Liban
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Crise
reportée
Rania Adel
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Liban.
Les efforts diplomatiques de la Troïka européenne ne sont pas
parvenus à aplanir les différends entre l’opposition et la
majorité. De quoi rendre impossible la tenue des présidentielles
à l’heure actuelle.
Mercredi 24 octobre 2007
Ce n’était pas
une surprise. Tout le monde s’y attendait en effet du fait de
l’ampleur des divergences inter-libanaises. Les parlementaires
de la majorité soutenue par l’Occident et ceux de
l’opposition proche de Damas ne sont toujours pas parvenus à se
mettre d’accord sur le successeur du président sortant, le
pro-syrien Emile Lahoud, dont le mandat expire le 24 novembre
prochain. Partant, la séance du Parlement prévue hier pour élire
un nouveau président du Liban a été reportée au 12 novembre
pour favoriser un accord entre l’opposition pro-syrienne et la
majorité soutenue par les Occidentaux, a annoncé en début de
semaine le secrétariat général du Parlement.
C’est la deuxième
fois que les députés sont obligés de reporter une séance
consacrée à la présidentielle après l’échec d’une première
tentative le 25 septembre. Ce jour-là, les députés de
l’opposition avaient boycotté le Parlement pour empêcher que
le quorum de deux tiers des députés présentés soit atteint et
que les factions anti-syriennes, qui ont, ensemble, une courte
majorité, élisent un nouveau chef d’Etat.
Mais ce nouveau
report, signe d’un blocage, permettra-t-il de décrisper la
situation ? Un des deux candidats issus de la majorité, Nassib
Lahoud, pense que les deux camps attendront le dernier moment pour
parvenir à un accord.
De même, selon
l’analyste Ziad Baroud, « à mesure qu’on s’approche des
dix derniers jours (du délai constitutionnel), le ton va
crescendo, mais les chances d’un accord vont parallèlement
augmenter », analyse-t-il. Il estime qu’aucun des deux camps
n’est en mesure de prendre le dessus. « C’est pour cette
raison qu’ils vont devoir composer, ou bien alors arriver
jusqu’au bout du délai constitutionnel sans que l’élection
ait lieu », poursuit-il, indiquant que « tout peut se jouer à
la dernière minute ».
Ce report est
intervenu alors que des efforts diplomatiques sont déployés pour
favoriser un accord. Les ministres français, espagnol et italien
des Affaires étrangères ont effectué une mission commune samedi
à Beyrouth. Sans nier l’existence de mésententes, ils ont évoqué
un climat plus « positif » et « constructif » entre les
protagonistes libanais, les appelant à ne pas rater « le
rendez-vous démocratique ». Les diplomates ont également noté
un « mouvement de coordination, d’acceptation commune » sur
l’échéance présidentielle entre les chrétiens des deux
parties.
En effet, les
tractations vont bon train. Dimanche soir, une rencontre s’est
tenue entre deux leaders chrétiens de l’opposition et de la
majorité, le général Michel Aoun et l’ancien président Amine
Gemayel, pour « apaiser la tension politique » et favoriser le
dialogue entre les deux parties. Chose qui n’aura lieu qu’au
prix de nombreuses concessions. Soulignant la gravité de la
situation, le conseiller de M. Gemayel, Sélim Sayegh, qui était
présent à la réunion, a indiqué qu’il « ne fallait pas
sous-estimer la tension qui existe actuellement dans les milieux
chrétiens » divisés entre opposition et majorité. « Cette
tension pourrait être fondatrice d’une déflagration dont les
chrétiens payeront le prix », a-t-il dit.
Le Liban traverse
une grave crise politique depuis que l’opposition a retiré ses
six ministres du gouvernement de Fouad Siniora en novembre 2006,
provoquant une paralysie des institutions, dont celle du Parlement
qui élit le président de la République. La majorité insiste
pour que le futur président soit issu de son camp, alors que
l’opposition met en garde contre l’élection d’un candidat
qui ne serait pas « consensuel ».
L’impasse
actuelle fait craindre la création d’un gouvernement rival par
l’opposition, aboutissant à la coexistence de deux équipes de
l’exécutif, un scénario identique à celui qu’a connu le
Liban à la fin de la guerre civile. Beaucoup craignent également
l’assassinat d’un autre député de la majorité anti-syrienne
avant la nouvelle séance, comme ce fut le cas pour Antoine Ghanem,
tué à quelques jours de la session du 25 septembre.
Il s’agissait du
sixième assassinat d’un député depuis 2005 dans des attentats
imputés par la majorité à la Syrie, qui nie toute implication.
Le vice-président américain Dick Cheney a accusé dimanche la
Syrie d’utiliser la « corruption et l’intimidation » pour
empêcher que le Parlement libanais puisse procéder sans entrave
à l’élection du président de la République.
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Publié le 24 octobre 2007 avec l'aimable
autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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