Opinion
Après la guerre
directe, la guerre soft commence à
rendre l'âme !
Akil
Cheikh Hussein
Photo: L'Humanité
Mardi 27 décembre
2011
Pour justifier sa
guerre contre l'Iraq, l'administration
Bush a emprunté les sentiers du mensonge
en avançant la thèse des armes à
destruction massive. De son côté,
l'administration Obama a emprunté les
mêmes sentiers du mensonge non seulement
pour justifier la cuisante défaite des
Américains et de leurs alliés et
laquais, mais aussi pour faire croire
aux peuples d'Occident et du monde
entier que la mission du Pentagone en
Iraq ait été couronnée de succès.
"Nos soldats, s'est
permis de dire le président américain,
sont sortis d'Irak "la tête haute". Et
s'expliquant, il a fait allusion à la
démocratie que les envahisseurs avaient
promis d'en doter ce pays : "l'avenir de
l'Irak sera dans les mains de son
peuple". C'est à dire dans les mains de
ce qui en reste de ce peuple après 18
ans de guerre de massacre, et d'embargo
qui ont fait plus de deux millions de
morts, et de ce qui en restera après la
guerre soft que les Etats-Unis et son
camp du mal continuent de mener contre
ce peuple.
Les attentats qui
viennent d'ensanglanter la capitale
iraquienne sont une expression de cette
guerre soft : Ciblant "équitablement"
l'une et l'autre des deux confessions
majeures en Irak, ces attentats ne
peuvent qu'être l'œuvre des services de
renseignement américains et de leurs
agents de tout bord.
Même les craintes
de voir l'Iraq glisser vers une guerre
de confessions, craintes exprimées par
de Hauts responsables américains ainsi
que par des personnalités politiques et
des médias arabes enrôlés dans la guerre
soft, et qui concernent également la
Syrie et d'autres pays dans la région,
n'ont d'autre but que la promotion de la
logique des conflits confessionnels sur
lesquels compte le camp du mal américain
pour atteindre les objectifs qu'il n'a
pas pu réaliser par la guerre directe
pure et dure.
Les défaites
américaines et israéliennes en
Afghanistan, en Iraq, au Liban et à Gaza
s'ajoutent à la peur de déclencher une
guerre ouverte contre l'Iran ou une
intervention directe en Syrie pour
consolider l'option de la guerre soft
dans la mesure où les opérations
secrètes et l'attisement des conflits
internes semblent mener au but en
affaiblissant toutes les parties
antagonistes, y compris celles qui
prennent au sérieux le mythe d'une
alliance en bonne et due forme avec les
Etats-Unis et l'Alliance atlantique.
En témoigne la
néfaste expérience de la "Grande"
révolution arabe qui, pendant la
première guerre mondiale, a pourchassé
les Ottomans au nom de la fameuse
promesse donnée par l'Angleterre et la
France selon laquelle les deux super
puissances de l'époque reconnaitraient
l'instauration d'un Etat arabe unifié et
indépendant incluant la péninsule
arabique et la Grande Syrie.
Au lieu de cet
Etat, et conformément aux accords
secrets de Sykes-Picot, les Arabes ont
obtenu une vingtaine d'Etats
impuissants, dépendants et en querelle
permanent les uns avec les autres, ce
qui a facilité l'implantation de l'Etat
sioniste sur la terre palestinienne et
permis l'évincement de grands pays
porteurs des idéaux nationalistes arabes
comme l'Egypte, la Syrie et l'Iraq, pour
le compte de quelques anciens
protectorats du Golfe qui, à l'exemple
de Qatar et des Emirats, se proposent
maintenant, et par la force des
pétrodollars, d'écrire l'histoire de la
région en coopération totale avec les
Etats-Unis, l'entité sioniste et
l'Alliance atlantique.
Bien sûr, les
zizanies confessionnelles font partie
intégrantes d'une grande panoplie de
brouilles religieuses, ethniques,
communautaires, politiques, et sociales
qu'on cherche à exacerber pour provoquer
des conflits qui servent le projet de
démantèlement destiné à faire de la
Cisjordanie –transformée par
l'occupation israélienne en une infinité
d'îlots séparés les uns des autres par
des autoroutes, des barbelés et des murs
de séparation- le modèle de la carte
future de ce qu'on appelle le
Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
Le pétrole est
depuis longtemps revendiqué par
l'Occident comme étant une ressource
mondiale. Les monarchies pétrolières du
Golfe, fourmillant déjà de bases
militaires occidentales et d'armées
secrètes ne seront pas épargnées le
moment venu par la guerre soft. Tout
comme les trillions de dollars amassés
par maints chefs et dignitaires arabes
dans les banques occidentales et qui
sont réduits à des chiffres démunis de
sens parce qu'engloutis par la crise
monétaire qui frappe les Etats-Unis et
l'union européenne.
Mais ce moment ne
viendra pas. Non parce que les complexes
militaro-industriels qui dictent leurs
politiques aux politiciens occidentaux
auront perdu leur appétit. Mais parce
que la guerre soft qu'on mène contre les
forces de la résistance arabe et
islamique dans la région n'aura pas plus
de chances que la guerre directe pure et
dure. Ses échecs sont déjà flagrants
dans la guerre cybernétique et les
réseaux d'espionnage au Liban et en
Iran.
Ce qui se passe
actuellement notamment en Iraq, en Syrie
et en Egypte, les vieilles matrices du
nationalisme arabe et du véritable
islamisme, ne tarderont pas à voir se
constituer le bloc arabo islamique qui,
de l'Iran jusqu'aux côtes de la
Méditerranée, se chargera de redessiner
la carte unifiée de la région et de la
totalité de ce monde qui s'affaisse sous
le poids de ses crises sans issue.
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