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Monde Arabe
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L'issue reportée à sine
die
Abir Taleb
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Mercredi 1er octobre 2008
Palestine.
L’absence de percée
dans les négociations israélo-palestiniennes ainsi que les
bouleversements politiques en Israël rendent quasi impossible le
respect de l’échéance de fin 2008 pour parvenir à un accord.
Avec le départ prochain du
président américain George Bush et les troubles politiques
internes israéliens qui risquent d’entraîner des élections
anticipées, rien n’augure d’un développement positif dans le
processus de paix israélo-palestinien dans les mois à venir. En
effet, l’accord de paix censé intervenir avec la fin de l’année
reste hypothétique à l’heure qu’il est. Il faudra probablement
attendre la formation du nouveau gouvernement israélien dirigé
par Tzipi Livni, récemment nommée premier ministre, ou encore la
tenue d’élections législatives anticipées au cas où Livni ne
parviendrait pas à trouver de coalition pour son cabinet. Il
faudra également attendre le scrutin présidentiel américain de
novembre prochain. Autant d’obstacles qui éloignent tout espoir
de respecter l’échéance de fin 2008.
Cela dit, le Proche-Orient est
actuellement au centre d’une intense activité diplomatique à
l’occasion de la tenue de l’Assemblée générale de l’Onu cette
semaine.
Le Conseil de sécurité, réuni
vendredi dernier au niveau ministériel à la demande du groupe
arabe, a débattu de la colonisation juive dans les territoires
palestiniens, principale pierre d’achoppement dans les
négociations israélo-palestiniennes relancées en novembre 2007 à
Annapolis, près de Washington, avec l’objectif d’aboutir en
2008. Le Quartette international pour le Proche-Orient a ainsi
appelé Israël et les Palestiniens à déployer « tous les efforts
nécessaires » pour conclure un accord en 2008 et exprimé sa «
profonde préoccupation » devant la poursuite de la colonisation
juive. « La poursuite de la colonisation rend impossible la
création d’un Etat palestinien viable », a également déclaré le
chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al-Fayçal.
Quant au secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, il a
pour sa part affirmé lors du débat, qui n’a pas été sanctionné
d’un vote, que la colonisation « a atteint un point susceptible
de tuer tout espoir d’un Etat palestinien viable ».
Plus concret, le président
palestinien Mahmoud Abbass a expliqué, cartes à l’appui, que les
principaux blocs de colonies « ne permettront pas la création
d’un Etat palestinien, puisqu’ils divisent la Cisjordanie en
quatre cantons ». « L’alternative à la paix, c’est de voir la
région plonger de nouveau dans le cycle meurtrier de la violence
», a-t-il averti. Le président palestinien a aussi proclamé son
rejet de tout accord partiel avec Israël sous la pression du
facteur temps. « Les règlements partiels ou provisoires, qui
omettent ou reportent certains dossiers essentiels, ne sont pas
viables et laissent intactes les racines du conflit,
anéantissant ainsi tout progrès accompli sur le chemin de la
paix », a-t-il précisé. Selon lui, « tout règlement doit être
complet et détaillé et comporter un mécanisme d’application
selon un calendrier convenu ».
Mission difficile, voire impossible. On se
retrouve ainsi au point mort, pire encore, on se retrouve face à
une dégradation de la situation avec la question de la poursuite
de la colonisation.
Mais le président palestinien a tenu à
rappeler son engagement à poursuivre les efforts de paix avec la
personne qui succédera à Ehud Olmert à la tête du gouvernement
israélien, mais il a estimé qu’un nouveau cycle de violences
était possible en cas d’échec du fragile processus de paix
actuel.
Il s’agit donc en ce moment de régler la
question de la colonisation principale, source de blocage. Ce
sujet a aussi été épinglé par le Quartette international sur le
Proche-Orient, réuni au niveau ministériel au siège de l’Onu. Ce
groupement — Etats-Unis, Union européenne, Russie, Onu — a
appelé l’Etat hébreu à « cesser toutes les activités de
colonisation, y compris celles liées à la croissance naturelle,
et à démanteler les avant-postes (colonies sauvages) construites
depuis mars 2001 ».
Malgré ce tableau peu reluisant, la
secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice s’est dit
optimiste, déclarant que les négociations de paix progressaient
en dépit des remous politiques en Israël et qu’un accord restait
possible avant la fin de l’année. Cette déclaration est
intervenue au lendemain d’une rencontre entre les présidents
américain George Bush, et palestinien Mahmoud Abbass. Une
rencontre dont l’objectif est de tenter de maintenir sur les
rails le processus de paix au Proche-Orient. M. Bush, qui a
relancé les discussions de paix il y a dix mois dans l’espoir de
parvenir à un accord avant son départ de la Maison Blanche, en
janvier, a dû réduire ses ambitions à la recherche d’un cadre
pour la création d’un Etat palestinien. « Il me reste quatre
mois à mon poste et j’espère que la vision sur laquelle nous
avons travaillé, vous et moi, pourra se concrétiser », a dit
Bush à Abbass. « Ma seule promesse est que je continuerai à
travailler dur pour que cela puisse advenir ». Légère promesse
pour une mission des plus difficiles.
Droits de
reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 1er
octobre
2008 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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