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Scepticisme
autour du cessez-le-feu
Rania Adel
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Palestine . Bien
que mettant un terme à cinq mois d’incursions et de raids israéliens
dans la bande de Gaza, la trêve déclarée entre Palestiniens et
Israéliens reste précaire et n’implique pas une véritable
relance du processus de paix.
Un cessez-le-feu entre Israël et les
activistes palestiniens de la bande de Gaza est entré en vigueur
dimanche. L’accord conclu entre les principales factions
palestiniennes devrait, en principe, mettre fin aux tirs de
roquettes sur Israël et à l’offensive de l’armée israélienne
lancée après l’enlèvement, en juin, du caporal Gilad Shalit,
une offensive qui a causé la mort de 400 Palestiniens. Néanmoins,
dimanche matin, juste après l’annonce du cessez-le-feu, au
moins cinq roquettes tirées de la bande de Gaza se sont pourtant
abattues en territoire israélien, ce qui a mis à mal les
Palestiniens. Ces tirs ont été revendiqués par le Djihad
islamique et les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, la branche armée
du Fatah. Mais selon ces groupes, c’est Israël qui en est la
cause. « L’ennemi sioniste n’a pas respecté » l’accord du
cessez-le-feu qui « porte sur l’ensemble des territoires
palestiniens », la bande de Gaza et la Cisjordanie, a estimé le
porte-parole de la branche armée du Djihad islamique, Abou-Ahmad.
« Dimanche matin, il y a eu des incursions et des arrestations à
Jénine (dans le nord de la Cisjordanie). Nous ne nous engageons
à aucune accalmie qui n’est pas respectée par l’ennemi »,
a-t-il ajouté.
Essayant de contenir la situation, le président
palestinien Mahmoud Abbass a condamné cette violation de
l’accord et ordonné aux responsables de la sécurité de
s’assurer du respect de la trêve. Au total, 13 000 membres des
forces palestiniennes vont patrouiller à la frontière entre la
bande de Gaza et Israël pour empêcher de nouveaux tirs de
roquettes. Pour le porte-parole du gouvernement, Ghazi Hamad, «
tout le monde est impliqué dans cet accord qui a été signé par
tous, y compris par le Djihad islamique. Il faut déployer tous
les efforts pour le respecter ». De son côté, le premier
ministre palestinien Ismaïl Haniyeh, lui-même membre du
mouvement de la résistance islamique Hamas, a assuré que tous
les principaux groupes palestiniens sont engagés à respecter la
trêve.
Les Palestiniens tentent donc tant bien que mal
d’éviter de donner un prétexte à l’Etat hébreu pour
reprendre ses incursions. D’autant plus que le ministre israélien
de la Défense, Amir Peretz, a prévenu qu’Israël reprendrait
ses opérations militaires à Gaza si ces tirs se poursuivaient en
dépit de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu.
Si la trêve est respectée, cela pourrait
faciliter les négociations entre le Fatah et le Hamas en vue de
constituer un gouvernement d’union nationale, ce qui pourrait
conduire à la levée des sanctions financières internationales
prises contre l’Autorité palestinienne après la formation du
gouvernement du Hamas en mars dernier. Le retour au calme pourrait
aussi ouvrir la voie à un sommet entre Olmert et Abbass afin de
relancer le processus de paix. Cela dit, il faut se méfier d’un
optimisme exagéré, la trêve déclarée n’étant qu’une
mesure qui doit être suivie par d’autres. « Si le
cessez-le-feu n’a pas été très respecté, c’est parce
qu’il n’a pas été lié à un règlement politique. On a
l’impression que les factions l’ont signé sous pressions,
qu’elles étaient obligées de le faire. Le cessez-le-feu doit
être consolidé par la formation du gouvernement d’union
nationale », souligne Emad Gad, rédacteur en chef d’Israeli
Digest.
Mais aussi fragile soit-il, le cessez-le-feu
est une nécessité absolue pour sortir de l’impasse actuelle.
D’autant plus que les Palestiniens ont commencé à manifester
leur ras-le-bol de l’atermoiement quant à la création de leur
Etat. Le chef en exil du Hamas, Khaled Méchaal, a déclaré
samedi au Caire que son mouvement était prêt à laisser six mois
« pour que s’ouvrent de véritables horizons politiques »,
c’est-à-dire pour aboutir à la naissance d’un Etat
palestinien, menaçant de déclencher une troisième Intifada.
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