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Les
armes pour seul langage
Rania Adel
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Palestine
. Les directions du Hamas et du Fatah peinent à imposer un
réel cessez-le-feu après une violence inusitée qui a coûté la
vie à plusieurs Palestiniens.
«
La situation est très compliquée et il est très dur
d’atteindre un calme complet ». Il n’y a rien de mieux pour décrire
la situation sur le terrain que cette phrase prononcée par
Abdel-Hakim Awwad, membre du Hamas et chargé de mettre en place
le cessez-le-feu à Gaza, après plusieurs jours d’affrontements
entre le mouvement islamiste et son rival, le Fatah, du président
Mahmoud Abbass. A la tombée de la nuit dimanche, la trêve
tentait à nouveau de prendre à Gaza, après deux journées
d’affrontements entre les deux principales factions, dernier développement
des violences qui ont fait 28 morts depuis jeudi.
Les
hommes armés du Hamas et du Fatah ont commencé dimanche à se
replier de leurs positions, dans une tentative de respecter une trêve
dans la bande de Gaza. La police est venue remplacer les tireurs
postés sur les toits, et les deux camps ont commencé à échanger
leurs otages alors que des patrouilles conjointes Hamas-Fatah
commençaient à circuler dans les rues pour faire respecter ce
cessez-le-feu.
Ces
dernières semaines, plusieurs accords de trêve ont été
rapidement violés. L’accord de cessez-le-feu survenu vendredi
dernier après la mort de 15 Palestiniens est le deuxième en une
semaine. Le précédent, entré en vigueur le 30 janvier après
une première vague d’affrontements sanglants, avait volé en éclats
à la suite d’une attaque de membres du Hamas contre un convoi
soupçonné de transporter des armes à destination des forces de
M. Abbass.
Raison
pour laquelle les deux parties ont souligné que de nouvelles
rencontres seraient nécessaires entre leurs dirigeants pour fixer
les modalités de retrait effectif des forces sur le terrain.
Selon les politologues, pour que le cessez-le-feu tienne, il faut
un dialogue sérieux et franc, des réformes politiques,
l’application de démocratie et la conviction que l’ennemi est
Israël et non point les concitoyens. Sinon, le feu couverait
toujours sous la cendre.
Ceci
dit, Khaled Mechaal, chef politique du Hamas en exil, a estimé,
dimanche, que les prochaines négociations avec le Fatah devaient
être couronnées de succès, et a appelé les combattants
palestiniens à la retenue. « Il est interdit d’échouer »,
a-t-il déclaré, lors d’une intervention télévisée depuis
Damas, la capitale syrienne. « J’appelle tous nos frères ...
à faire preuve de retenue et à se rappeler notre vraie bataille
» avec Israël.
Au
cours de la semaine, les deux factions s’étaient échangé les
accusations. Le Fatah accuse la direction politique du Hamas de ne
pas contrôler sa base et les Brigades Al-Qassam, dépendant du
Hamas, et la Force exécutive rattachée au ministère de l’Intérieur
d’être responsables de l’assassinat du commandant du service
des renseignements généraux, Abdel-Qader Salim. « Le problème
du Hamas est que la direction politique n’arrive pas à contrôler
ses militants sur le terrain », a affirmé le porte-parole du
mouvement, Tawfiq Abou-Khoussa. Les mêmes accusations contre les
factions armées dépendant du Hamas ont été formulées par les
responsables de la centrale syndicale Union des travailleurs
palestiniens, qui ont signalé que leur siège a été l’objet
d’une attaque de roquettes qui ont détruit une partie des
locaux, notamment le centre radio dépendant du syndicat, causant
ainsi des dégâts matériels importants.
Accusation
rejetée par le premier ministre Ismaïl Haniyeh du Hamas, qui
avait appelé M. Abbass à donner des « instructions » à ses
services de sécurité afin qu’ils respectent le second accord
de trêve. De même, le Hamas signale que les forces dépendant de
la présidence ont investi l’Université islamique, où un
incendie s’est déclaré dans une aile du bâtiment et que le siège
du ministère de l’Intérieur a été encerclé par ces mêmes
forces qui, selon des sources palestiniennes, étaient à la
recherche d’éléments iraniens infiltrés au sein de
l’Université.
Le
Quartette critiqué
Dans
cette ambiance malsaine de combats sporadiques, le Hamas et le
Fatah se sont mis d’accord sur un seul point : la critique du
refus du Quartette pour le Proche-Orient, réuni à Washington, de
lever le boycott financier imposé depuis un an aux Palestiniens.
«
Nous rejetons les décisions injustes du Quartette qui a refusé
de tenir compte de la légalité palestinienne et de la réalité
sur le terrain, ce qui fait le jeu de l’ennemi sioniste », a
affirmé à l’AFP Ismaïl Radouane, un porte-parole du Hamas. «
Cette politique de deux poids, deux mesures ne contribue pas à la
paix ni à la sécurité au Moyen-Orient », a également déploré
ce responsable du Hamas, qui contrôle le gouvernement. Nabil
Abou-Roudeina, porte-parole du président Abbass, a lui aussi
exprimé sa déception. « Nous nous attendions à ce que le
Quartette décide de lever le siège injuste imposé au peuple
palestinien pour mettre fin aux souffrances de la population et créer
les conditions favorables à la reprise du processus de paix »,
a-t-il affirmé également à l’AFP.
«
Nous demandons au Quartette d’appliquer rapidement la Feuille de
route et de présenter une position claire contre les mesures israéliennes
contraires à ce plan, en particulier les assassinats et
l’expansion de la colonisation », a ajouté ce proche du président
Abbass.
Le
Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne,
Russie et Onu) a réaffirmé les conditions préalables à une levée
de l’embargo financier qui a provoqué une asphyxie budgétaire
pour le gouvernement du Hamas. Parmi les conditions à une reprise
de l’aide internationale au gouvernement dirigé par le Hamas
figurent la reconnaissance d’Israël et des accords passés, et
la renonciation à la violence. « Le Quartette réaffirme que ces
principes subsistent », a indiqué le Quartette. Les membres de
ce dernier ont cependant reconduit le « mécanisme temporaire »
qui permet la distribution d’une aide financière aux
Palestiniens en contournant le gouvernement du Hamas, appelant même
à le « développer ». Le Quartette se réunira de nouveau « très
bientôt » à Berlin, après une réunion de la secrétaire d’Etat
américaine, Condoleezza Rice, avec le premier ministre israélien,
Ehud Olmert, et le président Mahmoud Abbass, prévue à la mi-février.
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