Carnets du diplo
Mme Condoleezza
Rice sur Israël et la Palestine
Alain Gresh
4 mai 2008
Le département d’Etat américain publie le 3 mai les réponses
faites à des journalistes par la secrétaire d’Etat Condoleezza
Rice dans son avion en route pour Tel-Aviv, sous le titre « Moving
Forward On The Tracks Of The Annapolis Conferece (sic) »
« Je vais répondre à vos questions, mais il est évident
que nous allons en Israël et dans les territoires palestiniens et
que le but est de continuer à aider les parties à aller de
l’avant sur les trois volets d’Annapolis.
J’aurai une série de réunions trilatérales, mais le plus
important est de vérifier où nous en sommes sur le terrain et
sur l’amélioration de la vie du peuple palestinien. Il y a
plein de choses qui vont dans ce domaine, comme vous l’avez
entendu hier (à la réunion du Quartet), dans les discussions que
Tony Blair a mises en avant à propos de l’aide économique, du
projet Jénine, et aussi, sur le deuxième volet, les obligations
de la Feuille de route et de vérifier certaines promesses
qu’Israël a faites. Nous verrons où ils en sont et nous
verrons dans quelle mesure aussi les Palestiniens ont mis en œuvre
leurs promesses. Et puis j’aurai la possibilité de parler aux
parties pour savoir où on en est des négociations »
(...)
Répondant à une question sur la sécurité, le déploiement
de forces palestinien à Jénine et le fait que ce déploiement ne
pouvait renforcer l’Autorité si l’armée israélienne
continuait ses incursions, Rice a répondu :
« Je crois que tout le monde comprend que cela relève
des problèmes de sécurité. Et bien sûr, les Israéliens
doivent être sûrs que leur population est protégée. Cela étant
dit, je pense que nous avons envoyé des messages assez forts,
notamment quand le président était en Israël (je pense en fait
qu’il était à Ramallah), que lorsque les Palestiniens se déploient
et quand vous essayez de leur confier des responsabilités, il est
important de ne pas prendre des décisions qui sapent leur autorité.
Tout le monde veut que les Palestiniens fassent plus en matière
de sécurité. Chacun veut que les Palestiniens (...) prennent la
responsabilité de la sécurité. Il devrait y avoir des efforts
persistants pour être sûr que ces efforts ne sont pas sapés.
Oui, c’est un problème. »
A propos des critiques formulées par Mahmoud Abbas à la suite
de son voyage à Washington, elle explique :
« Il y a seulement cinq mois que le processus
d’Annapolis a commencé. Avant, il n’y avait pas de processus
de paix. Il n’y avait pas moyen pour les Palestiniens et les
Israéliens de commencer le difficile processus d’essayer de
mettre un terme à leur conflit. Je veux rappeler à chacun que le
problème il y a quelques mois était qu’Israël ne voulait pas
discuter les problèmes fondamentaux (core issues). Il est donc
important de ne pas avoir la mémoire courte. Je comprends le désir
du président Abbas de voir les choses avancer dans les négociations
et de voir les conditions du peuple palestinien s’améliorer, et
c’est ce que nous essayons de faire. » (...)
A propos des négociations menées par l’Egypte pour un
cessez-le-feu :
« Je sais qu’ils (les Egyptiens) font d’importants
efforts pour ramener la tranquillité et le calme pour que la
violence s’arrête. Je sais qu’ils essaient d’obtenir
l’arrêt par le Hamas du tir de roquettes. Je pense que c’est
très important. Je pense qu’ils mettent en avant quelque chose
qui, si les détails peuvent être définis, sera une bonne idée,
c’est-à-dire revenir à l’accord de novembre 2005 et ramener
des fonctionnaires de l’Autorité palestinienne aux points de
passage pour avoir une ouverture plus sûre de ces points de
passage. Nous sommes favorables à tous ces objectifs. Ce n’est
pas facile parce que, bien sûr, c’est le Hamas qui prend la
population palestinienne en otage à Gaza en tirant des roquettes
sur Israël et en construisant son infrastructure terroriste. Mais
les efforts que font les Egyptiens et encore plus d’efforts pour
régler le problème des tunnels, de la contrebande et du contrôle
de la frontière, tout cela représente des développements
positifs. »
Lors de sa réunion à Londres le 2 mai, le Quartet
(Etats-Unis, Russie, Union européenne, Nations unies) a adopté
des positions critiques sur la politique israélienne. Dans un
article du Monde, « Le
Quartet demande à Israël de geler la construction de colonies en
Cisjordanie », on peut lire que le Quartet « a
exprimé sa profonde inquiétude face à la poursuite des activités
de colonisation et a appelé Israël à geler toute activité
(d’extension) des colonies, y compris la croissance naturelle,
et à démanteler les avant-postes construits depuis 2001" ».
Une demande régulièrement formulée par le Quartet, et qui
figurait dans sa Feuille de route.
Répondant à une question sur ces critiques à l’égard
d’Israël, Mme Rice a expliqué :
« Ce que j’ai entendu au Quartet était un désir de
voir les choses aller de l’avant de manière plus rapide, de
voir chacun faire le maximum, de voir les Israéliens faire plus
en ce qui concerne la circulation et les accès. Je crois que
c’est ce que tout le monde dit et je crois qu’ils ont reçu le
message. Ils ont fait certains pas importants mais il y a le
besoin de faire plus. Je pense qu’une approche qui permet
d’examiner un secteur donné, et de dire quelle va être la sécurité
dans ce secteur, quelle circulation et accès seront nécessaires
pour quel projet économique, est meilleure qu’un appel général
à une amélioration de la circulation et l’accès. (...) Cette
approche plus précise pour régler les problèmes est en fin de
compte plus bénéfique. »
Allez-vous exercer des pressions sur la question des colonies ?
« Il ne s’agit pas d’exercer des pressions, il
s’agit de régler les problèmes. Parfois on peut les régler
dans ces environnements très compliqués, parfois cela prend
beaucoup de temps de les régler, et parfois on ne peut pas les régler
dans les circonstances politiques dans lesquelles nous nous
trouvons. Maintenant que le processus politique a repris, les
raisons pour que les deux parties fassent plus grandissent. Et je
pense que nous allons assister à plus d’efforts pour améliorer
la vie des Palestiniens. Je vais vous donner un exemple de ce qui
marche très bien. Un des plus visibles et importants pas pris par
Salam Fayyad est la conférence de Bethlehem. Et je n’ai entendu
aucune réclamation sur la coopération autour de cette conférence. »
(...) « Les Israéliens n’ont pas réagi à la déclaration
du Quartet. Elle n’était pas différente des autres déclarations
du Quartet. »
Lire aussi « Le
retour de Condoleeza dans la région », sur le site
Al-Oufok (4 mai 2008).
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