notre désir de réforme. Bien que la vaste
majorité d’entre nous n’appartiennent à aucun courant politique
et ne soit lié à aucune force politique, nous sommes déterminés
à suivre le chemin que d’autres ont pris avant nous et à prendre
leur relais. Nous sommes convaincus de notre capacité et de
notre droit à changer cette triste réalité. »
(...)
« Notre jeunesse, c’est les dirigeants de demain et
l’énergie d’aujourd’hui. Et la coopération de toutes les forces
politiques et leur capacité à travailler ensemble peut aboutir
au changement, à la réforme de l’Egypte et à se débarrasser de
la corruption, de la destruction, et du gaspillage des
ressources naturelles qui sont à l’œuvre depuis un quart de
siècle. Nous n’appelons pas à la création d’un nouveau groupe ou
d’un nouveau parti, mais nous appelons tous les Egyptiens
(individus, communautés, partis) à se rassembler autour d’un
projet : le réveil du peuple pour arrêter l’injuste oppression
d’un gang corrompu et l’élimination de la corruption et du
despotisme. »
Les organisateurs appellent à des sit-ins, des
manifestations, à se vêtir de noir, etc. Leur deux principales
revendications sont de porter le salaire minimum mensuel à
1 200 livres (environ 280 euros - contre 40 aujourd’hui) et
l’élection d’un organe pour rédiger une nouvelle constitution.
Une dépêche de l’Agence France Presse, datée du 5 avril et
postée du Caire, indiquait :
« Un jeune blogueur égyptien a été arrêté dimanche pour
avoir soutenu un appel à une grève générale contre la politique
du gouvernement, a indiqué un responsable des services de
sécurité. Abderrahmane Farès a été interpellé dans le Fayyoum,
au sud-est du Caire, a précisé ce responsable sous couvert de
l’anonymat. Un message sur le blog du jeune homme (http://abdofares.blogspot.com)
indique qu’il a été arrêté à son domicile “en raison de son
appel à la grève générale le 6 avril” et qu’il a commencé une
grève de la faim. Quatre étudiants ont en outre été interpellés
dimanche pour les mêmes raisons, trois à Alexandrie (nord) et un
à Port-Saïd (nord-est), selon le responsable des services de
sécurité. Ces dernières arrestations portent à 32 en moins d’une
semaine le nombre de personnes interpellées pour leur soutien à
une “Journée de la colère en Egypte”. »
Ce que la dépêche ne mentionne pas, c’est que Farès est un
jeune des Frères musulmans ; son blog se nomme « Ma langue,
c’est ma plume ». Jeudi, les Frères Musulmans, principale force
d’opposition au régime, a appelé à se joindre au mouvement.
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