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Irak
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Les
chiites tentent le front uni
Maha Salem
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Iraq.
Les deux formations chiites les plus puissantes ont conclu un
accord de réconciliation propice à la consolidation de l’Etat
iraqien.
Photo Al-Ahram
Mercredi 10 octobre 2007
Afin de mettre fin
à une rivalité meurtrière, les deux formations chiites les plus
puissantes d’Iraq ont conclu samedi dernier un accord de réconciliation.
Le Conseil Suprême Islamique d’Iraq (CSII) de Abdel-Aziz
Al-Hakim dirigé par son fils, Ammar, et le courant plus radical
de Moqtada Sadr disposent tous deux de puissantes milices armées,
qui s’affrontent pour le contrôle de la communauté chiite,
majoritaire en Iraq. Cette réconciliation chiite devra s’étendre
aux autres communautés, a noté Selim Abdullah, porte-parole de
l’alliance sunnite au Parlement. Il a souhaité que «
l’accord ne se limite pas aux deux mouvements chiites mais
s’ouvre sur d’autres formations ».
Cependant, le représentant
des Sadristes à Najaf, Lywa Sumaysim, a prévenu que « cet
accord ne veut pas dire que nous retournons au gouvernement ou
dans les rangs de l’alliance parlementaire ». Les ministres
sadristes ont quitté le cabinet de Nouri Maliki et se sont désolidarisés
de la majorité gouvernementale. Pour sa part, Ammar, le jeune
chef politique, a affirmé que « nous n’avons pas d’autre
choix que de construire l’Etat iraqien. La loi doit avoir le
dernier mot, et les armes doivent être entre les mains du
gouvernement. Les Iraqiens n’ont pas d’autre choix que la tolérance
». Pour lui, l’accord entre le CSII et les Sadristes est
l’aboutissement normal d’un processus de rapprochement dicté
par la nécessité. « Tout affrontement de quelque sorte que ce
soit en Iraq handicaperait le processus politique et notre projet
», a assuré Ammar Hakim.
Gamal Zahrane,
professeur à la faculté de sciences économiques et politiques
à l’Université du Canal de Suez, estime que « cet accord
entre les deux influents leaders chiites montre qu’ils veulent
accélérer le processus de retrait des troupes étrangères de
leur pays. Si les autres courants signent des accords semblables,
la violence peut diminuer ».
En revanche,
d’autres analystes sont plus pessimistes. « Les différentes
communautés iraqiennes ont signé plusieurs accords de réconciliation,
mais ces accords n’ont pas donné de véritables résultats. Il
existe trop de divergences entre les différentes factions
iraqiennes », affirme Hicham Ahmad, professeur de sciences
politiques à l’Université du Caire.
Cela dit, les
Iraqiens tentent tant bien que mal d’y croire. Le premier
ministre iraqien Nouri Maliki a jugé cet accord comme étant «
l’expression de la responsabilité nationale » de ces deux
formations qui peuvent aligner plusieurs dizaines de milliers de
combattants.
Cessation des
violences
L’accord contient
trois points. Le premier évoque une cessation des violences et
porte sur la nécessité de respecter le sang iraqien en toutes
circonstances et entre toutes les parties. Les deux autres points
insistent notamment sur la mise sur pied de comités locaux pour
parer à d’éventuelles divergences.
Le mouvement de
Moqtada Sadr, formé peu après l’invasion américaine de 2003,
est la plus puissante formation chiite d’Iraq et son bras armé,
l’armée de Mahdi, particulièrement implantée parmi les
classes les plus pauvres de la population chiite, est composée de
milliers de militants. L’armée de Mahdi a annoncé le 29 août
une trêve de six mois de ses opérations militaires contre les
forces américaines, tandis que la branche politique du mouvement
s’est retirée de la coalition parlementaire pro-gouvernementale
mi-septembre. Moqtada Sadr, son chef, se présente comme un
nationaliste intransigeant, ouvertement hostile à l’occupation
américaine. De l’autre côté, Hakim dirige le CSII, une autre
faction chiite très puissante qui est l’un des piliers de la
coalition gouvernementale du premier ministre Nouri Maliki. Le
CSII fut fondé en 1982 en Iran en tant que mouvement
d’opposition en exil. Cette formation est rentrée en Iraq en
2003. Elle a remporté l’année dernière 30 sièges sur les 275
du Parlement iraqien et rejoint la coalition gouvernementale. Le
chef Abdel-Aziz Al-Hakim est réputé pour avoir des liens étroits
avec les responsables iraniens, mais il a également été reçu
par le président George W. Bush, et évite d’exiger un
calendrier de départ du contingent américain.
Depuis des mois,
leur rivalité s’est traduite par des affrontements armés, et
des assassinats, et plus récemment des violences dans la ville
sainte de Kerbala, au sud de Bagdad. Ce dernier épisode avait
outré les chiites, qui voient ces affrontements internes entamer
l’aptitude de leur communauté à traduire son poids démographique
en une dynamique politique efficace. « C’est pour cela que les
deux bords ont compris qu’il était dans leur intérêt de
passer un accord », a commenté pour l’AFP, Mahmoud Othman, un
député kurde. « Je pense que la tension entre les deux les
avait affaiblis », a-t-il poursuivi.
La concurrence
entre le CSII et les Sadristes tient avant tout de leur histoire récente,
et de la nature de leurs clientèles respectives. Mais pour que
l’initiative des deux mouvements chiites débouche sur une
stabilisation en Iraq, elle doit dépasser le cadre étroit des
rapports de sécurité entre leurs milices respectives — ce qui
n’est pas encore le cas.
Droits de reproduction et de
diffusion réservés. © AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 10 octobre 2007 avec l'aimable
autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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