Opinion
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Jérusalem, et le jour J
d'Israël
Ahmad Y. Al-Qarei
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Photo Al-Ahram
Mercredi 10 septembre 2008
Jamais le plan de judaïsation de
Jérusalem n’a été une menace aussi grande pour l’avenir de la
ville sainte. Alors que les pays arabes se préparent à désigner
la ville dès le début de l’année prochaine capitale de la
culture arabe. Cependant, un grand doute plane sur ce projet à
cause de la situation historique actuelle que vit Jérusalem avec
ses lieux sacrés, ses territoires, son patrimoine, son
architecture et tout son poids historique pris en otage à
l’intérieur du mur de séparation raciste, totalement à l’écart
de son environnement arabe. Le sabotage israélien mené contre
les lieux sacrés musulmans et chrétiens se poursuit nuit et
jour, parallèlement à une colonisation juive intense. A tel
point qu’un temple similaire au modèle de Salomon est en train
d’être construit, comme prélude à la destruction des fondations
de la Mosquée d’Al-Aqsa. Israël tend
à mettre en place un nombre de temples juifs dans les différents
coins de Jérusalem afin de conférer un aspect juif à la ville et
ne cesse de transgresser la liberté de culte en empêchant les
fidèles des autres religions de parvenir aux lieux sacrés pour
prier ou pour pratiquer les cultes religieux en toute liberté,
sans contraintes.
Le statu quo de Jérusalem affecte
négativement l’arabité de la ville ainsi que la sécurité arabe
et musulmane. Des violations israéliennes qui vont à l’encontre
du droit international, de la légitimité internationale et des
droits de l’homme.
Alors que le plan de judaïsation
de Jérusalem est accéléré, nous trouvons qu’Olmert,
le premier ministre israélien, refuse d’inscrire la cause de
Jérusalem dans le calendrier de toute réunion bilatérale ou
multipartite avec l’Autorité palestinienne revendiquant son
report de un à cinq ans.
En réalité, le report des
négociations autour de Jérusalem, qui se succèdent depuis Oslo
1993, suscite actuellement des craintes plus qu’auparavant pour
de nombreuses raisons avec d’abord l’absence du parrain du
processus de paix, à savoir le président américain, discrédité
totalement depuis le discours qu’il a prononcé devant la Knesset
en mai dernier. Les Arabes craignent qu’Israël et les Etats-Unis
se soient entendus sur l’heure de la proclamation officielle de
Jérusalem comme capitale d’Israël. D’ailleurs, cette
reconnaissance des Etats-Unis de Jérusalem comme capitale
officielle était reportée depuis 1995 lorsque le Congrès
américain a décrété une loi reconnaissant Jérusalem comme
capitale éternelle d’Israël. A cette époque, le président
américain en exercice, Clinton, avait préféré reporter
l’application de cette loi pour 6 mois pour qu’elle n’affecte
pas le rôle américain au Moyen-Orient en tant que parrain du
processus de paix.
Il n’y a rien d’étonnant à l’idée
que Washington et Tel-Aviv se soient préalablement entendus sur
la date de la proclamation de Jérusalem comme capitale d’Israël.
A ce moment-là, les Etats-Unis s’empresseront d’inaugurer
l’ambassade américaine qui avait été installée sur un territoire
qui était la propriété d’un waqf
islamo-chrétien à Jérusalem. Les Etats-Unis n’avaient-ils pas
été les premiers à reconnaître l’Etat d’Israël le soir du 15 mai
1948, quelques minutes après l’annonce par Ben
Gourion de l’indépendance d’Israël ?
Dans ce contexte, une question
s’impose : qu’adviendra-t-il si le président américain George
Bush décide, avant son départ de la Maison Blanche, de ne pas
promulguer la décision américaine traditionnelle concernant le
report du transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem pour 6
mois ? Qu’adviendra-t-il si le candidat démocrate ou républicain
se trouve amené dans la surenchère électorale à promettre
catégoriquement l’inauguration de l’ambassade américaine à
Jérusalem pour gagner le soutien du lobby juif américain aux
élections.
La réplique arabe et musulmane à
ces deux interrogations se fait de la sorte : que la Ligue arabe
et l’Organisation de la conférence islamique s’engagent à
adopter un discours arabo-musulman unifié devant la nouvelle
session de l’Assemblée générale de l’Onu le 16 septembre,
c’est-à-dire à quelques semaines de la bataille électorale
américaine, prévue en novembre prochain.
La majorité écrasante des membres
de l’Assemblée générale de l’Onu appartiennent aux continents du
Sud — ceux du tiers monde — l’Afrique, l’Asie et l’Amérique
latine. Les gouvernements et peuples de ces trois continents
sympathisent avec la cause palestinienne, tout en étant
conscients de sa justesse. Ils ont soutenu toutes les décisions
qui ont confirmé les droits du peuple palestinien et surtout
celui de la mise en place d’un Etat palestinien avec pour
capitale Jérusalem. Il est temps que les différentes délégations
devant l’Assemblée générale de l’Onu se prononcent sur un
nouveau projet de résolution pour le futur Etat palestinien avec
Jérusalem comme capitale. Le président palestinien Mahmoud
Abbass, Abou-Mazen,
quant à lui, est amené à répéter la même scène où Arafat était
le principal acteur en 1974, lorsqu’il a prononcé son discours
sur l’estrade des Nations-Unies, avec à la main le rameau de
l’olivier qui l’a accompagné jusqu’au dernier souffle.
L’Assemblée générale des
Nations-Unies est actuellement la meilleure tribune
internationale pour défendre les droits du peuple palestinien, à
un moment où les activités du Conseil de sécurité ont été gelées
dans le cadre des intérêts américains.
Ahmad Y. Al-Qarei
Spécialiste des questions de Jérusalem
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reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 10
septembre
2008 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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