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Carnets du diplo
Après le sommet arabe de Riyad,
une dernière chance pour la paix ?
Alain Gresh
Proche-Orient, une dernière chance ?
Un appel solennel lancé non seulement à l’Etat d’Israël
mais aussi aux Israéliens de saisir l’occasion et de revenir à
des négociations directes et sérieuses. Le sommet des pays
arabes, qui s’est déroulé à Riyad les 28 et 29 mars, a
adopté une déclaration pour l’établissement d’une paix
globale au Proche-Orient et pour une normalisation entre Israël
et l’ensemble des pays arabes, prévoyant : le retrait de
l’armée israélienne de tous les territoires arabes occupés en
1967 ; la création d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est
comme capitale ; une solution juste et agréée (agreed-upon)
du problème des réfugiés palestiniens, en accord avec la résolution 194
votée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1948 ;
la sécurité pour tous les Etats de la région ; les
tensions au Liban se sont aggravées depuis la guerre des 33 jours
de l’été 2006 ; plusieurs dirigeants arabes ont appelé
à une mobilisation contre « le péril chiite ». La
montée en puissance de l’Iran a avivé ces craintes. Face à
cette « menace », les Etats-Unis pensent qu’il est
possible de tisser une alliance entre les pays arabes « modérés »
(Arabie saoudite, Egypte et Jordanie notamment) et Israël. Mais
comment y arriver sans créer un « horizon politique »
pour les Palestiniens dont la cause reste centrale pour tout le
monde arabe ?
Le voyage de la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice dans la région,
à la fin du mois de mars, devait tenter de résoudre cette
quadrature du cercle. Son échec est, pour l’instant, patent. Il
est vrai que le prestige des Etats-Unis est en chute libre, y
compris auprès de ses alliés, et que Washington refuse la
moindre pression sur le gouvernement israélien. M. Ehoud
Olmert, le premier ministre le plus impopulaire qu’ait jamais
connu Israël, a fermement refusé toute négociation avec M. Mahmoud
Abbas sur le statut final (frontières, Jérusalem, réfugiés).
Et Mme Rice s’est contentée de lancer un appel aux Arabes
– qui, au même moment, rappelaient leur offre de paix –,
les invitant à… s’ouvrir un peu plus à Israël. Un éditorialiste
du journal Al-Rayah, de Qatar, remarque ironiquement :
« Nous ne devrions pas être surpris si Rice demande que les
Palestiniens évacuent Gaza pour que la paix s’étende dans la région. »
Cette paralysie et ce parti pris américains ont amené l’Arabie
saoudite à tenter de définir une diplomatie un peu plus autonome
à l’égard de l’« ami américain ». Ainsi, Riyad
a parrainé l’accord de La Mecque entre le Hamas et le Fath, qui
a débouché sur la formation d’un gouvernement d’union
nationale palestinien. Le roi, lors de l’ouverture du sommet
arabe, a dénoncé pour la première fois une « occupation
étrangère illégale » en Irak. Il aussi ouvert un dialogue
avec Téhéran et avec le Hezbollah. Enfin, il a voulu montrer sa
mauvaise humeur au président Bush en annulant la visite qu’il
devait effectuer à la Maison Blanche en avril.
C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la relance de
l’initiative de paix arabe. M. Olmert s’est borné à répondre
qu’il était prêt à s’asseoir à la même table que l’Arabie
saoudite et les pays arabes modérés. « Israël veut la
normalisation des relations avec les Arabes, et rien d’autre.
Mais que donnera-t-il en échange ? », s’interroge M. Amr
Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe. « La
normalisation contre la normalisation » a toujours été le
slogan de la droite israélienne, qui refuse de rendre
l’ensemble des territoires arabes occupés en 1967. Une nouvelle
fois, M. Olmert a agité la menace du « droit au retour »
des réfugiés palestiniens. Pourtant, la déclaration de Riyad ne
fait pas allusion à ce droit et évoque seulement une solution
« juste et agréée » du problème des réfugiés, ce
qui, très clairement, évoque la nécessité d’un accord avec
Israël.
Le Proche-Orient, une nouvelle fois, hésite entre guerre et
paix. Un général israélien a annoncé que l’Iran, la Syrie et
le Hezbollah se préparent à une guerre possible des Etats-Unis
contre l’Iran à l’été ; le nouveau chef de l’armée
israélienne a déclaré que le renforcement du Hamas à Gaza nécessitait
« une solution de notre part » ; la tension au
Liban reste vive. Si la main offerte par le monde arabe à Israël
n’est pas saisie, le résultat ne fait malheureusement aucun
doute : plus de guerres et plus de chaos dans une région déjà
dévastée ...
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