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Al-Ahram Hebdo
Course d'obstacles
Abir Taleb
Photo Al-Ahram
Mercredi 11 février 2009
Palestine. Les positions d’Israël et du Hamas sur le
maintien du cessez-le-feu dans la bande de Gaza semblent se
rapprocher. L’annonce d’un accord serait proche. De nombreux
doutes persistent cependant.
Après les multiples va-et-vient
des représentants du Hamas entre Le Caire, Damas et Téhéran
entre autres, les intenses efforts menés par l’Egypte, notamment
avec la tournée du président Moubarak en Europe, il semble qu’un
accord portant sur la trêve serait enfin à portée de main. Il
serait toutefois prudent de se garder de trop d’optimisme ; les
expériences précédentes ayant montré que les volte-face de
dernière minute sont fréquentes, et que quand bien même accord
il y a, entre la théorie et la pratique, il y a souvent un
monde.
Quoi qu’il en soit, pour l’heure,
les détails de cet éventuel accord ne sont pas encore connus.
Les dirigeants du Hamas continuent à se concerter, et les
efforts de la diplomatie égyptienne, auxquels se sont joints
ceux des Européens, ne tarissent pas. Les récentes déclarations
des uns et des autres laissent cependant espérer un accord très
proche. Une trêve de 18 mois pourrait être annoncée d’ici à «
quelques jours », a dit à Reuters Oussama Al-Mouzaini, haut
responsable du Mouvement de la résistance islamique, sans donner
de précisions sur le contenu des négociations. « Il y a des
signes positifs pour qu’on parvienne dans les tout prochains
jours à une entente », a confirmé le porte-parole du ministère
égyptien des Affaires étrangères, Hossam Zaki, évoquant
notamment « une entente orale sur une trêve d’un an et demi » et
une « réouverture partielle des points de passage ».
Cependant, un autre responsable
du Hamas s’est déclaré moins certain. Mohamed Nazal, leader du
mouvement basé à Damas, a précisé sur un site Internet du Hamas
: « Les négociations sur la trêve rencontrent quelques
difficultés, notamment concernant les termes de la trêve. Israël
ne veut pas une trêve limitée par une période, alors que nous
avons accepté une trêve d’un an et demi. L’autre problème que
nous rencontrons est lié à la fin du siège et à l’ouverture des
passages ». M. Nazal a déclaré que l’Egypte ne souhaite pas,
dans la première phase de l’accord, inclure la réouverture du
passage de Rafah, et d’ajouter que « l’Egypte veut rouvrir le
passage dans le cadre d’un accord entre le Hamas et l’Autorité
palestinienne ». « Cela signifie qu’il n’y a aucune garantie de
rouvrir le passage de Rafah », a souligné M. Nazal, et d’ajouter
que « concernant les passages avec Israël, Israël a déclaré
qu’il rouvrirait partiellement les passages et permettrait
l’entrée de 80 % des marchandises dans Gaza ».
Beaucoup de doutes persistent
donc malgré l’intensification des discussions au cours de ces
derniers jours, notamment en raison des élections israéliennes
de ce mardi 10 février. Selon des responsables occidentaux et
palestiniens, les positions de l’Etat juif et du Hamas se sont
rapprochées sur plusieurs sujets, dont la création d’une zone
tampon de 300 mètres à la frontière entre Israël et la bande de
Gaza, où les activistes auraient interdiction de pénétrer. Or,
l’entourage du premier ministre israélien sortant, Ehud Olmert,
s’est refusé à tout commentaire. M. Olmert n’a plus que quelques
heures à passer en tant que premier ministre, et le nouveau
venant risque de poser de nouvelles conditions.
Jusqu’à présent, il est question
d’un processus de trêve par étapes, tel que l’a proposé Le
Caire. La première étape serait l’annonce d’un cessez-le-feu de
longue durée en vue de prolonger celui annoncé, chacun de leur
côté, par Israël et le mouvement islamiste le 18 janvier dernier
pour mettre fin à l’offensive israélienne dans la bande de Gaza.
Viendraient ensuite un échange de prisonniers, actuellement en
discussions, l’ouverture des passages frontaliers vers le
territoire palestinien et des pourparlers de réconciliation
entre factions palestiniennes rivales.
Plusieurs de ces points demeurent
néanmoins sujets à caution, notamment l’échange de prisonniers,
à propos duquel ont circulé de part et d’autre des informations
contradictoires, mais qui pourrait s’accélérer après l’annonce
d’une trêve.
Le Hamas a demandé la libération
de 1 400 détenus, dont 450 de longue durée, en échange du
caporal israélien Gilad Shalit, enlevé en 2006 par des
activistes gazaouis. Selon des diplomates, Israël serait prêt à
libérer un millier de détenus.
La proposition du Caire inclut
également l’ouverture des passages frontaliers, y compris celui
de Rafah, entre la bande de Gaza et l’Egypte, qui serait placé
sous la surveillance d’observateurs internationaux, mais la date
et les conditions ne sont pas formellement définies pour
l’heure.
Ehud Olmert a en outre
conditionné la levée du blocus frontalier à la libération de
Gilad Shalit et a refusé de garantir au Hamas que les passages
resteraient ouverts. De son côté, le mouvement islamiste n’a pas
dit dans quelle mesure il accepterait de voir les forces de
sécurité palestiniennes, fidèles au président Mahmoud Abbas,
prendre position à la frontière.
On se demande alors à quoi riment
toutes ces déclarations optimistes, sachant que quand bien même
une trêve serait annoncée, les positions des uns et des autres
resteront diamétralement opposées, éloignant tout espoir d’un
véritable règlement à long terme.
Droits de reproduction et de diffusion
réservés. ©
AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 12 février 2009 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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