Opinion
Le réveil
palestinien et la guerre universelle
contre la Syrie
Akil
Cheikh Hussein
Mardi 3 avril
2012
Il existe, on ne sait pas par le biais de
quels facteurs visibles ou invisibles,
un lien évident entre, d'un côté, la
victoire de plus en plus palpable
réalisée par la Syrie dans la guerre
universelle qu'elle confronte depuis
plus d'un an, et de l'autre, ce qui
paraît être un nouveau réveil au niveau
de la cause palestinienne.
N'est-il pas établi que le principal
motif de la conjuration contre la Syrie
est le fait de l'éliminer non par
aversion pour la dictature et la
corruption ou par attachement à la
démocratie et les droits de l'homme,
mais précisément parce qu'en résistant,
en s'alliant avec l'Iran et en soutenant
les mouvements de résistance face à
l'agression et à l'occupation
israéliennes, elle a bloqué le plan
arabe de soumission qui avait fait un
grand succès non seulement sur la scène
arabe, mais surtout sur la scène
palestinienne ?
La bataille des "ventres vides", la fermeté
de Gaza face à la dernière agression
israélienne en dépit de la cruauté du
siège, de la neutralité du Hamas et la
léthargie de l'Egypte, la Palestine
évoquée par le ministre russe des
affaires étrangères lors de ses
rencontres avec les ministres arabes des
affaires étrangères en pleine campagne
contre la Syrie et la place donnée à la
question Palestinienne dans le sommet
arabe de Bagdad, sont autant de faits
qui témoignent de ce nouveau réveil qui
a été couronné, le 31 mars, la Journée
de la Terre, par la Marche Mondiale pour
la Palestine.
Caractérisé par la faible influence de
l'Arabie saoudite et du Qatar, le sommet
de Bagdad a réhabilité la notion du
"conflit arabo-israélien" qui avait été
assigné à l'oubli, laissant ainsi la
place à un conflit "israélo-palestinien"
qui a rapidement été traduit sur le
terrain par un conflit dans lequel Gaza
faisait cavalier seul, parallèlement à
un renforcement du conflit entre Gaza et
l'Autorité palestinienne d'Ariha.
Le communiqué final du sommet a fixé comme
objectif d'aboutir à une position et une
vision commune à même de soutenir, par
tous les moyens, le peuple palestinien
dans sa lutte pour mettre fin à
l'occupation de ses terres et créer son
Etat avec al-Qods pour capitale.
Le soutien en question n'exclut plus les
moyens qui ont été évincés par la
formule des "négociations, négations,
négations" lancée par Mahmoud Abbas
comme seul et unique moyen d'échanger
avec les Israéliens.
Même en se lavant les mains de la cause
palestinienne considérant qu'elle ne
relève plus des compétences de la Ligue
arabe ou des Nations Unies, le
secrétaire générale de la Ligue, Nabil
el-Arabi incrimine les Etats-Unis qui
font de la sécurité d' "Israël" la
priorité de leurs priorités, ce qui
reflète une audace qui, depuis
longtemps, fait défaut dans le discours
officiel arabe.
Un important acquis pour la cause
palestinienne est réalisé par les
réactions choquantes des responsables
israéliens à l'annonce, par le Conseil
des droits de l'homme de l'ONU, d'une
enquête indépendante sur les
conséquences de la colonisation dans les
territoires occupés, y compris la partie
Est de la sainte ville occupée dalQods.
Ces
réactions qui ont pris la forme de
déclarations d'une extrême agressivité
ainsi que de la rupture de tout contact
avec le Conseil et d'un appel adressé
aux Etats "libres" de faire de même
témoignent une fois de plus de
l'arrogance des sionistes et du mépris
qu'ils réservent même à des initiatives
aussi chétives que celle du Conseil qui,
au lieu de condamner la colonisation et
l'usurpation de la Palestine, ne font
que promettre d'interminables études
sans suite dans la mesure où la
colonisation se poursuit massivement sur
le terrain.
Le
principal danger qui menace l'actuel
réveil palestinien consiste dans le
complot qui transparaît dans la
propagande trop et inadéquatement
pacifiste que font passer les mass média
arabes connus comme étant des outils au
service de l'hégémonie
israélo-américaine.
Pour
ces mass média, la marche mondiale pour
la Palestine était l'occasion non
d'attirer l'attention sur les crimes des
sionistes et de leurs alliés occidentaux
et arabes, mais de présenter, sans
prendre en compte les conditions
spécifiques de chaque processus de
changement, le Mahatma Gandhi, Nelson
Mandela et la birmane Aung San Suu Kyi
comme seuls modèles à suivre par les
peuples épris de liberté et
d'indépendance.
Avec
tout le respect qu'on doit aux diverses
expériences des peuples, il est louche
de dorer certains blasons et d'oublier
les grandes figures révolutionnaires
arabes et islamiques dont les noms sont
liés, parmi beaucoup d'autres, à la
révolution palestinienne (le jour où la
lutte armée était la seule voie de la
libération des peuples), à la révolution
islamique en Iran et à la défaite, au
Liban, de l'agresseur israélien en 2006.
Des
Arabes qui prônent les moyens pacifiques
quand il s'agit de l'ennemi israélien
qui maltraite les Palestiniens et
d'autres peuples arabes depuis plus de
60 ans, mais qui appellent à
l'intervention militaire du Nato ou
exigent l'armement de l'opposition quand
il s'agit de la Syrie !
Le
caractère scandaleusement criant de
cette attitude explique une bonne partie
de la victoire réalisée par la Syrie et
commence à avoir ses effet au niveau de
la prise de conscience nécessaire pour
diriger toutes les armes vers l'ennemi
israélien.
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