Palestine
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La conférence de paix
doit être basée sur l’initiative arabe »
Yasser Abd-Rabbo
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Secrétaire général du
comité exécutif de l’OLP, Yasser
Abd-Rabbo évalue les
chances de réussite de la conférence internationale de paix qui
doit se tenir en automne pour régler le conflit
palestino-israélien.
Yasser Abd-Rabbo - Photo Al-Ahram
Mercredi 15 août 2007
Al-Ahram Hebdo :
Comment voyez-vous les chances de réussite de la conférence
internationale de paix à laquelle avait invité le président américain
George W. Bush, et qui doit avoir lieu en automne prochain ?
Yasser Abd-Rabbo
: Nous accueillons favorablement
l’invitation du président américain à tenir une conférence
internationale de paix, tout en réclamant que l’objectif
principal de la conférence soit d’établir un Etat palestinien
indépendant avec Jérusalem pour capitale. Et ce, dans un délai
déterminé par la conférence. L’invitation de Bush a des
chances égales de succès et d’échec. Il est important que la
partie palestinienne et arabe n’assume pas seule la
responsabilité de l’échec. Ceci signifie que nous devons
adopter une position positive envers la conférence que les Arabes
ont longuement réclamée.
Il faut insister
sur les conditions de réussite de la conférence. Ces conditions
consistent à ce que la conférence soit tenue sur le principe de
l’initiative arabe de paix, où existent tous les éléments légitimes
et internationaux d’une solution globale de la cause
palestinienne, y compris les questions des réfugiés et de l’établissement
d’un Etat palestinien, avec Jérusalem pour capitale, dans les
frontières de 1967. L’objectif est de ne pas aller à la conférence
avec une « Déclaration de principes » obscure, faible et inférieure
à l’initiative arabe de paix.
L’initiative
arabe de paix, lancée lors du sommet de Beyrouth en 2002, stipule
une normalisation arabe globale avec Israël en contrepartie
d’un retrait israélien de tous les territoires arabes occupés
et d’un règlement de la question des réfugiés palestiniens
conformément à la résolution 194 des Nations-Unies.
Mais comment
assurer concrètement la réussite de la conférence ?
Nous réclamons à
Israël et aux Etats-Unis d’entamer immédiatement des négociations
palestino-israéliennes pour arriver à un accord détaillé
autour des différentes questions du statut définitif, y compris
l’établissement d’un Etat palestinien dans les frontières de
1967, avec Jérusalem pour capitale, ainsi que le règlement de la
question des réfugiés selon la résolution 194 de l’Onu. Cette
solution détaillée doit être accompagnée d’un calendrier précis
d’application et de garanties internationales pour protéger
cette solution et son application.
Pensez-vous que
l’Etat hébreu soit disposé à parvenir à une telle solution ?
La position israélienne
continue jusqu’à aujourd’hui à entraver les négociations
sur le statut final des territoires palestiniens. Israël veut séparer
la question de l’établissement d’un Etat palestinien des
questions du statut final, de la Feuille de route et des réfugiés
palestiniens. C’est-à-dire instaurer un Etat palestinien sur le
reste des territoires qui constituent une partie de la Cisjordanie
et qui sont séparés les uns des autres, comme des cantons. Cette
situation mènera à la destruction de l’unité du peuple
palestinien et de son économie. Un phénomène qui est d’autant
plus accentué par la situation actuelle dans la bande de Gaza après
le coup de force du Hamas. Les ambitions israéliennes doivent être
affrontées par une position palestinienne commune et non par la
passivité ou par des positions pessimistes qui prédisent à
l’avance que les négociations échoueront.
Comment
surmonter justement la situation née de la séparation de fait de
la bande de Gaza, désormais sous le contrôle du mouvement de la
résistance islamique (le Hamas) et qui fait qu’il y a
aujourd’hui deux interlocuteurs du peuple palestinien : l’Autorité
d’autonomie, sous la domination du Fatah de Mahmoud Abbass, et
les islamistes du Hamas ?
Malheureusement,
des courants extrémistes palestiniens et arabes veulent donner à
Israël l’occasion de faire échouer cette solution, tout en
faisant assumer la responsabilité de cet échec à l’Autorité
palestinienne et ce en adoptant une position qui prédit l’échec
à l’avance et par conséquent sape toute action politique
positive.
L’unique représentant
légitime du peuple palestinien est l’OLP. Il faut ici se
rappeler la division qui avait eu lieu il y a 25 ans à l’intérieur
du Fatah et qui avait été appuyée par certains pays arabes. On
entendait alors dire qu’il ne fallait pas inviter les
Palestiniens à toute conférence à cause de cette division. Or,
la direction palestinienne s’était opposée à tous les défis
et à toutes les tentatives d’ingérence dans les affaires intérieures
palestiniennes.
L’OLP a été
fondée en 1973, c’est-à-dire 15 ans avant la naissance du
Hamas. Des dizaines de milliers de martyrs ont protégé cette
représentation unique contre des Etats, des forces et des
courants régionaux qui ont tenté d’accaparer la représentation
du peuple palestinien pour renforcer leurs assises ou leurs régimes.
Les parties israéliennes extrémistes de droite, en plus de
certaines parties internationales qui s’opposent aux droits
palestiniens, prennent pour prétexte le coup de force perpétré
par le Hamas pour prétendre que les Palestiniens ne sont pas
unis.
Le coup de force du
Hamas dans la bande de Gaza est un incident unique dont l’effet
diminue jour après jour. Nous continuerons à l’OLP à porter
le drapeau unique du peuple palestinien avec tous ses courants
sans aucune exception. C’est parce que nous tenons à la
pluralité politique que nous avons réussi à protéger cette
unité. Les partisans du Hamas qui ont effectué ce coup de force
tentent aujourd’hui d’éliminer cette pluralité en instaurant
un émirat islamiste du Hamas d’une seule couleur sur une partie
de la terre de la Palestine. Le Hamas a ainsi prouvé que son
attachement à la démocratie ne tient que lorsqu’il en profite.
Les
circonstances de la tenue de la conférence restent cependant
confuses, notamment sa date, son ordre du jour ainsi que les
parties qui doivent y participer ...
Toutes les parties
concernées doivent assister à cette conférence sans aucune
condition qui limiterait leur participation.
Pensez-vous que
les Etats-Unis soient vraiment sérieux à exercer des pressions
sur l’Etat juif pour qu’il vienne et accepte une solution
durable de la question palestinienne ?
C’est difficile
à prédire. Après l’échec américain dans différentes régions
du Proche-Orient, les Etats-Unis cherchent à changer leur image,
d’où peut-être leur appel à la tenue d’une conférence
internationale sur le conflit israélo-palestinien. Mais
aujourd’hui personne au monde, en particulier les petits
peuples, ne peuvent se laisser entraîner par de telles analyses
pessimistes, qui les feraient abandonner les opportunités qui se
présentent à eux, même si ces opportunités sont minimes. Le
peuple palestinien ainsi que tous les peuples sous occupation ont
besoin de tout espoir quelles que soient ses chances de réussite.
Les médias israéliens
ont indiqué que le premier ministre israélien, Ehud Olmert,
envisage de restituer 90 % des villes palestiniennes en
Cisjordanie. Pensez-vous que cette proposition puisse constituer
un terrain d’entente entre Palestiniens et Israéliens ?
Le retrait des
seules villes palestiniennes ne constitue pas la solution finale
que nous désirons négocier. C’est un pas qui s’inscrit dans
le contexte de l’exécution des engagements pris par Israël.
L’objectif est de mettre fin au blocus des villes et des régions
palestiniennes, d’arrêter les assassinats des personnalités
palestiniennes et la construction du mur de sécurité et ce dans
le contexte de ce qu’on appelle l’instauration de la confiance
entre Palestiniens et Israéliens. Cette proposition ne signifie
pas mettre fin à l’occupation alors que ce que nous voulons négocier
c’est l’évacuation complète de tous les territoires
palestiniens, c’est-à-dire d’établir un Etat palestinien indépendant
sur toute la Cisjordanie et la bande de Gaza.
Propos
recueillis par Achraf Aboul-Hol
Droits de reproduction et de
diffusion réservés. © AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 15 août 2007 avec l'aimable
autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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