Opinion
La crise... Lorsqu'elle annonce la
révolution mondiale !
Akil Cheikh
Hussein
Mardi 25 octobre
2011
"C'est
ainsi que les révolutions commencent",
l'a dit un observateur que pourraient
qualifier de pessimiste tous ceux qui
croient encore à la capacité créatrice
du système capitaliste et de son pouvoir
exceptionnel de traverser les crises et
d'en sortir beaucoup plus fort
qu'auparavant. N'avons-nous pas traversé
ainsi la crise des années trente et
abouti aux trente glorieuses ?
Cela
est vrai, mais à quel prix, peut-on
rétorquer. Une deuxième guerre mondiale,
et une guerre froide encore plus
destructrice suivie par une troisième
guerre mondiale, chaude cette fois,
déclarée par les néoconservateurs
américains et leurs alliés, pour nous
conduire dans la situation actuelle : La
crise financière de 2008 aux Etats-Unis
fait mouche pour devenir une crise
mondiale.
Pas
seulement financière et économique, mais
aussi sociale et politique, c'est-à-dire
ouverte à l'une ou à deux évolutions à
la fois : Une quatrième guerre mondiale,
réplique des deux première qui, comme
autrefois, aura l'Europe pour théâtre
central et, conjointement, des
révolutions populaires plus apparentées
à des émeutes débridées, absence
d'idéologies et de partis politiques à
même de rassembler les masses oblige.
Leurs
signes avant-coureurs se sont manifestés
il y quelques années dans les émeutes
des banlieues françaises et, plus
récemment dans les villes britanniques
et italiennes sans oublier la Grèce qui
est en effervescence depuis plus de deux
ans.
Des
morts sont tombés dans tous ces
événements sur le sol européen par la
main de policiers européens, et l'on ne
manque pas d'entendre des gens parler,
dès maintenant, et dans les conditions
de l'insoluble crise économique qui
frappe les Etats-Unis et, au-delà de la
zone –Euro, l'Europe entière, d'un
inéluctable recours aux armes.
De
toute façon, le recours aux armes est
chose traditionnelle aux Etats-Unis
depuis leurs naissances. Des milliers de
morts tombent chaque année dans des
batailles rangées entre groupes mafieux
et autre dans ce pays qui se montre
incapable de réglementer l'achat et le
port d'armes, y compris lourdes, ainsi
que les champs d'entraînement aux
activités guerrières.
Qu'un
adolescent fasse usage d'une
mitrailleuse et tue un grand nombre de
ses camarades dans une classe ou une
cour d'école, qu'un obsédé flingue les
passants dans la rue ou les acheteurs
dans un supermarché, qu'un je ne sais
pas quel genre de prophète amène des
milliers de ses adeptes à se bruler
vifs, ou une mère qui tue ses enfants et
les conserve bien découpés dans le
congélateur… tout cela est devenu
coutumier dans le monde civilisé qu'est
l'Amérique du Nord et l'Europe de
l'Ouest.
Et tout
cela peut logiquement s'accentuer et,
s'enrichissant du retour du refoulé,
dépasser les mesures dans les conditions
de la crise sans issue dans laquelle se
débat le monde de la postmodernité.
Les
Etats-Unis et la Chine pressent la
zone-Euro à se dépêcher et à
rééquilibrer leurs économies avant le
sommet des vingt qui se tiendra début
novembre, c'est-à-dire dans une semaine.
Au lieu de se dépêcher et craignant de
se trouver dimanche dans l'impasse, les
chefs de celle-ci décident d'attendre
jusqu'à mercredi dans l'espoir d'arriver
à un accord. Car, dit-on, le retard vaut
mieux que l'insuccès.
Si tout
se passe bien, le succès dépendra
mercredi de l'accord de vue des deux
locomotives de l'Union, l'Allemagne et
la France au sujet du Fond européen de
stabilité financière (FESF) constitué
pour aider les Etats à payer les
intérêts de leurs dettes souveraines.
Mais
rien ne se passera bien si après
l'accord, le G20 ne se montrera pas
disponible pour augmenter sa
consommation des services et des
produits européens, car c'est sur cet
objectif qu'on table pour redresser
l'économie européenne et mondiale. Et
jusqu'à quand ?
Surtout
que des tranches de plus en plus larges
des populations partout dans le monde,
et tout particulièrement aux Etats-Unis
et en Europe s'enfoncent tellement dans
la détresse qu'il ne leur reste rien à
perdre et descendre dans la rue devient
pour eux le seul moyen de répondre à la
crise..
Trop de
chômeurs, trop de licenciements, trop de
vacances obligatoires non payées, trop
de surendettés chassés de leurs maisons
et trop de sans domiciles fixes… On se
manifeste donc et on dresse des tentes
et on campe sur les places publiques
d'un nombre des plus en plus grand de
villes de par le monde.
Les
altercations et les accrochages
deviennent inévitables avec les forces
de l'ordre. Des arrestations massives,
des blessés et des morts ont déjà
commencé à tomber. Et voilà que la
situation glisse vers le pire et, dans
une moindre mesure vers le meilleur.
A
supposer que des révolutions éclatent et
qu'elles arrivent à renverser les
régimes en place. On peut mettre fin à
la corruption, à la cupidité des
banquiers et des multinationales. On
peut adopter des politiques justes et
saines sur tous les plans. Mais le doute
subsiste quant aux possibilités
effectives d'arriver à un monde meilleur
si l'on contente de mettre en question
la seule crise économique.
La
crise est bel et bien celle d'une
civilisation aventuriste, prométhéenne
et suicidaire. La véritable action
visant à changer le monde reste enfouie
dans l'impensable même de ceux qui
croient pouvoir mener l'humanité vers
son salut par le biais des procédés
classiques.
Faire
table rase de tout les "acquis" de la
civilisation industrielle. Ou trouver un
moyen de se protéger contre les malheurs
qui, peut-être, seront largués par la
boîte de Pandore.
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