Palestine
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L’étau
se resserre autour du Hamas
Rania Adel
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Palestine
. Déterminé à en finir avec le Hamas, le Fatah du président
palestinien se redresse et cherche à briser le joug de la faction
islamiste.
Photo Al-Ahram
Mercredi 5 septembre 2007
Nouvel épisode
dans l’affrontement entre le Fatah et le Hamas. Le président
palestinien a dit, dimanche, avoir promulgué une nouvelle loi électorale
qui présidera aux prochaines législatives où s’opposeront le
Fatah, son mouvement majoritaire en Cisjordanie, et le Hamas qui a
pris le contrôle de la bande de Gaza. Le chef de cabinet du président,
Rafiq Al-Husseini, a précisé à l’AFP que « le décret avait
été signé auparavant mais que sa publication officielle a été
faite dimanche ». Cette loi s’inscrit dans l’optique d’élections
législatives anticipées souhaitées par le président Abbass. Le
19 juillet, le Conseil Central de l’OLP (CCOLP) a chargé M.
Abbass d’organiser des élections législatives anticipées et
de fixer la date d’un éventuel scrutin.
La nouvelle loi électorale,
présentée avec le représentant de l’Union européenne pour la
politique étrangère, Javier Solana, impose à tout candidat de
« respecter le programme de l’OLP » et les accords signés
avec Israël. Un point que refuse de faire le mouvement islamiste
qui contrôle la bande de Gaza.
Par ailleurs, aux
termes de la nouvelle loi, les Palestiniens voteraient sur la base
de listes de partis nationales au lieu de voter à la fois aux
niveaux national et local — ce qui pourrait se révéler défavorable
au Hamas, qui avait écrasé le Fatah aux législatives de janvier
2006. « La loi que nous avons promulguée a simplement consisté
à amener (le processus) électoral de façon à ce qu’il soit
exclusivement fondé sur des listes de partis nationales et non
plus sur deux listes », a dit Abbass aux journalistes à
Ramallah.
Bien avant cette
annonce, des responsables palestiniens ont dit que les conseillers
de Abbass étudiaient des options pour l’organisation de
nouvelles élections qui permettraient d’écarter le Hamas du
pouvoir.
Ceci dit,
l’organisation islamiste n’a pas tardé de refuser ladite loi.
Le porte-parole du Hamas à Gaza, Faouzi Barhoum, a rejeté
l’initiative de Abbass en accusant ce dernier de servir les intérêts
américains et israéliens. Quant à Sami Abou-Zouhri, il a
souligné que le président palestinien « n’a pas le droit
d’apporter des modifications à la loi palestinienne et n’a
pas le droit d’organiser des élections sans un accord du Hamas
». « Cette décision est illégale et sera rejetée. Le Hamas
est contre des élections anticipées et sans son accord elles
n’auraient aucun sens », a-t-il souligné.
Ce qui augure une
nouvelle crise inter-palestinienne. « Pour que les élections
s’organisent, il faut qu’elles soient acceptées de toutes les
parties. Etant donné que le Hamas rejette la nouvelle loi, on
peut s’attendre à ce que les élections n’aient pas lieu à
Gaza, ou qu’elles soient organisées en vertu de l’ancienne
loi, une consécration de la rupture entre la bande et la
Cisjordanie. La nouvelle loi constitue en soi l’objet de
controverse, les Palestiniens sont divisés à son égard, c’est
un nouveau facteur de tension entre eux », souligne le Dr Emad
Gad, rédacteur en chef d’Israeli Digests. Depuis la prise de
pouvoir de la bande de Gaza par le Hamas le 15 juin, le président
prend des décisions qui ont force de loi sans qu’elles ne
soient nécessairement votées par le Parlement qui a cessé de
fonctionner depuis la mi-juin. Abbass a dissous un gouvernement
dominé par le mouvement islamiste et formé un cabinet soutenu
par les pays occidentaux en Cisjordanie après l’éviction du
Fatah de la bande de Gaza par le Hamas en juin dernier.
Le président
palestinien refuse de discuter avec le Hamas avant qu’il ne
rende le pouvoir dans la bande de Gaza et ne s’excuse auprès du
peuple palestinien.
Montée de fièvre
Pour venir à bout
du Hamas, le Fatah du président de l’Autorité palestinienne
mobilise également à son profit les Palestiniens. Plus de 10 000
partisans du Fatah et d’autres mouvements palestiniens ont défié
vendredi le Hamas à Gaza en priant et manifestant dans les rues,
lors des plus importantes protestations depuis la prise de contrôle
de Gaza par le mouvement islamiste. Ces mouvements accusent le
mouvement islamiste de se livrer à des « provocations » et «
d’exploiter les mosquées pour enflammer les tensions entre
factions ».
Ces protestations
ont été réprimées par les membres de la Force exécutive, la
police du Hamas. Douze personnes ont été légèrement blessées
dans ces heurts, dont deux journalistes français de la télévision
franco-allemande Arte. Selon des témoins, la police du Hamas a
battu des manifestants avec des crosses de fusils ou à coups de bâton
et procédé à des arrestations.
« Ce qui s’est
passé à Gaza prouve une fois de plus que le Hamas applique son
projet putschiste, dont le but est d’imposer une dictature
aveugle et une idéologie extrémiste », a affirmé dans un
communiqué le bureau de M. Abbass à Ramallah, en Cisjordanie.
A Rafah, dans le
sud de la bande de Gaza, près de 5 000 personnes se sont également
rassemblées pour la prière. Dix personnes ont été légèrement
blessées par des grenades assourdissantes, lancées par la Force
exécutive qui ripostait à des jets de pierres, selon une source
médicale et des témoins.
« Il n’y a pas
eu d’arrestation en raison du déroulement de la prière dans la
rue, mais à cause des émeutes et des infractions à la loi »,
s’est défendu Ihab Al-Ghassine, porte-parole de la Force exécutive
lors d’une conférence de presse. Dans la matinée, des
habitants de Gaza avaient reçu des avertissements sur leur téléphone
portable. « Ta présence à la prière avec le Fatah te causera
beaucoup de problèmes et nous te conseillons de prier ailleurs.
Tu ne mérites pas d’être frappé, arrêté ou tué en raison
d’une bande de corrompus que tu connais bien », indiquait le
texte, reçu par des dizaines de personnes.
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Hebdo
Publié le 5 septembre 2007 avec l'aimable
autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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