Opinion
La question
palestinienne, telle qu'elle est perçue
par les oppositions syriennes
Akil
Cheikh Hussein
Mardi 6 décembre
2011
Que celui qui n'a
jamais péché lui jette la première
pierre ! La dictature, la corruption, la
violence exercée contre des manifestants
pacifiques sont les principales
accusations qu'on adresse à la Syrie et
qu'on cherche à utiliser comme prétextes
pour la lapider.
Ce n'est pas ici
qu'il convient d'expliquer comment les
pays membres de l'axe du mal américain
-parmi lesquels figurent les acteurs
arabes particulièrement actifs dans la
campagne contre la Syrie- sont les
champions sans concurrents des plus
grandes atteintes portées aux valeurs de
la liberté et des droits humains.
Il a été dit et
redit que la Syrie est visée non pour
les méfaits dont on l'accuse
injustement, mais pour des raisons en
liaison avec sa position centrale dans
le combat menée par le camp de la
résistance arabe et islamique face à
l'hégémonie israélo-américaine.
La Syrie est visée,
et cela a été expressément dit par plus
d'un responsable occidental, parce
qu'elle a stoppé le processus de
soumission qui a gagné la plupart des
régimes arabes, parce qu'elle tient à
soutenir le Hamas, le Hezbollah et la
résistance iraquienne et parce qu'elle
refuse de rompre son alliance avec
l'Iran. Bref parce qu'elle tient à son
indépendance et à son projet
nationaliste.
La campagne contre la
Syrie ne date pas d'aujourd'hui. Elle a
exactement commencé pendant la guerre
civile au Liban, lorsque le président
Hafez al-Assad a mis en échec les
tentatives de ceux qui, détournant la
révolution palestinienne, cherchaient à
liquider la cause palestinienne en
créant un Etat palestinien au Liban.
C'est à cette
époque que certains Arabes et opposants
syriens parmi ceux qui jouent
sordidement l'attachement à la cause
palestinienne et nationaliste arabe,
commencèrent à reprocher au régime
syrien ce qu'ils appellent son abandon
du Golan occupé par les Israéliens
depuis 1967. Ils sont même allés jusqu'à
prétendre que, dans le souci de ne pas
voir les Frères musulmans ou autres
islamistes accéder au pouvoir en Syrie,
les Etats-Unis et l'entité sioniste
s'opposent à l'idée de renverser le
régime syrien.
Est-ce dire, alors
que les oppositions syriennes continuent
d'adresser ces accusations au régime
syrien, que ces oppositions qui se
proposent de faire de la Syrie un oasis
de liberté, de démocratie et de
prospérité, adopteront, au cas où ils
arriveraient (et ils n'arriveront
jamais) à renverser le régime syrien,
une politique, pour ne pas dire
anti-israélienne, qui irait dans le sens
de la libération du Golan ? Ou, au plus,
dans le sens de l'action visant à
libérer la totalité des territoires
arabes occupés en 1967 ?
Un "non"
catégorique à ces questions a été donné
dernièrement par Burhan Ghalioun, le
président de ce qu'on appelle le Conseil
national syrien, dans une interview
qu'il a accordée à Wall Street Journal.
Burhan Ghalioun, il
faut le rappeler, il y a quelques mois a
été offusqué par ce qu'il a nommé les
tentatives de "Bernard Henry-Lévy de
récupérer le mouvement populaire en
Syrie…", ce qui ne change en rien la
réalité : Le grand dynamisme de BH-L
dans les activités des oppositions
syriennes.
Quoi qu'il en soit,
on dirait que c'est ce Bernard, qui se
vante d'avoir entrainé la France dans la
guerre libyenne et de vouloir
l'entrainer dans d'autres guerres du
même genre, qui parlait de la bouche de
Burhan lors de son entretien avec Wall
Street Journal.
Il s'est engagé à
faire tout ce que le régime syrien
refuse de faire sous la pression du camp
du mal que forment les Etats-Unis,
l'Union européenne, la Turquie et les
Etats du Golfe : Rompre l'alliance avec
l'Iran. Arrêter le soutien au Hezbollah
et Hamas. Avec une promesse
particulièrement édifiante : Le
Hezbollah ne sera plus comme il l'a été
???
Une promesse qui lui
est sans doute inspirée par la même
source qui prévoyait, quelques jours
avant la guerre israélienne contre le
Liban en 2006, un grand événement qui
surgira et qui changera radicalement la
démographie du Liban. Une grande
communauté libanaise était vouée à la
déportation vers le désert… pour la
remplacer par une autre communauté plus
gagnée à la cause de la paix avec les
Israéliens.
Pour ce qui est du
Golan, Ghalioun est clair. Il veut le
libérer sans aucun recours aux armes.
Par la seule voie des négociations.
En d'autres termes,
il compte suivre l'exemple de Sadat qui,
par les négociations, a récupéré le
Sinaï, mais a laissé les Israéliens
planter leur drapeau au cœur de
l'Egypte. Ou l'exemple de l'autorité
palestinienne qui, depuis les traités
d'Oslo, et dans l'attente de la création
d'un Etat palestinien, ne fait que
multiplier les concessions devant
l'occupation israélienne.
Peut-on s'attendre à
quelque chose de différent de la part
d'une opposition syrienne sponsorisée
par le camp du mal qui, de Washington à
Doha, en passant par l'union européenne,
pivote autour de Tel-Aviv ?
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