Le mot «jâmi’a» (ligue) signifie en
arabe, classique et correct, une sorte
de menotte avec laquelle on attache les
bras du prisonnier à son cou pour
paralyser son pouvoir d’action. En
effet, la réunion des ministres arabes
des affaires étrangères qui s’est tenue
au Caire pour débattre de la guerre
contre Gaza traduit la fidélité de cette
Ligue arabe à sa fonction en tant que
menotte qui paralyse le pouvoir d’action
des arabes.
Qualifiée d’ «urgente», cette réunion
ne s’est tenue que trois longs jours
après le début des frappes massives
dirigées contre Gaza par la machine de
guerre israélienne. Il est à croire
qu’ayant cru que les Sionistes auront
achevé leur tâche consistant à pacifier
Gaza au bout d’un jour ou deux, les
«maîtres» de la Ligue arabe ont
sciemment traîné en longueur pour
permettre à la réunion des ministres de
se tenir sous le slogan «Dieu a épargné
aux Croyants le combat».
Pourtant, il faut dire que, dans la
réunion, une ou deux interventions ont
ressemblé à des gifles assenées aux
politiques défaitistes arabes face à
l’entité sioniste: on y a demandé
l’annulation des traités de paix, la
mise en œuvre du boycott arabe contre
les produits provenant des pays alliés
de l’entité sioniste. On y a également
évoqué les fonds arabes que l’Occident
utilise pour renforcer la puissance
israélienne.
Si certains observateurs ont vu une
façon de relever le plafond du discours
arabe dans les allusions qui ont parlé
d’une mise en question de la stratégie
de paix adoptée par les Arabes, il faut
rappeler qu’une telle mise en question
ne peut pas avoir lieu dans l’immédiat à
un moment où la priorité doit être
donnée au soutien à Gaza qui brûle sous
le déluge de feu israélien.
Prêter main forte à Gaza ? Oui.
Certains orateurs ont concurrencé à
exhiber les exploits de leurs
gouvernements à ce propos : Condamner,
réprouver et désapprouver l’agression
israélienne !
Contacter des responsables politiques
à l’échelle mondiale ! effectuer des
visites de soutien à Gaza par des
responsables arabes ! Proposition
audacieuse de constituer une délégation
ministérielle arabe et de l’envoyer à
Gaza pour évaluer la situation sur le
champ ! Ouverture en permanence du
passage de Rafah ! Soutien moral et
«humanitaire» aux habitants de Gaza !
Ouverture dans un pays arabe d’un
hôpital pour accueillir les blessés
venant de Gaza ! Bref, tout sauf l’aide
militaire ou par les armes au moins
comme on le fait pour les groupes
terroristes en mission de détruire la
Syrie !!!
Et tout cela sur le plan du soutien
immédiat et urgent. Mais le plus
important, et c’est ce que peuvent
comprendre les auditeurs qui s’efforcent
d’écouter les discours des ministres des
affaires étrangères arabes, et en
liaison avec les formes de soutien plus
radicales et plus utiles : L’un des
orateurs a trop évoqué les «fonds» et
les «aides financières» tout en attirant
l’attention sur l’importance de l’emploi
et des investissements…
A part ça, la plupart des
interventions n’ont pas abordé le
véritable sujet dans la mesure où elles
ont navigué dans les généralités qui se
répètent depuis 1948, par exemple en
mettant la question entre les mains de
la communauté internationale et, par
conséquent, en tournant le dos aux
Gazaouis affligés qui ont besoin d’une
aide directe et efficace.
Des orateurs ont mis l’accent sur la
menace que constituerait l’agression
israélienne pour ce qu’ils ont appelé
«la stabilité» et la «paix» régionales.
D’autres ont exclu toute idée d’une
intervention militaire arabe se
contentant d’exiger l’arrêt de
l’agression relayant ainsi l’accalmie
voulue par les Israéliens, accalmie
voulue également par le président
américain qui a demandé à certains chefs
arabes de promouvoir alors qu’ils
avaient, eux-mêmes, commencé dès le
début d’agir dans ce sens.
Sans
s’arrêter devant l’usage israélien de
l’accalmie comme moyen au service de la
perfidie comme c’était le cas avec
l’assassinat du dirigeant Ahmad
al-Ja’bari, l’accalmie souhaitée
maintenant par les Israéliens n’est
qu’une tentative de trouver une sortie
facile du trou dans lequel ils sont
tombés.
Les missiles de la Résistance
frappent les colons sionistes dans la
totalité de la région située entre Gaza,
et les deux villes palestiniennes
occupées, la Colline du Printemps
(Tel-Aviv) et al-Qods (Jérusalem). Ces
mêmes missiles ont prouvé leur pouvoir
d’atteindre les vaisseaux de combat, les
chars, et les bombardiers israéliens
aussi bien que de bloquer le cours de la
vie et de répandre la peur parmi les
colons. De plus, le fameux «Dôme
d’acier», le bouclier anti-missile
israélien, s’est montré impuissant à
assurer un minimum de protection pour
les colons. Ce qui est encore plus
inquiétant est que le mythe de l’armée
israélienne prétendument invincible a
subi davantage de dégâts à Gaza après
les dégâts qu’elle a subis en 2006 dans
les villes et les villages libanais.
Pourtant, il existe -et c’est aussi
le cas de la paix- une accalmie synonyme
de reddition qu’il n’est plus possible,
la donne actuelle le prouve, d’imposer à
Gaza. Et une accalmie susceptible d’être
utile pour la Résistance et pour le
peuple palestinien de Gaza dans la
mesure où elle répondrait aux conditions
que la Résistance sait comment imposer
et comment en garantir le respect. En
effet, la Résistance, et non pas tel ou
tel médiateur arabe ou turc, connaît la
situation à Gaza, et elle est la seule à
accepter ou à rejeter l’accalmie.
Quant à la Ligue arabe usurpée par
ceux qui prétendent être Arabes, elle
fait mieux de chercher d’autres
occupations que les causes majeures des
Arabes. Car ces causes -et la victoire
de Gaza qui est le fruit du courage des
Gazaouis et du soutien sans faille de la
part de l’Iran et de la Syrie en
témoignent- sont celles de l’axe de la
Résistance.