Opinion
|
Où
va l'unité palestinienne ?
Abdallah Al-Chaal
|
Mercredi 9 avril 2008
Israël
parie sur la division du rang palestinien et a contraint
Abou-Mazen à choisir entre lui et le Hamas. C’est une réalité
évidente qui ne fait pas l’objet de divergence ou de doute. En
effet, le plan de Tel-Aviv a abouti et a obtenu les résultats
escomptés. La cause palestinienne s’est trouvée confrontée à
des obscurs règlements de compte, la résistance est mise à nu
et les frères palestiniens s’entre-tuent au lieu de s’unir
contre l’ennemi qui a hâte de les voir périr. Les appels à la
réunification palestinienne ont de tout temps été lancés à
voix basse pour une seule et unique raison. C’est pourquoi
Washington et Tel-Aviv ont toujours parié sur la dernière carte
de la question palestinienne qui mettrait fin au conflit
arabo-israélien, le conflit du siècle. Cependant, les scènes
d’extermination ont ravivé les consciences et les cœurs
arabes, accordant ainsi la priorité à la réunification des
rangs palestiniens. Il est absolument nécessaire dans ce contexte
de saluer à titre particulier l’Arabie saoudite, l’Egypte et
le Yémen qui ont déployé tous leurs efforts pour réconcilier
les frères ennemis. Une fois que l’espoir s’est renouvelé et
que la division palestinienne a été pratiquement dépassée après
les événements de Gaza et les jeux de mots israéliens (sur la
paix), l’Autorité palestinienne a accepté le principe du
dialogue sans condition. Israël, de son côté, s’est empressé
de dévoiler clairement et solennellement sa position. Dorénavant,
il n’est plus admissible que nos écrivains et gouvernements
restent impuissants face à une profonde attente d’une éventuelle
union palestinienne. Qu’Israël soit la cause ou pas de la
division entre les différentes factions palestiniennes, il est
impératif de bouger.
Nous
devons prendre conscience que notre principal défi doit être les
plans israéliens. Raison pour laquelle les écrivains se sont
divisés en deux camps. L’un d’eux estime qu’il y a un
rapprochement entre le président de l’Autorité palestinienne
et Israël depuis qu’Abou-Mazen a annoncé qu’il n’était
pas entièrement convaincu de la résistance et a mis l’accent
sur l’utilité des négociations. Abou-Mazen n’a pas caché à
maintes reprises qu’il souhaitait toujours maintenir des
relations cordiales avec Israël, tant que ce dernier reste le
plus fort. L’autre camp estime que le Hamas avec ses
comportements inflexibles a fait perdre au président de
l’Autorité toutes ses cartes et a contribué à son
affaiblissement.
En
réalité, la faiblesse a atteint tout le monde et
l’extermination est le destin qui les attend tous. Dans de
telles conditions, l’unique enjeu qui s’impose à tous les
acteurs de la scène palestinienne est la réunification, et que
leurs calculs soient basés sur le principe du « gagnant-gagnant
».
Nous
sommes tous conscients que le différend entre le Hamas et le président
de l’Autorité palestinienne est d’ordre méthodologique et
qu’il est loin d’être politique. Mais le fait de s’arrêter
si longtemps face à ce constat approfondira davantage le désespoir
et les fissures palestiniennes. D’autant plus qu’il est évident
que la priorité d’Israël consiste à maintenir le déchirement
palestinien avec en parallèle une poursuite des négociations.
Ainsi aura-t-il créé le climat idéal pour l’extermination
pour mener à bien son plan de colonisation et pour clore le
dossier palestinien.
Si
Abou-Mazen opte pour le choix israélien et refuse l’union
nationale, il sera banni par son peuple, et le Fatah sera voué à
l’échec et disparaîtra. Abou-Mazen ne pourra pas non plus
contraindre le Hamas à accepter une union nationale conformément
à un plan israélien.
D’autre
part, s’il insiste à faire aboutir la réconciliation et à
devenir le président de toute une nation unifiée, il
s’attirera alors la colère d’Israël.
Le
président de l’Autorité doit bien choisir l’intérêt de son
peuple. Si nous disons que l’intérêt de son peuple est
l’union nationale, quel que soit le prix à payer, alors un
besoin urgent de soutien arabe et international s’impose avec
force. Si Abou-Mazen se retrouve tout seul, il choisira Israël,
la plaie deviendra plus profonde et plus dangereuse.
Un
état de fait qui accélérera la fin de la cause palestinienne et
augurera une guerre civile à la suite de laquelle Israël
annoncera l’annexion de toute la Palestine, puisque les
Palestiniens ne seront plus qualifiés pour se gouverner eux-mêmes.
Surtout
que l’occasion leur a été offerte, même si ce n’est que
partiellement et de manière illusoire.
Droits de
reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 12 avril 2008 avec
l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
|