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Al-Ahram Hebdo
Le Hamas, grand gagnant
Abir Taleb
Photo Al-Ahram
Mercredi 7 octobre 2009
Palestine.
Alors que l’affaire Goldstone met à
mal l’Autorité palestinienne, le Hamas, lui, marque un point
avec la libération des prisonnières palestiniennes.
En concluant ce marché — une vidéo prouvant que le soldat
israélien Gilad Shalit est en vie contre la libération de 19
Palestiniennes —, le Hamas a marqué un point précieux face à
Israël et à ses rivaux de l’Autorité palestinienne. Depuis la
capture du soldat à la lisière de la bande de Gaza, en juin
2006, c’est un des rares succès dont peut se prévaloir le
mouvement islamiste qui a évincé l’Autorité palestinienne de ce
territoire en juin 2007. Certes, le Hamas n’a réussi ni à
desserrer le blocus israélien imposé après ce coup de force, ni
à opposer une résistance sérieuse aux offensives militaires
israéliennes, ni à acquérir une légitimité internationale,
restant considéré comme « organisation terroriste » par les
Etats-Unis et l’Union européenne. Mais il peut se targuer
d’avoir permis à des Palestiniennes de recouvrer la liberté sans
la moindre contrepartie politique et ce grâce à la lutte armée.
« C’est évidemment un gain important pour le Hamas. En fin de
compte, il a pu obtenir ces libérations contre rien. Ce n’est
qu’une preuve que Shalit est vivant que le Hamas a donnée. Ce
n’est pas une concession pour le mouvement, au contraire, c’est
un point positif. La preuve de vie du soldat israélien va servir
son ultime objectif, à savoir l’échange d’un nombre important de
prisonniers palestiniens contre la libération de Shalit. Ce qui
était l’objectif originel de la capture de ce dernier », estime
le docteur Hicham Ahmad, professeur de sciences politiques à
l’Université du Caire.
En effet, depuis sa capture en 2006, de
nombreux doutes planaient sur la mort de Shalit. Aujourd’hui,
avec cette nouvelle preuve, les négociations sur l’échange de
prisonniers vont être ranimées. Et le Hamas pourra obtenir de
nouvelles libérations et de nouveaux gains.
Sur le plan des luttes internes également, le
Hamas marque un point. Avec ce marché, il gagne en popularité
auprès de l’opinion publique palestinienne. C’est le Hamas qui
est parvenu à obtenir cette libération, considérée comme une
concession israélienne et non l’Autorité palestinienne, qui, de
son côté, multiplie les concessions sans rien obtenir en retour.
Voilà ce que pensent aujourd’hui les Palestiniens.
Il est vrai que dans le passé, Israël a
relâché des prisonniers en gage de bonne volonté envers
l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbass, son partenaire dans
les négociations de paix. Mais cette fois-ci, les négociations
se sont faites avec le Hamas. C’est là le gain le plus
important. Le mouvement islamiste s’impose de facto ainsi comme
un interlocuteur incontournable, alors qu’Israël a jusque-là
refusé toute négociation avec lui.
Aussi, « le Hamas veut se présenter avec une
image de modéré, en acceptant également le projet de
réconciliation avec le Fatah proposé par les Egyptiens. Il veut
prouver qu’il ne fait pas obstruction aux tentatives de
réconciliation nationale, alors que le Fatah, Israël et les
Etats-Unis ont toujours voulu véhiculer cette image », analyse
le Dr Hicham Ahmad.
Toute une stratégie qui va bien au-delà de
l’affaire des prisonniers politiques. On se retrouve désormais
en pleine campagne préélectorale, en prévision des élections
générales de 2010. Le Hamas opte pour des concessions à moyen
terme en vue d’un objectif à plus long terme : évincer le
président Mahmoud Abbass lors des prochaines élections, ou au
moins garder un poids politique capital et influent.
Droits de reproduction et de diffusion
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AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 7 octobre 2009 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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