Opinion
"Israël"... Entre
le marteau et l'enclume !
Akil
Cheikh Hussein
Mardi 29 novembre
2011
La
différence est grande entre le début de
cette décennie qui voit s'écrouler le
projet israélo-américain dans la région
arabe et islamique, et le début de la
précédente décennie qui s'annonçait
particulièrement prometteuse pour le
projet mentionné.
En
fait, avec l'effondrement du bloc
soviétique, rien ne paraissait pouvoir
empêcher l'instauration de l'empire
américain mondial.
D'autant plus que la plupart des régimes
arabes, dits "modérés", suivaient à la
lettre les politiques que leur traçait
Condoleezza Rice et concurrençaient à
reconnaître l'entité sioniste et à
établir avec elle tout genre de
coopération, directement ou
indirectement, tout en posant, à
l'instar des Occidentaux et des
Israéliens, l'Iran islamique, comme le
plus grand danger qui menace le monde
arabe et le monde entier.
Il est
vrai qu'un bruit de bottes se fait
entendre à travers les menaces de guerre
israéliennes et occidentales à
l'encontre de l'Iran, de la Syrie ou du
Liban, mais cela est plutôt risible
étant donné la situation lamentable du
camp de l'arrogance mondiale et
régionale sur tous les plans.
La
situation a sensiblement changé avec la
défaite de l'armée israélienne
prétendument invincible au Liban, puis à
Gaza, en 2006 et 2008, le débâcle
américain en Iraq, l'accroissement de la
force et de l'influence de l'Iran et du
camp de la résistance et de la réticence
arabe, mais surtout les révolutions
arabes et, en premier lieu, celle de
l'Egypte, ce plus grand pays arabe qui,
sous Sadate, puis sous Moubarak, a
complètement rompu avec la cause
palestinienne et arabe en signant les
accords de camp David.
Et elle
ne cesse de changer avec la
radicalisation plus ou moins sensible de
ces révolutions qui, en Tunisie, en
Egypte, en Jordanie et même en Lybie
(libérée par l'alliance atlantique)
prennent dans certains cas le cap d'une
islamisation, quoique en entente avec
les Américains, ne peut qu'au prix de se
discréditer continuer pour longtemps à
se dérober en évitant ce point chaux
qu'est la cause palestinienne et la
Palestine martyrisée depuis plus de 60
ans par les Sionistes soutenus par
l'Occident en connivence avec ceux qu'on
nomme aisément les Arabes d'Amérique.
Partout, les manifestations qui ont et
qui continuent de réclamer le départ de
tel président ou roi arabes, insistent
aussi à condamner les politiques des
Américains et de leurs alliés arabes et
à donner à la Palestine et à sa capitale
"al-Qods" une place de plus en plus
perceptible parmi leurs autres
revendications.
Des
altercations ont eu lieu suite à
l'accueil de Ben Ali en Arabie Saoudite
entre Tunis et Riad. D'autres ont eu
lieu entre l'Egypte et l'Arabie Saoudite
en ce qui concerne des aides allouées
par cette dernière à des Salafites qui
s'emploient à mettre des bâtons dans les
roux de la révolution encore au stade de
tâtonnement.
Au
Yémen, on entend les manifestants crier
fort les mêmes slogans qu'on entend au
Liban ou en Iran, pour condamner les
Etats-Unis, "Israël" et le Conseil de
coopération des pays du Golfe tenus
responsables de soutenir Ali Abdallah
Saleh.
Sans
parler du Bahreïn où les condamnations
sont adressées directement, par-delà le
régime au pouvoir, Aux Américains qui
ont donné aux Saoudiens le feu vert pour
envahir le pays militairement.
Les
révolutions arabes abandonnent donc peu
à peu les slogans entachés d'ambigüité
(Liberté, démocratie), pour se faire une
identité arabe et islamique
s'actualisant à travers la lutte contre
le projet israélo-américain et ses
pseudopodes arabes.
Ce
phénomène prend d'ampleur en Egypte. Les
attentats sont de plus en plus fréquent
qui visent le gazoduc qui achemine le
gaz depuis l'Egypte vers "Israël", et
l'ambassade de l'entité sioniste fut à
plusieurs reprises attaquée et occupée
par des manifestants égyptiens.
Ce qui
provoque le plus les inquiétudes des
Israéliens est ce qu'on appelle la
deuxième révolution égyptienne. Lors de
la première, le peuple voulait renverser
le Président (Hosni Moubarak), et il l'a
fait. Dans la deuxième, c'est le
Maréchal (Hussein Tantaoui) qu'il veut
renverser.
On sait
que ce dernier est un ancien ministre de
la défense sous Moubarak et qu'il ne se
lasse pas de rassurer les Israéliens sur
l'intention du Conseil Suprême des
Forces Armées Egyptiennes (CSFA) à ne
pas mettre en cause les traités de paix.
Que le
Maréchal soit ou non renversé ou non,
l'Egypte votera lundi pour élire son
premier parlement après le début de la
révolution. Les Frères musulmans
accéderont au pouvoir à côté d'autres
forces islamiques et laïques qui seront
toutes à l'épreuve : Leur crédibilité
est fonction de leur attachement à la
cause arabe et palestinienne.
S'ils y
renoncent, cela donnera lieu
inévitablement à les discréditer et à
donner naissances à d'autres forces et
mouvances plus radicales. Il suffit
d'écouter le Sheikh d'al-Azhar, Ahmad
al-Tayyeb, la grande Autorité religieuse
et en Egypte et dans le monde islamique,
évoquer la page israélienne qu'il faut
plier et la cause palestinienne qui
n'est pas seulement une cause
palestinienne ou nationale arabe, mais
plutôt une cause islamique de nature
doctrinale, avant d'assurer que les
Musulmans sont prêt à la libérer du joug
israélien.
En
Jordanie aussi, des dizaines de milliers
de manifestants ont célébré, près des
frontières séparant la Jordanie des
territoires occupées, le 64e
anniversaire de la partition de la
Palestine en 1947, tout en exprimant
leur volonté d'agir dans le sens de la
libération de la Palestine, de la Mer
jusqu'au Fleuve.
"Entre
le Caire et Téhéran", c'est-à-dire,
entre le marteau et l'enclume qu'Israël
prend place, selon le quotidien
israélien Yediot Aharonot, dans les
conditions de l'évolution de la
situation en Egypte.
Mais le
quotidien israélien semble oublier Damas
qui est sur le point de sortir plus
forte qu'auparavant, Beyrouth qui est
plus forte que jamais, Bagdad et Sanaa
qui ne tarderont pas à prendre leur
place dans le combat…
Il
semble surtout oublier les séismes qui
commencent à ébranler douloureusement
tous les pays du camp de l'arrogance
mondiale et régionale.
Les dernières mises à jour
|