Opinion
Des ruses
stratégiques dont certains Arabes sont
les victimes
Akil Cheikh Hussein
Vendredi 11 janvier
2013
Que les
Etats-Unis aient renoncé à leur projet
visant à renverser le régime syrien en
s’accordant avec la Russie sur le
principe d’une solution pacifique du
conflit, cela est possible à la lumière
d’innombrables données.
En
premier lieu, figure l’avancée réalisée
par l’armée syrienne sur le terrain à
laquelle s’ajoutent d’autres données
comme l’état de faiblesse et
d’épuisement subi par le projet des
ennemis de la Syrie en raison de sa
résistance malgré la férocité de
l’offensive et des prémonitions qu’on
ressasse quotidiennement depuis plus de
20 mois au sujet de la fameuse chute
imminente du régime.
Il y a
aussi la hantise des frais exorbitants
qu’auront à payer les partis qui
participent à la guerre contre la Syrie
lorsque les combats s’achèvent par une
victoire éclatante de la Syrie, de son
peuple, de son armée et de son régime,
mais également au front de la résistance
et aux peuples arabes et non arabes qui
aspirent à être les maîtres de leurs
destins et à secouer le joug de
l’hégémonie.
Non moins
importante est la hantise des Etats-Unis
de s’embourber dans une guerre directe
ouverte à une défaite supplémentaire qui
pourrait être fatale après toutes les
défaites qu’ils ont encaissées dans la
région durant ces dernières années,
surtout que l’économie américaine est
arrivée au bord de l’abîme en dépit du
soutien volontiers et obligatoire fourni
en trillion de dollars par les
monarchies pétrolières du Golfe.
Cependant, le recul américain -s’il y en
a effectivement recul- ne signifie pas
que le problème est résolu : Dans toute
guerre s’alternent des attaques et des
retraites. De plus, la ruse et la
tromperie peuvent y jouer pleinement. Si
les ruses tactiques sont bien connues au
long et au large de l’histoire, les
puissances arrogantes et hégémoniques
sont aussi bien versées dans le domaine
des ruses stratégiques.
Il suffit
en effet de rappeler que l’histoire
arabe contemporaine toute jalonnée de
drames et de catastrophes dont la «Nakba»
de la Palestine est entièrement fondée,
depuis la «Grande Révolution Arabe» qui
a mis fin au califat ottoman, sur une
ruse stratégique. Celle-ci a nourri chez
les Arabes l’illusion de s’affranchir,
d’acquérir leur indépendance, d’avoir
leur Etat unifié et de progresser en
prenant parti pour les Alliés dans la
première guerre mondiale.
Il est
certain qu’une autre ruse stratégique
fut à l’origine de la ruée des
«moudjahidin» mobilisés et financés par
l’Arabie Saoudite vers l’Afghanistan où
ils ont joué un rôle déterminant non
seulement dans la défaite soviétique
dans ce pays, mais aussi dans
l’effondrement de l’Union Soviétique et
de l’ensemble du monde communiste pour
le compte des Etats-Unis et de leurs
alliés occidentaux.
Dans les
deux cas, les résultats furent
catastrophiques. Pour leur rôle dans
l’écrasement de l’empire ottoman, les
Arabes dirigés par un sous-officier
britannique du nom de Thomas Edward
Lawrence (Lawrence d’Arabe), ont été
généreusement récompensés.
D’abord
par la Déclaration de Balfour qui a
donné suite à l’usurpation de la
Palestine par les sionistes. Puis par
les accords de Saykes-Picot qui, à la
place du royaume arabe promis, ont
divisé le mashrek arabe (la péninsule
arabique, l’Iraq, la Syrie naturelle
comprenant, outre la Syrie actuelle, le
Liban, la Jordanie et la Palestine) en
plusieurs Etats antagonistes sous
mandats britanniques et français.
Quant au
Golfe, Il a été divisé en plusieurs
dizaines de protectorats dirigés par des
compagnies pétrolières sous le couvert
d’une «légalité» octroyée à des rois,
émirs et cheikh ayant droit à une partie
des rentes mais qui, à l’exemple du
célèbre «nuage» d’Haroun ar-Rachid,
finissent par prendre leur chemin vers
leur place finale dans les banques
occidentales.
Quant aux
«moudjahidin» en Afghanistan, leur
chance n’était pas plus heureuse que
celle des auteurs de la Grande
Révolution Arabe contre le califat
ottoman. Les Américains et leurs alliés
les ont récompensés en envahissant le
pays dans lequel ils ont fondé leur
émirat islamique et en le transformant,
avec son voisin le Pakistan, en un foyer
du chaos. Et c’est ainsi qu’il ne resta
aux moudjahidin que la seule option de
devenir des terroristes et des «Arabes
afghans» mis à l’index et poursuivis par
la malédiction là où ils se trouvent,
même par les «modérés» qui les libèrent
aujourd’hui des prisons et les envoient
en Syrie afin de la détruire, massacrer
son peuple et en faire un nouvel
Afghanistan.
Un
objectif difficile à atteindre car la
Syrie est plus forte et plus digne que
de se plier devant ces attroupements
d’égarés qui font cause commune avec
tout genre de rancuniers, de mercenaires
et de malfrats que manipulent des agents
des services secrets occidentaux et
israéliens, et qui les utilisent comme
carburants dans leurs guerres soft,
secrètes ou indirectes. Mais au moment
où commencent à briller à l’horizon tout
proche les rayons de la victoire de la
Syrie, voilà que Washington les classe
sur la liste des mouvements terroristes.
La guerre
soft, secrète ou indirecte adoptée
ouvertement par les Etats-Unis lors du
premier mandat de Barack Obama est, en
premier lieu, une «guerre de loin» avec
le minimum possible de frais et le
maximum possible de gains… tant que les
Etats-Unis et leurs alliés, y compris
l’entité sioniste, trouvent parmi les
Arabes et les Musulmans des égarés et
des rancuniers qui ne tirent pas les
leçons de l’histoire même récente, qui
trahissent leurs grandes causes et qui
se laissent utiliser comme carburant des
guerres qui ne profitent qu’aux ennemis
de la Nation.
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