Palestine
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Juste
un coup de pouce
Maha Salem
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Palestine
. Une conférence internationale des donateurs pour
l’Etat palestinien tenue lundi à Paris a mobilisé une aide
substentielle pour soutenir l’économie palestinienne et le président
Abbass face au Hamas.
Photo Al-Ahram
Mercredi 19 décembre 2007
Afin
de fournir un soutien financier et politique à l’Autorité
palestinienne, quelque 90 délégations se sont retrouvées lundi
dernier à Paris pour une conférence internationale destinée à
appuyer les difficiles discussions de paix, en soutenant financièrement
l’émergence d’un Etat palestinien. Cette conférence de Paris
découle de celle qui s’est tenue le mois dernier à Annapolis
sous l’égide des Etats-Unis. « Sans les aides en liquide
permettant au Trésor palestinien d’accomplir son rôle, nous
serons confrontés à une catastrophe totale en Cisjordanie et
dans la bande de Gaza », a déclaré le président palestinien
Mahmoud Abbass. Alors que l’économie palestinienne reste
lourdement pénalisée par les restrictions à la circulation
imposées par l’Etat hébreu au nom de la sécurité. La réunion
de Paris a ainsi plaidé pour un assouplissement progressif des
restrictions israéliennes de circulation (il y a 550 barrages
israéliens en Cisjordanie) et un effort accru des Palestiniens en
matière de sécurité. « La situation économique ne pourra se
normaliser que si le secteur privé investit et se développe. Or
cela ne sera pas possible si ces restrictions ne sont pas levées
», a estimé le ministre palestinien du Plan, Samir Abdallah. «
Le développement économique ne pourrait atteindre ses objectifs
sans la levée des restrictions imposées par Israël en
Cisjordanie et du bouclage de Gaza depuis juin. Les deux doivent
avancer parallèlement, même si le décaissement des fonds
internationaux n’est pas strictement conditionné à ces
objectifs ».
Séduits
par les réformes financières lancées par le premier ministre
palestinien Salam Fayyad, les donateurs internationaux ont mis la
main à la poche. A cet égard, plusieurs pays ont octroyé des
aides d’urgences aux Palestiniens, dont les plus importantes
sont celles octroyées par les pays occidentaux. Selon la secrétaire
d’Etat américaine Condoleezza Rice, les Etats-Unis ont proposé
aux Palestiniens une aide de plus de 500 millions de dollars. Mais
les Etats-Unis ne sont pas les seuls donateurs, la liste est
encore longue. La Commission européenne a annoncé une aide de
650 millions de dollars pour l’année 2008. La France fournirait
300 millions de dollars, et l’Allemagne promet aussi 300
millions de dollars. Le Japon a offert une aide de 150 millions de
dollars : « Nous voulons faire de notre mieux pour la création
d’un Etat palestinien, qui coexistera avec Israël », a
indiqué le ministre japonais des Affaires étrangères, Masahiko
Komura, en ajoutant que ces sommes seront destinées à soutenir
des programmes d’éducation et de santé.
En
effet, l’Autorité palestinienne voulait quelque 5,6 milliards
de dollars sur trois ans (2008-2010) pour financer un plan destiné
à soutenir son budget et lancer des projets destinés à améliorer
la vie quotidienne des Palestiniens.
Au-delà
de l’aspect économique, la communauté internationale a
renouvelé son appui politique aux efforts de paix après la conférence
d’Annapolis le 27 novembre dernier, qui avait débouché sur un
engagement politique de tenter de parvenir à un Etat palestinien
avant la fin 2008. La conférence de Paris est une étape
essentielle et s’inscrit « totalement dans la dynamique initiée
à Annapolis », a déclaré le porte-parole de Nicolas Sarkozy,
David Martinon. Elle est « économique, mais également politique
(et) son objectif est clairement affiché : parvenir rapidement à
la création d’un Etat palestinien », a-t-il ajouté.
Sonnette
d’alarme
La
conférence de Paris intervient au moment où le Programme des
Nations-Unies pour le Développement (PNUD) a lancé un cri
d’alarme pour sauver l’économie palestinienne dans la bande
de Gaza. Il a mis en garde lundi contre un risque d’effondrement
total du secteur privé palestinien dans la bande de Gaza si le
bouclage israélien de ce territoire contrôlé par le Hamas n’était
pas levé. Cet avertissement est le quatrième en une semaine
exprimé par un organisme international sur les effets du bouclage
de la bande de Gaza.
Le
Pnud, se basant sur les résultats d’une enquête téléphonique
réalisée auprès de 319 entreprises de Gaza, affirme dans un
rapport que « le secteur privé de la bande de Gaza est sur le
point de tomber, sans espoir de se relever, si le strict bouclage
de la bande de Gaza n’est pas levé ». Ce rapport affirme que
le niveau de production dans les entreprises de Gaza est passé de
76 % de leur capacité avant janvier 2006 à 11 % depuis juin
2007. Israël a entièrement bouclé la bande de Gaza après la
prise du pouvoir du Hamas islamiste à la mi-juin. Il a notamment
fermé Karni, l’unique terminal routier pour le passage des
marchandises, bloquant ainsi importations et exportations. Selon
le Pnud, « depuis juin, 78 % des entreprises de Gaza interrogées
ont indiqué avoir licencié une partie considérable de leur
personnel. Il y a six mois, le nombre moyen de salariés par
entreprise était de 31, contre 9 en moyenne aujourd’hui ». Par
ailleurs, 36 % des entreprises interrogées ont dû réduire les
salaires de leurs employés d’environ 40 % en moyenne au cours
du semestre écoulé, ajoute le Pnud. Il assure cependant dans une
« note positive » que la levée immédiate du bouclage israélien
de Gaza « permettrait encore à la majorité du secteur privé de
se relever rapidement ».
Le
Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’Onu avait
averti, vendredi, que l’isolement de la bande de Gaza « faisait
planer sur l’économie locale la menace d’un dommage irréparable
et rendait sa population encore plus tributaire de l’aide extérieure
».
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Hebdo
Publié le 19 décembre 2007 avec l'aimable
autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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