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Femmes du
Proche-Orient et du Maghreb
Alain Gresh
Alain Gresh
Mercredi 3 mars 2010 La situation des femmes au Proche-Orient,
et
plus largement en terres d’islam, suscite toujours nombre de
réflexions et d’articles souvent mal informés en Europe.
Chroniqueurs et éditorialistes sont souvent moins intéressés par
la situation réelle que par la volonté de dénigrer une
civilisation (ou une religion). Bien sûr, dans la région du
Proche-Orient ou au Maghreb, certains utilisent ces critiques
occidentales pour prétendre qu’il n’y a rien à changer, ou qu’il
faut minimiser certaines réalités au nom de la lutte contre
l’impérialisme (« Faut-il
parler de l’oppression des femmes palestiniennes ? »). Sur
les difficultés des femmes palestiniennes, on lira le rapport « Palestinian
Women and Security : Why Palestinian Women and Girls Do Not Feel
Secure », publié par The Geneva Centre for the Democratic
Control of Armed Forces.
Si les femmes palestiniennes considèrent l’occupation comme
la première cause de leur sentiment d’insécurité, les divisions
et les combats entre le Hamas et le Fatah ont aussi aggravé
cette perception. Le niveau de violence contre les femmes à
l’intérieur de la famille décrit par cette étude est parfois
terrifiant. Il montre à quel point il est difficile de lutter
contre le patriarcat dans des situations de guerre et
d’occupation.
Ce que confirme l’étude publiée le 3 mars par Freedom House
(Washington), intitulée « Women’s
rights in the Middle East and North Africa. Progress amid
resistance » (PDF), qui note, comme son titre l’indique,
« des progrès malgré les résistances ».
Une des leçons les plus significatives est que les trois pays
(sur dix-huit) qui, selon le rapport, ont vu une régression des
droits des femmes, l’Irak, le Yémen et la Palestine, sont des
pays ravagés par la guerre ou l’occupation. Les femmes sont les
premières victimes de la guerre et de l’occupation, d’où
l’hypocrisie d’une guerre menée pour libérer les femmes
(afghanes, palestiniennes ou autres).
Les trois pays qui, selon le rapport, ont vu les avancées les
plus substantielles sont le Koweït, l’Algérie et la Jordanie.
Dans le premier, elles ont pu voter pour la première fois en
2005 et quatre femmes ont été élues députées en 2009. En
Jordanie, l’année 2008 a été marquée par l’adoption d’une loi
sur la protection de la famille qui prévoit des garanties contre
les violences. En Algérie, en 2005, une loi sur le statut
personnel accroît les droits des femmes dans le couple et une
autre loi permet à la mère de transmettre sa nationalité à ses
enfants, même si elle est mariée à un étranger.
Sur l’Irak, le rapport souligne que les violences contre les
femmes, notamment les viols, les crimes d’honneur et les
enlèvements ont fortement augmenté. Mais les femmes occupent un
quart des sièges au parlement et une loi sur la nationalité
permet désormais aux femmes de transmettre leur nationalité à
leurs enfants et à leur mari.
De manière générale, les plus grands gains pour les droits
des femmes sont dans les domaines de l’emploi, de l’éducation et
de la représentation politique : plus de femmes travaillent,
sont alphabétisées et vont à l’université dans des secteurs qui
étaient jusque-là réservés aux hommes. En revanche, la violence
faite aux femmes demeure un des plus grands problèmes.
Le rapport n’accorde aucune place à la transition
démographique, qui fait que, dans la plupart des pays, les
femmes n’ont plus que deux ou trois enfants (contre six à huit
il y a une génération), ce qui est un élément important de leur
émancipation.
Une analyse détaillée par pays complète le rapport. Et même
si certaines appréciations sont contestables, le texte offre une
base documentaire indispensable pour comprendre la situation des
femmes et pour faire avancer leurs droits.
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