Opinion
Renverser le
régime syrien et nier l'existence du
peuple palestinien !
Akil
Cheikh Hussein
Newt Gingrich
Mercredi 14 décembre
2011
La
Palestine, en tant que terre arabe
occupée et colonisée par les
"Israéliens" soutenus par les
gouvernements occidentaux, s'éloigne
d'une manière tragique de la mémoire et
de la conscience arabes officielles.
Quand elle n'est pas remplacée par un
Etat palestinien dont la création
s'avère impossible en raison de
l'opiniâtreté israélienne, la partialité
occidentale et surtout l'indifférence ou
la complicité arabe, elle cède la place
à l'attention focalisée sur ce qu'on
appelle le printemps arabe dans lequel
elle ne se reflète qu'à travers
certaines actions marginales ou slogans
lancés par des manifestants en Egypte ou
au Yémen.
Heureusement que, de temps en temps, des
prises de position occidentaux comme les
vetos américains ou les déclarations
affirmant l'engagement irréversible à
assurer la sécurité de l'entité
sioniste, rafraichissent la mémoire
d'une partie des Arabes et des
Palestiniens. Sans pour autant avoir des
conséquences significatives.
L'une de ces prises de position a
dernièrement été signée par une
personnalité politique américaine qui
possède le plus de chances d'accéder
dans un an à la présidence des
Etats-Unis.
Il s'agit de Newt Gingrich, un faucon
républicain et ancien président de la
chambre des représentants qui, dans un
entretien diffusé par une télévision
juive américaine, a incarné tous ses
prédécesseurs en déclarant que les
Palestiniens sont un peuple "inventé",
c'est-à-dire inexistant en tant que tel
ou d'existence dépourvue d'originalité.
"Il n'y avait pas de peuple palestinien
avant 1948… Ils avaient la possibilité
d'aller n'importe où", s'est-il permis
d'enfoncer le clou… dans le corps arabe
qui, à travers ses institutions
officielles (Etats, Ligue et Conseil de
Coopération) n'a rien réagi à ces
déclarations.
Car le fait de réagir ne peut que passer
par l'incrimination de toutes les
politiques américaines et occidentales
vis-à-vis de la cause palestinienne et
les autres causes arabes dans la mesure
où les propos de Gingrich ne font que
refléter la doctrine traditionnelle
sioniste et occidentale pour laquelle la
Palestine serait une terre sans peuple…
Et incriminer ces politiques entraine
l'irritation de Barak Obama, Hillary
Clinton, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et
tous les autres responsables occidentaux
derrière ou devant lesquels les régimes
de la soumission arabe mènent leur
combat contre la cause palestinienne et
le camp de la résistance et de la
réticence arabes et islamiques.
Ce même Gingrich qui, au nom de tous les
responsables occidentaux et israéliens
affiche de la sorte tout son mépris pour
la cause palestinienne que les Arabes
qualifiaient souvent de "sacrée" s'est
sans doute attiré le respect,
l'admiration et la reconnaissance de
certains Arabes qui, tout autant que les
"Israéliens" et les gouvernements
occidentaux, classent le renversement du
régime syrien parmi leurs priorités les
plus impérieuses.
Deux ou trois jours avant ses édifiantes
déclarations au sujet du peuple
palestinien, Gingrich a pris la parole
dans une réunion de l'Alliance
judéo-américaine pour appeler, lui le
républicain américain, à l'instar de
tous les responsables occidentaux de
gauche et de droite, au renversement des
deux régimes iranien et syrien.
Mais contrairement à ces responsables,
Gingrich n'a pas usé de l'hypocrisie et
du cynisme : aucun mot sur le soi-disant
souci occidental de voir les deux
peuples, syrien et iranien, jouir des
bienfaits de la liberté, de la
démocratie et des droits : Les intérêts
des Etats-Unis sont tout ce qui compte
pour lui.
Et les intérêts de l'entité sioniste
également : Il a confié que sa vision du
monde était «assez proche» de celle du
premier ministre israélien Benjamin
Netanyahu, ce même Netanyahu qui a été
il y a quelques semaines longuement
applaudi par les députés et sénateurs
américains, Républicains et Démocrates
confondus.
Et sans le confier, et encouragé par la
complicité des régimes de la
soumissions, ses propos reflètent
éloquemment la haine qu'il nourrit, tout
comme les autres responsables
occidentaux, non seulement pour le
peuple palestinien, mais pour tous les
autres peuples arabes et musulmans.
On sait depuis des lurettes que le
sentiment national, celui de
l'appartenance à l'arabité, n'a plus de
sens pour la plupart des dirigeants
arabes : Ils ont participé activement à
l'occupation de l'Iraq et, poussés par
la fameuse générosité arabe, ils ont
largement financé les guerres
américaines et atlantiques contre l'Iraq
et la Libye.
Les déclarations de Gingrich, qui
ressemblent à celles des autres
responsables occidentaux comme un loup
ressemble à un loup, ne changeront
nullement l'attitude des régimes de la
soumission arabes envers la Syrie. Non
plus celle des opposants syriens qui
apparaissent devant les caméras à côté
de Alain Juppé, de Barak Obama ou de
Hillary, et qui soufflent leur haine
pour la Syrie.
Ou de ces prétendants islamistes au
pouvoir qui, comptant sur le soutien
américain, promettent d'adopter envers
l'Occident et l'entité sioniste des
politiques raisonnées et sages. Et qui
trouvent beaucoup de mal quand les
journalistes les harcèlent de questions
sur leurs visions en ce qui concerne la
solution de la question palestinienne,
alors qu'ils se jettent sur la première
occasion pour plonger leurs mains dans
la blessure saignante en Syrie.
Mais, de toute évidence, et le climat
révolutionnaire actuel oblige, elles
contribueront à ouvrir davantage les
yeux de ces peuples arabes qui finiront,
ne serait-ce qu'en tâtonnant, par
retrouver le véritable bon chemin qui
leur a été tracé il y a quinze siècles.
Les dernières mises à jour
|