Opinion
Le calvaire palestinien...
l'exemple de Khader Adnan
Akil
Cheikh Hussein
Mercredi 22 février
2012
L'idée est assez
répandue selon laquelle le calvaire en
Palestine de Jésus-Christ il y a plus de
deux mille ans se reproduit de nos jours
et prend la forme d'un calvaire de la
Palestine. Il suffit de se rappeler des
villages palestiniens comme Deir Yassine
dont les habitants arabes ont été
exterminés pour terroriser les habitants
des autres villes et villages et les
inciter à prendre le chemin de l'exode.
Ou de jeter un
coup d'œil sur la détresse des
Palestiniens dans les camps des
réfugiés.
Ou à Gaza qui
manque de tout, électricité, gaz, eau,
nourriture, et médicaments. Et qui- sous
le siège conjoint des Israéliens et de
l'Egypte postrévolutionnaires- ne se
procure quelques minces provisions que
grâce à des tunnels quotidiennement
bombardés par les Israéliens, où
découverts et détruits par les
Egyptiens.
Il suffit de
signaler quelques centaines de malades
menacés de mort dans les hôpitaux de
Gaza. Ils y manquent de médicaments et
surtout, depuis une semaine, tout Gaza
vit dans le froid et le noir. Pas de
courant électrique, car
l'approvisionnement égyptien en
hydrocarbure est interrompu.
Et tout cela sans
compter les guerres et les bombardements
israéliens quotidiens qui ont fait des
milliers de victimes et de blessés rien
que depuis la guerre de 2008.
Le même calvaire
palestinien se vit en Cisjordanie. Des
villes comme Jenin, Naplouse et Hébron
ont déjà connues, avant et après les
traités d'Oslo, un sort semblable à
celui de Gaza. Le reste de la
Cisjordanie voit quotidiennement ses
habitants étouffés par le mur de
séparation, ses maisons et ses vergers
ratissés par les bulldozers israéliens.
La colonisation dévore goulument les
terres palestiniennes.
Des mesures
israéliennes de tout genre vident al-Qods
(Jérusalem) de ses habitants arabes, et
les fouilles souterraines sont sur le
point de faire s'écrouler la Mosquée al-Aqssa
malgré toute sa valeur symbolique pour
les Musulmans du monde.
Dix mille
palestiniens de tous les âges
croupissent dans les prisons
israéliennes depuis des dizaines
d'années pour certains d'entre eux.
Non seulement
quelques millions de Palestiniens
attendent dans les pays de la diaspora
leur droit au retour reconnu par les
Nations Unies. Plus d'un million de
Palestiniens portant la nationalité
israélienne (Les Arabes de 48) sont
menacée de transfert.
A quoi rime tout
cela si ce n'est pas au calvaire de tout
un peuple !?
Le calvaire du
peuple palestinien est éloquemment
lisible dans le cas d'un prisonnier
palestinien. Sheikh Khader Adnan qui est
un Palestinien né à Jenin en 1978 et à
plusieurs fois arrêté et emprisonné par
les autorités de l'occupation sioniste.
L'une de ces
arrestations a eu lieu après sa
participation, en l'an 2000, à une
campagne de protestation contre
l'ex-Premier ministre français, Lionel
Jospin qui, lors de sa visite en
"Israël", avait traité le Hezbollah
libanais d'organisation terroriste.
Sa dernière
arrestation remonte au 17 décembre
dernier. Il est depuis en "détention
administrative" : Les autorités
israéliennes peuvent le garder
indéfiniment sous les verrous en
l'absence de procédures judiciaires.
Son "délit" est de
ne pas cesser de stigmatiser
l'occupation et les agissements barbares
des Sionistes.
Comme à chaque
arrestation, sheikh Adnan a dès son
arrivée en prison entamé une grève
ouverte de la faim. Il est maintenant à
son soixante-quatrième jour de grève et
son état de santé est jugé très grave.
Menotté et
enchaîné, il n'est menacé, selon les
termes du juge d'instruction israélien,
que d'un traitement analogue à celui qui
a été infligé, ni plus ni moins, à …
Jésus Christ.
C'est donc un
véritable calvaire que subit sheikh
Adnan en bon et authentique représentant
du peuple palestinien.
Le chant matinal
des coqs s'entend partout en Palestine
et dans l'entourage arabe et Musulman
ainsi que dans les contrées lointaines
où on scande tout le temps les litanies
des droits de l'homme, de l'intervention
humanitaire et de l'aide à porter aux
personnes en détresse.
Seul Mahmoud
Abbas, le président de l'Autorité
palestinienne a exhorté la Russie, la
Chine, le Royaume-Uni et l'Union
européenne, à intervenir immédiatement
pour sauver la vie du sheikh Adnan.
Les autres, et en
premier lieu Qatar, l'Arabie Saoudite et
la Ligue arabe, n'ont en dépit de leur
prestige dernièrement acquis dans les
plus grandes instances internationales
du fait de leurs positions
avant-gardistes dans la guerre contre la
Syrie, n'ont pas fait signe de vie.
Et comme le
calvaire ne s'accomplit sans le recours
des scribes et des pharisiens, sheikh
Adnan tient à déranger : En réponse aux
appels qui lui sont lancés par sa
famille afin qu'il rompe sa grève de la
faim, il enfonce davantage le clou en se
disant prêt à le faire seulement sur une
fatwa en bonne et due forme prononcée
par les plus grandes Autorités
musulmanes, y compris sheikh Youssef al-Qaradaoui.
C'est vraiment
embarrassant. Les fatwa ne sont
malheureusement prononcées que pour
prohiber de se soulever contre les
gouverneurs même tyranniques, pour
interdire les manifestations de
protestation en Arabie saoudite, pour
inciter les électeurs au Yémen à voter
le candidat unique…
Il y a dans le
monde arabe des hommes qui déclenchent
des révolutions en se brûlant. La grève
de la faim est peut être plus "légale"
et pourrait être plus efficace. Des
grèves de la faim ont été entamées par
des centaines de palestiniens en
solidarité avec sheikh Khader Adnan.
Signe précurseur selon certains
observateurs d'une troisième Intifada.
Partout dans le
monde arabe qui reste insensible au
calvaire palestinien, des gestes
similaires s'imposent surtout que la
grande masse de "citoyens" n'auront à
perdre que leur faim et soif…
A un moment où les
richesses pétrolières et autres du monde
arabe ne servent qu'à aider les ennemis
des Arabes, y compris les Israéliens, et
à fomenter des troubles dans le monde
arabe.
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