Opinion
La crise
économique en Occident... Tout droit
vers le chaos !
Akil
Cheikh Hussein
Mercredi 16 novembre
2011
"La Grèce plonge
dans le chaos… Les quartiers sont
sombres, une grande partie du
centre-ville (Athènes) est devenu
relativement dangereuse".
Ce précieux
témoignage est tiré d'une interview
accordée au site Alterinfo.fr par
Stathis Kouvelakis, brillant professeur
de philosophie. L'interview nous apprend
également que la Grèce plonge dans l'"ingouvernabilité"
totale.
Des prémisses de
cette "ingouvernabilité" ont surgi en
Europe, dans le contexte de la crise
économique, lors des violences qui ont
envahi, il y a trois mois, Londres et
plusieurs autres villes au Royaume-Uni.
Elles sont
également perceptibles dans les
manifestations et les mouvements qui,
sur les traces d'occupy Wall Street,
s'étendent dans beaucoup d'autres villes
en Europe et en Amérique du Nord. Et
tout naturellement par les démissions
entamées par Papandréou et Berlusconi et
qui s'accéléreront ailleurs qu'en Grèce et
qu'en Italie. L'Italie qui est la
troisième ou la quatrième puissance
économique dans l'Union européenne.
Que ce soit à
Athènes, Londres, Rome ou New York, les
interventions policières font des morts
parmi les manifestants, ainsi que de
grand nombre de blessés et des
arrestations massives : Une répression
qui ne passera pas sans empoisonner
davantage une situation déjà empoisonnée
par la crise économique et l'indignation
qui se développe de plus en plus parmi
les populations.
Ce qui se passe
maintenant en Grèce s'ouvre, faute de
solutions qu'un nouveau gouvernement ou
un nouvel échelonnement de la dette
publique ne pourront point apporter, à
davantage d'"ingouverabilité", de chaos
et de ville dangereuses.
Et ce qui se passe
et se passera en Grèce se généralisera
et gagnera à très court terme beaucoup
d'autres pays européens et occidentaux,
sans exclure le Tiers-monde et ses pays
dits émergents. Le monde n'est-il pas
déjà très largement mondialisé ?
L'endettement
public substantiellement supérieur au
produit national est commun à la grande
majorité des pays du monde. A
l'exception de quelque cas très rares
(parmi lesquels on compte l'Iran et la
Syrie, ce qui explique partiellement
leur diabolisation par l'axe du mal
américain).
S'inspirant des
dogmes du néolibéralisme, les solutions
passent obligatoirement par le cycle
infernal : Réduction des budgets,
réduction des prérogatives de
l'Etat-providence, réduction des
dépenses publiques, réduction des
investissements, réduction des services
et, par conséquent, réduction du nombre
d'employés sur le marché du travail, ce
qui gonfle les taux de chômage et de
pauvreté et, par conséquent, donne au
spectre du chaos qui commence à
envelopper l'Occident toutes les
opportunités de régner sans autre
concurrent.
Il n'est pas utile
de spéculer sur les formes et les
modalités que pourrait prendre le chaos.
Il suffit, à part et parallèlement aux
éventuels conflits nationaux, ethniques,
régionaux, linguistiques et autres, de
signaler le phénomène classique devenu
caractéristique de tous les mouvements
de masse depuis la mort des classes
révolutionnaires : Le pillage qui vise
les centres commerciaux à un moment où
l'on assiste, dans la société devenue
exclusivement une société de
consommation, à la naissance d'une
écrasante classe de consommateurs qui
jouissent de tous les droits et de
toutes les libertés sauf ceux de pouvoir
consommer.
Un nombre
grandissant de mégapoles entièrement
construit sur l'asphalte et le béton
dans un monde qui souffre de pénurie
alimentaire constitue une formidable
condition du chaos. Faire de
l'agriculture sur les toits des
immeubles, comme le proposent certains
experts doués d'une créativité qui ne
dépasse point les limites de la réalité
directe et dominante, n'est qu'une
solution fantaisiste et défaitiste du
genre qu'on trouve chez tous les
surdoués qui s'acharnent à vouloir
reformer le système par les moyen du
système.
Les mouvements de
protestation pourraient imposer des
changements qui limiteraient l'emprise
des banques et des multinationales, qui
mettraient fin à la corruption et aux
paradis fiscaux, qui introduiraient un
maximum de justice sociale… Mais tout
cela ne pourra remédier au mal originel
qui nourrit la crise.
Au-delà de la crise
financière et de toutes les autres
crises politiques ou autres, l'humanité
toute entière, et non seulement les
affamés en Afrique et ailleurs, est
menacée maintenant par toute une suite
de pénuries au niveau de ses besoins
élémentaires nécessaires à l'échelle le
plus bas de son existence biologique.
Il est effrayant
d'apprendre que le monde grouille
d'innombrables associations et centres
spécialisés dans la "culture de cheveux"
alors que, paradoxalement, la majorité
écrasante des humains, devenus citadins,
c'est-à-dire chômeurs pour ce qui est du
véritable travail productif des produits
élémentaires, a depuis longtemps rompu
avec l'agriculture, pour se trouver dans
une situation où elle ne trouve rien à
mettre sous ses dents plus blanches que
la blancheur.
Toutes les
solutions, y compris les plus soucieuses
des intérêts du genre humain, restent
naïves dans la mesure où elles ne
touchent pas les racines profondes de la
crise : L'obsession humaine de vouloir
dominer la nature à la cartésienne. Ou
plus profondément à partir de ces
considérations pour lesquelles Dieu
aurait donné à l'homme la liberté
absolue de tout "domestiquer", et par
les moyens les plus fascistes.
Ce qui manque est
donc une critique radicale de la
civilisation construite par la puissance
de l'industrie, du moteur sensé être un
serviteur de l'homme alors qu'il en
devient le Maître incontournable, et de
l'énergie qui ne pourrait qu'être
destructrice, rien que parce qu'elle
produit de la chaleur, même si elle
provient de sources soi-disant propres…
Une critique qui
doit déboucher sur une autre conception
du Monde et de l'homme et sur une
pratique véritablement humaine dans le
sens où le divin qui est dans l'homme a
tous les droits de s'éclater… Mais en
empruntant le Droit chemin.
On s'étonnera
d'apprendre que l'itinéraire est tracé
et retracé depuis des siècles et des
siècles sans que les humains, occupés
par la recherche en vain du bien, du
beau et du vrai par les moyens de la
raison discursive ou instrumentale n'e
s'en rendent compte.
Une note pour amorcer
le débat : Celui qui achète son pain
perd tout son bien. C'est une certaine
interprétation de l'Islam qui le dit.
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