Opinion
Les manœuvres dans
le Golfe:
Vaines gesticulations et retrait
stratégique
Akil
Cheikh Hussein
Vendredi 24 mai
2013 Des manœuvres
militaires, on en voit se dérouler tous
les jours partout dans le monde et plus
particulièrement dans les zones de
tension. Elles ont pour finalités
l'entrainement et l'intimidation de
l'ennemi. Mais les manœuvres maritimes
se déroulant actuellement dans les eaux
du Golfe sous l'égide de la Vème flotte
étasunienne semblent avoir d'autres
finalités et significations.
Il y a tout d'abord, le grand nombre de
pays qui participent à ces manœuvres
d'une durée de 25 jours : 41 pays parmi
les alliés et les outils des Etats-Unis,
c'est-à-dire un peu plus que le nombre
de pays ayant participé à la guerre
dirigée par les Etats-Unis contre
l'Afghanistan ou l'Iraq limitrophes, à
l'est et à l'ouest, de l'Iran. Des
manœuvres «défensives» selon les
déclarations des généraux étasuniens qui
aimeraient diffuser l'impression qu'ils
sont sur le point de s'attaquer à la
République islamique.
Le message apparent est donc clair. Ce
qui attend l'Iran est un sort semblable
à celui de l'Afghanistan et de l'Iraq.
Mais il ne s'agit là que d'une menace
vide de sens dans la mesure où les
Etats-Unis qui n'ont pas osé- durant les
quatre décennies écoulées depuis la
victoire de la République islamique-
lancer la moindre guerre contre l'Iran,
bien que cette ambition ait été et est
toujours une option «sur la table»,
savent bien que la défaite qui les
attend au cas où ils s'aventureraient en
Iran sera énormément plus amère que
celles qu'ils ont encaissées en
Afghanistan et en Iraq.
Quels sont donc les autres objectifs et
significations de ces manœuvres ? Aux
prises actuellement avec des problèmes
internes dont la crise économique, la
malédiction du second mandat, à savoir
son propre Watergate que représentent
les trois scandales qu'il a sur les
bras, et une chute de sa popularité
néfaste pour les élections de mi-mandat
ainsi que pour tout son avenir
politique, le président Obama cherche à
réduire tant que possible les pressions
d'origine externe.
Il a peut-être pensé que ces manœuvres
pourraient lui permettre d'abattre deux
oiseaux avec une seule flèche. Donner
satisfaction aux Israéliens et aux
monarchies du Golfe qui pourraient y
voir une prémisse à la guerre
étasunienne qu'ils ont tant et tant
espérée contre un Iran qui, de plus en
plus, s'impose comme une puissance
régionale déterminée à mettre en échec
les plans hégémoniques et l'arrogante
présence occidentale et israélienne dans
la région.
Et même un troisième oiseau en tentant
de tirer de l'embarras tous ceux qui
voient dans la présence des Etats-Unis
dans la région un précieux soutien à
leur «Printemps» se transformant en un
chaos arabe, mais qui s'affligent face
au décampement de la puissance
étasunienne vers les Iles lointaines du
Pacifique, les laissant ainsi seuls, ou
avec les moyens du bord que fournissent
la guerre dite «soft», à confronter les
situations difficiles dans lesquelles
sont entrainés tous les pays dont le
pouvoir est passé aux mains de ceux qui
ont déclenché ou détourner ce
«Printemps».
Pourtant, tout cela reste secondaire par
rapport à la véritable signification de
ce choix du Golfe comme théâtre des
manœuvres en question. Car, tout au
plus, l'Iran n'est actuellement qu'un
pays visé par une prétendue guerre à
venir si d'innombrables conditions
propices seraient réunies, alors que les
Etats-Unis et ses alliés et outils sont
engagés depuis plus de deux ans dans une
guerre que tout indique qu'elle
s'inscrit dans le contexte des défaites
encaissées, ces dernières années, par
les Etats-Unis en Afghanistan et en Iraq
et, par l'entité sioniste au Liban et à
Gaza.
C'est donc près des côtes syriennes que
les Etats-Unis auraient dû organiser de
telles
manœuvres
si toutefois ils se sentent en mesure
d'intimider ou de frapper la Syrie,
surtout à ce moment où l'armée arabe
syrienne s'approche rapidement du moment
de la victoire décisive.
Même avant les livraisons récentes
d'armes russes qui augmentent
considérablement les capacités
dissuasives de la Syrie, les Etats-Unis
et leurs alliés savent très bien qu'à
toute agression extérieure, la riposte
syrienne dont la date, la forme et
l'ampleur seront choisis par la Syrie
elle-même, aura des conséquences qui ne
se limiteront pas au seul changement de
la donne stratégique dans la région.
En résistant héroïquement durant plus de
deux ans dans une guerre menée par
toutes les formes du terrorisme
international, et en brisant
l'agression, la Syrie ne trace pas
seulement son propre avenir en tant que
levier de la résurrection de l'unité
arabe sur les débris des régimes
fantoches et de l'entité sioniste, mais
aussi en tant qu'élément principal dans
l'incontournable montée de nouvelles
puissances qui s'imposeront sur la scène
internationale dans les conditions de
l'effondrement qui commence déjà à
déstabiliser les puissances
impérialistes sur tous les plans.
Dans les conditions des défaites passées
et à venir des armées des Etats-Unis
dans la région, les stratèges du
Pentagone reconnaissent pratiquement
qu'en s'éloignant de la Syrie et en
organisant leurs manœuvres dans les eaux
du Golfe, ils ne procèdent pas au fameux
retrait «tactique», très à la mode
actuellement parmi les agresseurs de la
Syrie, mais bel et bien à un véritable
retrait stratégique vers, puis au-delà,
des îles lointaines du Pacifique.
Source : French.alahednews
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